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Du metal en Slovaquie.

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Je dois être un peu taré, ou maso, voire les deux, mais quand on m’a dit « Hé ! Tu ne m’accompagnerais pas en Slovaquie ?! Y a des forêts, des montagnes, des ours, des Skoda, c’est près de la frontière ukrainienne, trop cool, blablabla… », bah j’ai dit oui…
Bon, je vous passe les détails d’un mode de vie assez chelou : oui, y a des ours (dont un qui a bouffé quatre touristes trois semaines après mon retour, à un endroit que je suis allé visiter), y a des Skoda (avec les phares toujours allumés, qui roulent comme des barjots sur des sorties d’agglo qui passent de 50 à 130 km/h, pire que des immatriculés dans le Calvados), y a des gens bourrés à 17h (tout ferme et ils carburent à toute sorte d’alcool, autre que le calvados, eux), y a des trams de l’époque soviétique (avec un système de tickets assez sophistiqué pour le coup) à l’image des bâtiments, y a des MacDo qui font encore les trucs frits aux pommes (chacun sa madeleine de Proust) ; un mélange curieux de présent, passé et futur… Mais le réflexe que j’ai en visitant un pays étranger, c’est (dans l’ordre ou le désordre) bouffe, télé, musique/arts. Rien de mieux pour s’intégrer à une culture locale que d’appréhender son patrimoine et sa linguistique (elle aussi chelou, mélange de vocabulaire slavo-germanique et de déclinaisons latinos-germaniques).
Au-delà d’avoir considéré l’histoire austro-hongroise du pays, mon intérêt était évidemment métallistique : un pays qui a retrouvé l’Occident depuis 1991 doit forcément avoir (essayé de) rattraper le temps perdu en danses traditionnelles, clichés des amateurs de Tintin et le Lac aux Requins et de vidéos Youtube lollantes assimilant Slovaquie et Bavière, avec tenues à bretelles/bermuda et accordéon. Tremblez, Bratislaboys !
Alors, oui, il y en a une, qui copie, vire, plagie allègrement celle occidentale interdite durant la période du bloc URSS VS USA. On y trouve pêle-mêle un Scorpions/Poison/Motley Crue-like, un John Lennon slovaque (Miroslav Zbirka, à qui on a créé une mythologie et un packaging similaires), du BM, du Death, etc. Et, franchement, autant on peut rire des français qui ont tenté d’assimiler avec plus ou moins de succès le Rock puis le Metal en francisant tout, autant des Slovaques qui le font dans leur langue natale, ça donne des pépites un peu déroutantes, pas moins qualitatives (loin s’en faut) mais surprenantes, eu égard justement à la linguistique nationale.
On passera évidemment à côté des nationalistes (dont je me fous royalement, sans être royaliste) qui cachent sous leur Metal Black ou Pagan ou Folk des relents un peu trop d’extrême droite dans un pays qui a mis à sa tête un président du même bord politique ; je vais davantage (vous ?) m’intéresser à la diversité de la scène et à des talents mal exportés selon moi.
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Au regard de la scène généraliste et assez passéiste au final, le Metal, bien que présent, n’est pas si prégnant dans le pays. Pour exemple, les magasins de musique sont peu courants (on n’est pas dans la profusion du quartier Pigalle de Paris non plus, mais s’il y en a un par métropole, c’est déjà bien) et, quand on joue, pour tester une guitare, un riff plus ou moins connu ou technique, on te regarde comme si tu étais un guitar hero quand tu es, modestement, confirmé sans plus. Les disquaires (metal ou généralistes) sont rares également (pas de grande structure type FNAC ou Virgin), enclavés (en tout cas, là où j’étais, i.e. Kosice) et mettent beaucoup en avant leur(s) star(s) locale(s), légitimement, vous me direz. Pour vous dire, j’ai fait le chiffre – je pense – de la semaine du petit disquaire local, Peter Lenek, qui m’a longuement parlé de ses ancêtres bretons Laennec (ce sur quoi je l’ai maudit en l’enduisant de beurre salé et de chouchen) et qui m’a regardé avec des Euro €€€ dans les yeux quand je lui ai fourni ma liste de « je voudrais ça… non, non, que du slovaque en slovaque, je connais déjà Slayer… »
Évidemment, fers de lance et têtes de gondole, deux groupes : Elàn et Tublatanka.
Le premier étant davantage pop-rock-variété, je ne vais pas m’étendre ; je vous invite juste à aller écouter sur ce lien :



Mais parlons de Tublatanka. Alors, oui, j’abusais un peu en parlant d’un mur pas totalement berlinois dans la musique occidentale ; les murs ont des oreilles et « les oreilles n’ont pas de paupière » (P. Quignard, La haine de la musique). Et les oreilles du groupe se sont tournées vers Iron Maiden, Scorpions et Van Halen, assurément.


