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Ecr.Linf  /  Belluaires  (2024)

  • par
Pochette

Genre : Black metal
Label : My Kingdom Music / Source Atone Records
Sortie : 22 mars 2024

Note :   90/100 (Seblack)

« Ecr.Linf », tel était l’abréviation de « Écrasons l’infâme » avec laquelle Voltaire commença à signer ses lettres vers 1763 pour appuyer son combat contre l’obscurantisme et le fanatisme religieux. 

Ecr.Linf  tel est, aussi, le nom que ce tout nouveau groupe français de metal noir s’est donné, reprenant, à sa manière, le flambeau voltairien. Et dans ce monde où le dogmatisme et les apparences sont des vertus de plus en plus en vogue, un album tel que celui proposé ici fait du bien. Tout simplement. Cela est d’autant plus vrai, que le groupe ne se pose pas en donneur de leçons et ne s’exclut nullement de son questionnement car à quoi bon combattre l’infâme autour de soi, si ce combat ne commence pas par soi-même ?…

L’album est intitulé « Belluaires », du nom de ces gladiateurs qui combattaient les fauves dans les arènes romaines. Tout le monde saisira le sens de la métaphore qui se dessine ici et se décline sur un visuel sobre et élégant de Dorian Lairson. L’ensemble sort sur le label français Source Atone Records, il est aussi distribué à l’étranger par My Kingdom Music. Une version cassette est également proposée par Remparts Productions. De manière plus générale, on appréciera que Ecr.Linf se soit  aussi attelé à développer un univers visuel (photographique et vidéo) à l’esthétique sombre et travaillée.

Si Ecr.Linf est un nouveau groupe, ses membres sont loin d’être des nouveaux venus, ses musiciens ayant officié dans diverses formations qui ne manqueront pas d’évoquer de bons souvenirs musicaux : Demande à la poussière, Jarell, No Return, Svart Crown, Hyrgal…

Dans sa démarche musicale et thématique, le  groupe s’inscrit dans une voie qui va bien au-delà d’un simple black metal distribuant son lot de mandales. C’est pourquoi le terme de metal noir m’a semblé le plus approprié pour décrire la musique de Ecr.Linf. 

Le groupe développe en effet un univers musical  et philosophique qui lui est propre. En cela il s’inscrit dans cette lignée de groupes français ou francophones qui se distinguent par une plus-value thématique et un côté littéraire assumé. De la musique aux visuels en passant bien évidemment par les paroles, Ecr.Linf est un tout où rien n’est là par hasard.

Alors le black metal est bien évidemment très présent avec des riffs et des ambiances qui ne manqueront pas d’évoquer les morsures scandinaves de la grande époque. Nul doute, Ecr.Linf est féroce. Mais il n’est pas passéiste non plus et sonne de manière moderne si j’ose dire. Loin d’une quelconque forme de monolithisme, les touches de claviers qui se glissent habilement dans la musique lui confèrent une dimension supplémentaire de solennité et de grandeur. Plus encore, le groupe sait aussi bien puiser dans d’autres styles pour trouver la lourdeur et l’épaisseur qui vont  lui servir à noircir plus encore son propos. Le tout est martelé par une batterie où la puissance de feu Rémi Sefarino fait des merveilles. 

Dans cet ensemble des plus vigoureux le chant résonne de manière bien particulière. Bien que très rauque, celui-ci est parfaitement articulé permettant de saisir la plus grande partie des paroles en Français. 

Ce travail de diction du chant permet pleinement d’apprécier celui qui a été mené sur l’écriture des paroles. La langue est ciselée et tranchante à la fois, cela tant dans ce qu’elle dit que dans la forme dont elle le dit. A ce côté littéraire des lyrics, on ne peut enlever à Ecr.Linf la volonté de lui donner un fond riche de sens. Oui il y a un côté philosophique et spirituel dans chacun des titres de « Belluaires ».  Mais s’il est question de spiritualité c’est dans une inclinaison areligieuse ; et c’est bien ici que l’on retrouve l’ombre de Voltaire. 

Il est beaucoup question de lutte dans ces paroles, mais celle-ci n’est pas forcément dirigée contre la religion ou la spiritualité en tant que telles mais plutôt contre ses dérives les plus récurrentes : dogmatisme, puritanisme, obscurantisme…Employant plus souvent qu’à son tour le « je », le groupe ne s’exclut nullement de la problématique puisant au contraire dans ses contradictions ou ses luttes intérieures une source d’inspiration.

Il se dégage de cet album une puissance et une forme de résonance assez prodigieuses. Bien sûr, cela tient à des parties musicales des plus furieuses mais pas seulement. Plus encore, ce qui frappe ce sont les multiples contrastes qui vont se dessiner au fur et à mesure des huit compositions proposées ici. Que ce soient les passages de claviers, les parties en voix claire où le magnifique final à l’accordéon sur « La danse des crânes » tout concourt à dépeindre un univers en clair-obscur foisonnant et cohérent. A n’en pas douter  Ecr.Linf vient d’écrire avec « Belluaire » une fort belle page de black metal à la française.

Tracklist :

1. Le désespoir du prophète (05:36 ) 

2. Tribunal de l’âme (05:59)  

3. La danse des crânes (05:02)  

4. Missive (05:38)  

5. Le royaume du vide (05:37)  

6. Ultime projection (05:15)  

7. Valetaille (07:14)  

8. Feu pâle (01:05)  

Line-up : Dorian Lairson – Guitare / Jiu Gebenholtz – Basse / Jean Lassalle – Claviers / Rémi Sefarino – Batterie / Krys Denhez – Chant

Liens :

https://www.facebook.com/Ecr.LinfOfficiel

https://www.instagram.com/ecrlinf/

https://www.deezer.com/ru/artist/247052172?

autoplay=true&deferredFl=1&utm_campaign=artist&utm_source=google&utm_medium=organic

https://www.youtube.com/@ecrlinf.official?si=HFXrNs_Zu9vfegAB

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