Le 1er mercredi du mois, retentit la sirène du port de Brest. Et les sirènes du passé, je les entends chanter à mes vieilles oreilles. Vous aussi ? Tendez bien l’oreille, elles susurrent une douce mélopée venue tout droit des années 90… Attention, vous pourriez vous y noyer, si vous n’y prenez garde !
Se noyer, Mémé ? Oui oui oui… dans la nostalgie du passé. On pourrait presque voir des mirages se lever du brouillard fait des vapeurs méphitiques du Death Old School. Ce sont les fantômes de Dave Ingram, Benediction, Bolt Thrower et autres Gorefest qui viennent vers vous, les bras tendus, pour vous attirer non vers les bas-fonds mais les sommets du genre.
Mais vous savez, les les sirènes, qu’elles soient du présent ou du passé, ça reste dangereux. Et le foyer de Mémé en a fait les frais. Je ne vous raconte pas les discussions véhémentes inhérentes aux écoutes des premiers titres lâchés sur le web. Dans la catégorie examen de philo, vous avez deux heures pour plancher sur la frontière entre le « tribute » et la filiation. Mémé, elle, a tranché : c’est clairement de la filiation. Doublée, qui plus est, d’un hommage rendu aux grands noms qui ont forgé l’histoire du Death Metal. Et vous savez pourquoi ? Parce que nos sirènes en question, les 5 membres du groupe INFERN, l’annoncent d’emblée !
Infern – groupe breton presque pur beurre (parce qu’il y a un francilien dans le lot, mais avec des liens bretons quand même ! Bzh atao !) – se crée autour d’un vinyle trouvé par deux membres du groupe lors d’une partie de pêche. Je ne sais pas pour vous, mais quand Mémé va à la pêche, elle ne ramène pas grand-chose, sinon un tas d’algues et parfois un bar venu s’échouer sur son hameçon. Y en a qui ont de la chance, tout de même ! Un coup de l’Ankou (la mort bretonne), ça ! Ce qui serait raccord avec le nom Infern qui, vous vous en doutez, fait référence à l’enfer en brezhoneg. Et dans ce vinyle, les dieux du Death à qui ils offrent leur existence en ex voto.
A commencer par Bolt Thrower. Bah oui ! On ne pourra faire autrement que de citer à quasi chaque morceau ce groupe monumental, tant tout s’y réfère. Certains pourront même, avec un tantinet de perfidie, lancer que, lorsqu’on maîtrise la langue Bolt Throwerienne, tout l’alphabet s’y trouve : du riff autoroute au mix, en passant par le placement du chant. Même le timbre vous fera penser à Dave Ingram, qui a fait un passage dans l’album Honor Valor and Pride. Une grosse voix au timbre un peu mat et au chant saccadé. Et c’est bien ce qui va ressortir en premier, cette putain de voix énorme que nous offre Julien. On en reste scotché sur sa chaise, impossible de se relever, tant il va prendre sa voix comme un gourdin et vous marteler le crâne à en être enterré jusqu’à la taille. Vous avez l’image, là ?
Mais ce n’est pas tout. Ce serait trop facile, vous imaginez bien ! Vous voilà donc à moitié enseveli, mais avec une envie irrépressible de bouger votre corps. Ça, c’est l’effet groove ! Vous avez besoin d’un exemple ? Attendez voir…. poussez donc jusqu’au début de la piste 7, « State Puppet Theater » et ces petits coups de cymbales qui apportent un groove façon Obituary. Ou encore la suivante, « March of the Grotesque », où le groove façon Illdisposed s’entend par l’alternance de lourdeur après un des passages qui tabassent par leur accélération.
On continue ? Allez… Enseveli, avec une envie de groover et là-dessus, la mélopée des riffs ou des soli vient vous happer comme une harpie vous tirant tant vers le haut que vous vous retrouverez écartelé. Le son des guitares est clair et tranchant. La prod est vraiment adaptée au projet. Certains riffs amènent une bonne dose de mélodique à l’ensemble assez saccadé et lourd. Des accélérations, des envolées… Prenez en exemple le 6ème titre, « Gaining Ground », avec le riff d’introduction ou celui, « arabisant », vers 2:10 suivi d’une envolée et d’une accélération du tempo. Un beau morceau de bravoure. Mais ce n’est pas le seul de l’album, qui vous offre 10 pistes en tout.
Pour continuer le tour des hommages rendus, citons le riff façon Anata, dans « Burning Fields » ou encore le premier Amorphis dans le petit break riffé de « Archetype of Brutal Aggressor », vers 3:20.
Il me reste encore à parler de la basse, qu’on entend par ailleurs fort bien au début de « Burning Fields », qui apporte la lourdeur nécessaire au déclenchement du headbanging. Surtout après ces moments chantés en chœur, prompts à vous faire hurler avec le groupe.
Vous l’aurez compris, ici, tous les éléments sont assemblés pour vous faire repartir vers les années 90, façon Back to the Future. Si « Turn of the Tide » n’apporte pas forcément de grandes nouveautés au genre, il le ressuscite de manière efficace et intelligente. D’ailleurs, après quelques titres offerts, on voit les langues aller bon train : « c’est bon, ça ! ». Ouais, on sent comme une petite hype se former autour de Infern. Et je vais vous avouer une chose, j’en suis heureuse pour Pierre-Loup, Sylvain, Jean-Marie, Simon et Julien. Bien qu’on pourrait me taxer d’avoir une vision tronquée, puisque j’ai déjà pu les voir plusieurs fois en concert, discuter avec eux, voire même participer au clip du fédérateur « Tormented Paranoid » – J’en profite pour faire une parenthèse : comme vous les voyez dans le clip, ainsi sont-ils sur scène. Ils ne s’épargnent en rien. Charisme et présence au rendez-vous -, écoutez donc l’album et laissez vous prendre par cette vague venue du passé… Vous verrez que vous ne pourrez vous empêcher de taper du pied et hocher la tête. Mais putain, c’que c’est bon, quoi !
Un groupe sur lequel on va devoir compter dès à présent ! Rendez-vous sur les grandes scènes, les gars !
Line Up : Julien Tanguy – Chants / Pierre-Loup Corvez – Guitare, Chant / Sylvain Collas – Basse / Jean-Marie Grövel – Guitare / Simon Beux – Batterie
Tracklist :
1. Undertow
2. Phineas Case
3. Tormented Paranoid
4. Burning Fields
5. Archetype of Brutal Aggressor
6. Gaining Ground
7. State Puppet Theater
8. March of the Grotesque
9. To the Extreme
10. Buried Alive
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