Fondé en 1982 et officiellement encore actif (enfin pas depuis 1992 environ), c’est un peu la fierté nationale metal.

Depuis la fin de la Perestroïka, le panel de groupes de Metal, dans sa diversité, s’est élargi considérablement. Ce qui fait que je ne vais m’arrêter que sur certains qui correspondent soit à un sous-genre qui me convient soit sont de qualité subjective suffisante pour en parler.
Sur la scène slovaque on trouve donc Lunatic Gods (Peter Lenek me l’a vendu comme « putain de trop cool » (sic) donc je lui ai fait ouvrir son tiroir-caisse), un groupe d’atmo BM avec la fameuse étiquette des bacs des années 90, décennie de son essor « Black/Doom/Death » qu’on trouvait dans les bacs des inclassables en grandes surfaces. Le groupe est toujours actif et a viré vers une espèce de Folk Metal teinté Death, assez éloigné du BM atmo de leur début, par le biais duquel je les ai découverts.


On y trouve également mon favori, puisque Power Metal avec tonalités sympho : Signum Regis. Le groupe existe depuis 2007, quintette qui a signé son septième album l’an passé, Undivided, lui aussi a évolué d’un Power Metal (disons Speed melodic vu la période et l’état d’esprit) typé Gamma Ray/Stratovarius vers un gros Helloween/Hammerfall. J’avoue avoir une petite préférence pour Exodus ou Chapter IV : The Reckoning, plus sympho et speed, mais le dernier opus est de bonne facture, avec une prod digne du genre (Jacob Hansen, cœurs avec les doigts à toi).



Dans cette même veine, on peut aussi noter RavenClaw (rien à voir avec la team Harry Potter, du moins je suppose), plus prog sympho avec des consonances Symphony X/Royal Hunt/Edguy, groupe adoubé par « Herr » Kaï Hansen (Helloween puis Gamma Ray). Bon… faut croire que les groupes aiment varier leur approche puisque depuis, on est davantage tombé dans le folk pouet-pouet Pirate Metal que la technicité précédente, à mon grand dam… Je préfère vous recommander Presage, nettement plus intéressant, à l’instar des groupes avec UNE bassiste (mais c’est mon côté mâle cis’ hét’ qui parle de concert avec Annie, qui elle aussi aime les cis’ hét’).


Niveau mélodique, on a aussi April weeps, groupe qui est dans la trempe des groupes de « Metal à chanteuse » (ce qui ne veut rien dire si on compare, Epica à The Agonist ou Anneke Van Giersbergen à Maria Brinks). Bon, ici, on serait dans un mélange de Clémentine Delaunay et Vicky Psarakis par moments, sur des morceaux aux ambiances variées allant de plages planantes à de la grosse brutalité. Je vous recommande donc Cataclastic, présentement.



Pour finir ce petit tour d’horizon tourné vers le levant, je vous propose celui dont le nom m’a le plus attiré à lui tant ça fait Wish/Temu de prime abord : Metalinda. Contrairement à son nom qui sonne comme celui d’un groupe de Thrash US qu’on ne cite même plus ni ne bitche gratuitement son batteur, on est ici face à du gros Rock Metal mélodique teinté Volbeat par moments, une sorte de gros foutoir fourre-tout qui passe de la power ballad au Johnny Hallyday et les orchestrations de Francis Lay, mais dans la langue de Janko Kràl’. En clair d’une piste à l’autre, on a diverses salles et ambiances allant du wall of death à son penchant calinou wall of love. Et comme je suis sympa, je ne vous mettrai que la version qui tape (gentiment, dans le respect de la personne humaine) son voisin.



Voilà, j’espère avoir quelques instants fait glisser le rideau de fer pour vous apporter un peu de connaissances et de la variété. On ne sait jamais : si vous tentez l’expérience de Zdiar et son pont suspendu au-dessus des ours en espérant revenir entier, c’est que vous êtes prêt à affronter le gros son made in Slovakia. Et pis… allez faire coucou à Peter ; vous lui direz que vous venez de la part du chevelu fringué en noir… mwarf.
Ďakujem, že ste ma čítali !

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