Genre : black metal
Note : 90 /100 (Seblack)
Label : Les Acteurs de l’Ombre Production
Sortie : 7 juin 2024
Il y a un peu moins de deux ans, Houle débarquait avec un EP éponyme qui avait réussi à attirer l’attention de beaucoup avec ses tonalités à la fois atmosphériques et dynamiques, sans compter un univers maritime finalement pas si répandu (en dehors des évocations lovecraftiennes).

Armé de ces quatre titres et d’une identité scénique de plus en plus affirmée, le groupe a depuis multiplié les concerts en France et à l’étranger, parvenant même à s’inviter sur l’affiche du Hellfest 2024. C’est donc sur cette dynamique, et peut-être avec une petite pression, que Houle franchit donc aujourd’hui l’étape importante de son premier album. Intitulé « Ciel Cendre et Misère Noire », celui-ci paraît de nouveau chez Les Acteurs de l’Ombre Productions.
Dès l’introduction Houle nous plonge dans cet univers des marins d’aujourd’hui ou d’hier… mais quelque chose d’étrange semble déjà flotter dans l’air et ne laisse guère planer le doute : la virée en mer ne va pas être une simple croisière contemplative….
Les premières mesures de « La danse du rocher » donnent en effet le ton, avec un riff d’introduction que n’aurait renié Iron Maiden et le cri suraigu de Adsagsona qui fond sur l’auditeur telle une harpie sur sa proie. A l’écoute de ce premier titre très dynamique et les suivants, on va pouvoir mesurer le chemin déjà parcouru par le groupe qui, loin de se contenter de reproduire les ambiances de son premier EP, va au contraire en développer de nouvelles sans pour autant se départir de son ADN maritime.
Par différents aspects, ce premier opus des franciliens se singularise par des traits de caractère déjà très affirmés pour un premier album et une si jeune formation. Tout d’abord il se dégage de « Ciel Cendre et Misère Noire » une tonalité heavy inattendue qui va permettre à Houle de développer divers moments particulièrement épiques et nerveux. Plus encore l’instrumentation, très mélodique, parvient totalement à suggérer ces ambiances marines, que ce soit dans les parties tempétueuses ou les plus calmes.
Houle a aussi pris soin de proposer des compositions variées, souvent haletantes avec des transitions bien travaillées et quelques crescendo redoutables. Méticuleux jusqu’au bout, le groupe referme son album aussi bien qu’il l’a commencé avec « Née des Embruns », magnifique morceau de douze minutes.
Peut être moins black metal dans sa forme « Ciel Cendre et Misère Noire » résonne pourtant de manière beaucoup plus sombre que l’EP qui l’a précédé. Il suffit pour cela de porter son attention sur le chant et le contenu des paroles. Le seul titre de l’album me semble déjà évocateur d’une prose évoluant dans une forme de naturalisme aux accents cauchemardesques. Houle n’idéalise ni l’océan ni la vie de ces hommes et femmes du rivage. Ici la mer n’est pas tant nourricière que meurtrière..
Sans voile, les paroles nous renvoient à une misère matérielle et morale faite de solitude, d’épuisement et de souffrance avec son lot de créatures enivrées et fracassées . Écrites avec un style nerveux, les paroles sautent à la figure bien aidées en cela par une interprétation de haute volée.
Car s’il est bien un autre trait saillant de « Ciel Cendre et Misère Noire » c’est le chant. En effet la voix ou les voix de Adsagsona habitent littéralement l’album. Que ce soit en termes de textures, de diction ou de placement la chanteuse délivre une prestation bluffante qui va ballotter l’auditeur comme une coque de noix dans la tempête. Aussi à l’aise dans un registre de sombre conteuse que dans celui de hurleuse déchirant les flots, Adsagsona contribue, autant que la musique, à donner à Houle une singularité qui fait de plus en plus souvent défaut aux groupes de la scène extrême. Cela en fera sûrement ronchonner quelques-uns mais il est certain qu’avec un tel album, Houle va en ravir un nombre bien plus grand encore.
Tracklist :
- Introduction (01:16)
- La danse du rocher (06:58)
- Mère nocturne (04:59)
- Sur les braises du foyer (07:02)
- Derrière l’horizon (04:28)
- Et puis le silence (01:18)
- Sel, sang et gerçures (06:48)
- Née des Embruns (12:07)
Line-up : Græy Gaast – Basse / Vikser – Batterie / Crabe -Guitare (lead) / Zéphyr Guitare (rythmique) / Adsagsona – Chant
Liens :
https://houle.bandcamp.com/
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https://www.instagram.com/houle_officiel/
https://open.spotify.com/intl-fr/artist/6zS0YEPIRESv50RqqhIzCX