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Heretoir – Nightsphere (2023)

  • par

Genre : post black metal
Label : Northern Silence Productions
Sortie : 6 octobre 2023

Note : 80/100 (Seblack)

Pour autant que je me souvienne, j’ai toujours aimé la musique et l’univers d’Heretoir, formation allemande naviguant dans les eaux mélancoliques d’un post black teinté d’influences shoegaze. Non, non ce ne sont pas des gros mots et cela ne signifie pas pour autant qu’on va avoir droit à un copier-coller d’Alcest.
Pour Heretoir la musique est une affaire d’émotions, de sentiments et d’expressions par rapport à un monde que le mythe du progrès conduit à sa perte.. Il y a sonc de la colère, du dégoût, de la tristesse, de la mélancolie, de la rage, de la haine parfois. Autant d’éléments que beaucoup d’artistes cherchent à exprimer quelque soit le support (littérature, peinture, musique…). Certains n’y parviennent jamais ne dépassant jamais le stade informe d’un rendu sans âme. D’autres, plus rares, y parviennent totalement, souvent au prix d’un travail acharné sur soi et sachant se taire quand il n’ont rien à dire ou ne sont pas certains de pouvoir l’exprimer comme ils le souhaiteraient.
Heretoir est de ces groupes. Avec trois albums “seulement”, l’un en 2011, un autre en 2017 et donc un troisième cette année, la formation n’est pas du genre bavarde et à enfiler les sorties comme des perles.
Par contre quand il le fait, chaque album est une perle. “Nighsphere” ne fait une nouvelle fois pas exception.
Commençons par l’artwork, car ceux-ci ont toujours eu leur importance pour la formation allemande qui nous a régalé les yeux et l’imagination avec des oeuvres de
Metastazis (pour l’album éponyme), de Fursy Teyssier (pour l’album “The Circle”) ou de Antti Keränen pour l’EP paru en 2023. Cette fois le choix d’Heretoir s’est porté sur une peinture avec la “Danse des fées”, tableau de Karl Wilhelm Diefenbach. Un choix d’œuvres et d’artiste qui sont tout sauf anodins. Le thème d’où d’abord renvoie à la nature et sa magie, trait extrêmement fort de l’univers d’Heretoir. L’auteur était quant à lui un peintre symboliste allemand dont l’œuvre a contribué à donner à la nature un côté magique et irréel. Il a d’ailleurs longtemps vécu en communauté à l’écart de la société, prônant un mode de vie fondé sur le respect de la nature.

Mais venons en à la musique tout de même. Cela commence tout en douceur mais assez progressivement vient aussi la douleur avec un chant écorché vif qui contraste avec des parties musicales plutôt douces et mélodiques. Alors bien sur “Santum – Nightsphere Part I”, qui ouvre l’album, n’est pas un tube mais il donne le ton d’un album aux ambiances intimistes et doloristes.
L’essentiel réside dans le contraste entre accalmies (parfois un peu longues) et envolées émotionnelles transmises par les voix, des mélodies éthérées ou des rythmiques parfois plus appuyées. Plaçant ses pas, dans ceux qui étaient déjà les siens, Heretoir offre ici un album tout en émotions et en feeling.
Bien sûr, on est loin de la fureur d’un black scandinave où même du côté massif de certaines formations de post black, on est davantage sur un univers post romantique ou l’art se place au service d’une nature menacée par le progrès.
Une nouvelle fois on retrouve chez Heretoir, ce côté “Sturm und Drang” assez répandu dans d’autres formations allemandes ou autrichiennes : pensons à Bonjour Tristesse qui a sorti un album sur des thématiques assez proches en 2023 et dont le chanteur est aussi membre d’Heretoir. On pourrait songer également à Karg, Ellende voire Der Weg Einer Freiheit (dont le chanteur, Nikita Kamprad, est invité sur “Glacierheart – Nightsphere Part II”). Tous ont en commun de mettre en exergue l’émotion, la passion comme seules armes face aux périls d’une modernité dévorante.
Il en découle une musique ciselée mais malgré tout spontanée et accessible. Nightsphere est toutefois un album qui se mérite. Il faut prendre son temps et lui donner son temps pour pleinement s’immerger dedans. C’est bien cela qui en fait un très bel album. Si vous appréciez des formations telles que Bonjour Tristesse ou Les Discrets, “Nightsphere” est une œuvre qu’il vous faut impérativement écouter et vous procurer.

Tracklist :

  1. Sanctum – Nightsphere Part I
  2. Twilight of the Machines
  3. Pneuma
  4. Glacierheart – Nightsphere Part II
  5. The Death of Man

Line-up : Eklatanz – Chants, guitares / Nathanael – Chant (backing) / Max F. – Guitares / Nils Groth – Batterie / Kevin Storm – Guitares

Guests : Tim Yatras – Chant (additionnel) sur Twilight of the Machine / Nikita Kamprad – Chant (additionnel)

Liens :
https://heretoir.bandcamp.com/album/nightsphere
https://store.northern-silence.de/

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