“E Samaïn Fest e oan bet
E Samaïn Fest e oan bet
Ur Strollad yaouank am eus kavet !
Na na na na ne ho
na na na na ne ho
Na na na ho…”
(sur l’air de “Pardon Spezet”)
N’eo ket bemp deizh e c’helan skrivañ ur chronique/pennad-skrid e brezhoneg war un strollad sonnerezh brezhoneg a gann e brezhoneg !
Non, ce n’est vraiment pas tous les jours qu’on peut écrire en breton sur un groupe breton qui chante en breton ! Il y a comme un bout de fierté, de défense de la culture Bzh. Et bien entendu, quand on sait que le duo Tanork, 17 ans – mazette ! – à l’époque de la création du groupe en 2020, a pris ses racines dans l’enseignement Diwan (full breton pour ceux qui ne connaissent pas), on n’en est pas très étonné. Et ce n’est pas la maman d’une élève en bilingue Div Yezh que je suis, qui dira le contraire. Quand on est dans cette démarche, c’est sans conteste l’envie de défendre non seulement une langue qui était sur le point d’être perdue (merci les autorités qui avaient interdit l’usage du breton…. tiens, ça me fait un peu penser au français chez les flamands…) mais aussi une véritable culture forte.
Vous comprendrez donc que le fait de chanter plusieurs titres en langue bretonne n’est pas juste histoire de trouver le petit truc qui va les mettre en avant, les différencier. N’eo ket ! C’est une vraie philosophie. Bon, peut-être que je m’avance un tantinet…
Être breton.ne, c’est pas rien. Fierté d’un peuple qui va jusqu’à démultiplier son drapeau sur tous les événements de par le monde entier. C’est vrai, quoi… que serait un fest, un match, un concert, une fête sans un Gwenn ha Du traînant dans le coin de votre vision périphérique ?!
Bon, après ce préambule qui me semblait des plus importants pour mettre les points sur les I et démarrer tous ensemble (tous ensemble ouais ! ouais !) du bon pied, entrons dans le vif du sujet. Tanork, composé de Melaine Gautier à la basse, aux backing vocals et à la programmation et Eflam Castrec à la guitare et au chant, est arrivé en 2021 avec un EP entièrement instrumental, “Enhanced Surveillance”. De cet EP, on va retrouver pas moins de trois titres sur l’album “Destined to die…”, deux ans plus tard. Mais ces morceaux seront pimpés.
Pour commencer, l’arrivée du chant ! Et donc de paroles… Sur les huit titres que compte l’album, la moitié sera écrite et chantée en Breton. Bien souvent, le chant sera growlé, grave. Il n’y a que sur le troisième titre, un peu avant le milieu, que la voix va monter vers une voix plus saturée.
Ensuite, la production est beaucoup plus claire sur l’album que sur l’EP. Quelques secondes d’écoute d’un album à l’autre sont suffisantes pour entendre la différence. Mais la plus importante réside dans un côté thrash bien plus assumé. Les riffs sont pourtant les mêmes, mais le fait d’avoir accéléré le tempo, ôté le côté lourd de l’EP, apporte un réelle touche thrashisante à ce death. Dès lors on navigue entre plusieurs genres… Regardons de plus près :
L’intro est lourde à souhait. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, on se voit partir dans un doom un peu fantastique. Petit regret d’une wah wah sur une basse en distorsion, qui casse un peu l’ambiance. La seconde partie de l’intro, avec la batterie programmée et la mise en place un peu alambiquée, offre un petit quelque chose de moderne.
“Enhanced Surveillance”, la seconde piste, arrive et avec elle le chant au milieu du morceau. Un chant typiquement death sur des riffs thrash. On est clairement sur du mid tempo (chose qu’on retrouvera sur tous les morceaux, par ailleurs). Bon, on ne peut nier la filiation avec “Product of Society” d’Infernal Torment, dans le riff thématique. Le jeu technique de la guitare est assez excellent, la basse n’est pas en reste. On sent que leurs débuts étaient uniquement instrumentaux.
A ce niveau, on récapitule : une intro un peu doomy, puis un premier morceau qui démarre comme du vieux thrash mais tout est remis en cause avec l’arrivée du chant typiquement death. Vous la voyez, la porosité des genres ?
“Ar Bed Edan ar Mor”, premier titre en Breton et troisième piste. On commence toujours par des riffs thrash façon années 80 Nord US. Ça groove pas mal ! D’ailleurs, vers 2:00 on a ce petit passage moins martial, plus lié et rond. 2:50, gros changement de riff après une fraction de seconde de break silencieux. Le morceau se termine sur un fade out qui accélère pourtant rythmiquement.
Ces breaks silencieux qui permettent de changer de riffs, on va en manger souvent, nous donnant une petite impression de collages de riffs. Et c’est peut-être là qu’il y a une marge de manœuvre pour évoluer : il y a comme un manque d’homogénéité et une envie de montrer tout son savoir-faire et sa culture musicale (très bonne par ailleurs). On va saluer toutes les mises en places un peu osées, les soli techniques ou les riffs qui vont emprunter aux grands noms (par exemple le riff de “Caught in a Mosh” d’Anthrax pour l’intro de la septième piste “Enebourion ar Peoc’h”). On salue, on applaudit, on respecte. Mais attention à ne pas en faire trop de démonstration. Car oui, les mises en place sont intéressantes, les riffs travaillés, on retrouve des techniques à la Morbid angel… Mais, peut-être qu’un chouïa de simplification amènerait un peu plus d’efficacité…
Malgré un aspect de formule répétée sur un mid tempo identique sur tout l’album, Tanork offre une pièce qui navigue entre plusieurs eaux, apportant une touche de fraîcheur dans des riffs classiques et monumentaux. Ecumant plusieurs scènes et désormais invité par des festivals, il nous faudra compter sur Tanork dans les prochaines années… si tant est qu’ils arrivent à s’extirper de l’empreinte de leurs aînés.
A suivre et surveiller de très près.
Line-Up : Melaine Gautier – Basse, Programmation batterie, Backing vocal / Eflam Castrec – Guitare, Chants
Guest : Tasmant sur “Space Wind”
Tracklist :
- Intro
- Enhanced Surveillance
- Ar Bed Edan ar Mor
- Space Wind (instrumental)
- Frog’s Genocide
- Destined to Die…
- Enebourion ar Peoc’h
- Kerfank
Liens :
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