Chaos Invocation est né fin des années 2000 dans la commune de Nisterau dans l’ouest de l’Allemagne. D’abord en trio sur les trois premiers albums, le groupe subira quelques changements de line-up notamment dans la section rythmique basse / batterie. En s’articulant autour de A (guitare) et M (chant), l’équilibre sera trouvé après l’intégration dès 2018 du très expérimenté batteur Omega, puis du dénommé Lupus (alias LS) à la guitare rythmique en 2021, qui est également leader du one-man-band Ahnenkult. Le bassiste RK complètera l’effectif début 2023 après l’enregistrement de “Devil, Stone & Man”, en remplacement de l’Italien Thumulash.
Le groupe enfin stabilisé, ils rentreront au Woodshed studio entre décembre 2023 et février 2024 pour enregistrer leur cinquième album. Le mixage et le mastering seront toujours confiés, et ce pour la deuxième fois consécutive, à V. Santura, ancien guitariste de Dark Fortress et membre permanent chez les Suisses de Triptykon.
Bien qu’existant depuis un peu moins de 20 ans, ce groupe allemand n’est pas des plus renommés dans son pays, à part peut-être pour certains inconditionnels du Black “Made in Deutschland”. Et pourtant, du métier ici, y’en a ! Les musiciens qui le composent jouissent d’une expérience assez significative en participant à diverses formations comme Porta Nigra, Frostmoon Eclipse, Bethlehem, Darvaza ou encore Darkened Nocturn Slaughtercult. C’est ce mix entre la stabilité et l’expérience qui fera que Chaos Invocation atteindra son pic de forme dans les années 2000 et fera de l’album “Devil, Stone & Man” son plus grand succès à ce jour. C’est d’ailleurs à cette époque que je les ai connus. Alors, allaient-ils renouer avec le succès avec cette nouvelle offrande ?
Mais au préalable, examinons brièvement ce titre d’album “Wherever We Roam”… Cela ne nous rappelle-t-il pas un peu une chanson d’un groupe californien sortie sur un prétendu Black Album dans les années 90, oui, non ? Je vous rassure tout de suite, la comparaison s’arrêtera là car, ici, on parle d’un Black Metal plutôt bien typé Scandinave. Pour cette nouvelle fournée, les Allemands ont su garder la même philosophie musicale que sur les enregistrements précédents, mais en n’oubliant pas non plus de la faire évoluer, parfois d’une manière un peu surprenante sur certaines compositions. Le changement n’est pas tellement musical mais il est précisément sur les interventions au micro du guitariste A en soutien de Malte Langenbrinck (M), interventions bien plus fréquentes que par le passé, mais pas forcément toujours bien senties non plus.
C’est surtout sur “This World Want Us Dead” que le bât blesse : le chant au timbre de voix rappelant fortement celui de Tomy Joutsen de Amorphis n’est pas forcément bien intégré à la structure. Se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment, il n’apporte pas grande chose à la composition voire est complètement inutile, je trouve. À mon humble avis, ce titre aurait gagné en efficacité s’ils avaient laissé s’exprimer le chanteur principal de bout en bout, mais tout est subjectif bien évidemment.
Cependant, le bébé n’est pas à jeter avec l’eau du bain, L’insertion est beaucoup moins choquante quand il s’exprime en mode “énervé”, notamment sur les titres “Bridge Aflame” et “Ideal Sodom”, ou même carrément réussie sur le dernier titre “Engravings Of The Quivering Pedestal”. La voix claire y est très présente et plus aboutie, préparant ainsi, je pense, l’auditeur à une future direction musicale qu’on ne soupçonnerait pas. Mais ça, seul l’avenir nous le dira. Pour le reste, on retrouve le Chaos Invocation qu’on aime, celui qui ne fait pas dans la dentelle, avec toujours ces riffs tranchants et dévastateurs, d’une batterie soutenant parfaitement les atmosphères proposées. Les différentes mélodies sonnent parfois très “Heavy Metal”, particulièrement sur l’introduction et l’enchaînement du premier morceau éponyme. “Ideal Sodom”, (non ce n’est pas un hommage au groupe de Tom Angelripper) n’est pas en reste non plus : riff Heavy pour démarrer, on bascule très vite dans une cavalcade effrénée, à la fois puissante, intense et purement diabolique, soutenue comme il se doit par un chant rocailleux et virulent. Impossible de ne pas penser et surtout de ne pas chavirer dans les grandes heures du Thrash teuton.
Plus globalement nous avons affaire à un album solide, somme toute assez classique mais terriblement efficace, doté d’une production aux petits oignons.
Quant à moi et pour conclure, mise à part cette petite faute de goût mentionnée plus haut, je lui trouve beaucoup de qualités ; pourtant il reste quand même bien inférieur à “Devil, Stone & Man”. L’orientation plus que mélodique du chant de A sur les derniers morceaux me chafouine légèrement et, faut bien se l’avouer, le côté bestial de l’album précédent me manque un peu. Mais bon, peut-on leur reprocher ça ? Vaste débat.
Tracklist :
01 – Wherever We Roam
02 – Ideal Sodom
03 – Golden Gates And Terrene Light
04 – Bridges Aflame
05 – No Throne Withstands
06 – This World Wants Us Dead
07 – Only In Darkness
08 – Engravings Of The Quivering Pedestal
Line-up : M – Chant / A – Guitare, Chant clair / LS – Guitare Rythmique / RK – Basse / Omega – Batterie
Guest : V. Santura – Chant additionnel
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