Avec Belenos, Himinbjorg est considéré comme l’un des piliers de la scène Black Pagan française. Bien qu’ils aient été très productifs au début de leur carrière, à partir de 2005, les sorties d’albums se sont espacées, avec un nouvel album tous les cinq ans, attribuable en grande partie à l’instabilité du groupe. À dire vrai, je les croyais même morts et enterrés après la sortie de “Wyrd” en 2015. L’actualité du groupe était très sporadique, mis à part quelques concerts ponctuels par ici ou par là.
Puis un premier souffle de vie apparaîtra en 2021, d’abord sous la forme d’un projet de Pagan Folk Acoustique nommé “The Chant Of The Tree”, projet réunissant déjà Zahaah et Sven Vinat accompagné entre autres de Baptiste Labenne de Boisson Divine, qu’on retrouve également aux instruments folkloriques sur l’album “Wyrd”. Mais, c’est vraiment en 2023 que Himinbjorg sera de retour sur les rails, avec quelques dates de concerts annoncés en France, Brésil, Allemagne et en Suisse, notamment au Forest Fest. Pour ma part, je les verrais pour la première fois à Querrien chez M. “Couille de loup”, concert plus ou moins improvisé en soutien de la brasserie Ouroboros, dont une partie des bâtiments avait été ravagée par un incendie.
Il aura quand même fallu attendre presqu’une décennie pour que Zahaah et ses acolytes accouchent du successeur de “Wyrd”. Ce sera chose faite en septembre dernier avec cette nouvelle offrande intitulée “The Fall Of Valhalla”, et je dois dire que ça n’a pas été simple du tout. Les premières écoutes m’ont été difficiles, très difficiles même, à un tel point qu’à chaque fois elles ont été écourtées. La cause principale, ce son de batterie très minimaliste qui agressait sans cesse mes pauvres petites oreilles, le traitant même de “pire son de batterie depuis St Anger”, bon okay ! J’exagère un peu, mais quand même. C’est seulement après avoir lu quelques chroniques et autres interviews du groupe que j’ai pris la décision de lui redonner une seconde chance et grand bien m’en a pris, car au fil des écoutes, je décelais en lui quelques qualités.
Alors que la majorité des groupes de Black Metal de maintenant soignent leur production, parfois à outrance, (trop de production tue la production!), Himinbjorg, lui, a opté pour un “back to the roots”, un retour aux racines avec un son très cru, très archaïque, sans fioriture, et surtout épuré de tout sample, effets spéciaux et autres instruments folkloriques (ils avaient fait mon bonheur sur “Wyrd”). Tout juste entend on un orage pluvieux en guise d’intro ou les coups de marteaux d’un forgeron en train de battre l’acier sur son enclume. Bref, les anciens vous diront “le vrai Pagan, quoi”.
Le chant de Zahaar est très varié, alternant avec aisance le rugueux et le chant clair aux intonations païennes, incluant également des passages parlés qui peuvent paraître apaisants. Même le Growl y est de la partie, faisant ressurgir du passé les influences Death Metal du leader. A noter, la participation de Isere Loyd Davies, grande fan de Metal et journaliste internationale au sein de prog magazine. Sa brève narration apportera au titre “The Colour of Truth“, une subtile touche de sérénité et de féminité.
Les titres sont principalement joués sur un mid tempo, mais les différentes atmosphères que présentent certaines chansons en font d’elles l’atout principal de cet album, c’est ainsi, qu’on passe du très calme et presque reposant “My Last Journey” aux très rapides “The Fury Talk” et ”Dogma, voir du très lourd avec “The Threshold”. Tous ces changements sont relativement bien équilibrés et surtout bien sentis, évitant ainsi la lassitude de l’auditeur. Pour la mise en œuvre de ce projet, Zahaar, en tant qu’unique compositeur, a pu s’appuyer sur ses acolytes et amis depuis plus de quinze ans maintenant. On retrouve donc, Khaos à la batterie, Avgruun à la basse et Sven Vinat aux guitares additionnelles. Ludovic Tournier, Baptiste Labenne, Sylvain Ostengo et Louis Nas seront également invités à venir gratouiller quelques riffs et autres solos de guitares.
Cet album est une véritable compilation de tout ce qu’a pu produire le groupe par le passé, en s’inspirant largement de ce qu’il y avait de mieux dans sa discographie. C’est de cette manière que l’on retrouve les classiques chants païens, cette rage si caractéristique des premiers albums, tout en notant que les différentes atmosphères évoquent celles de « Europa ». Les morceaux mélodiques rappellent ceux de « Wyrd« , tandis que les brefs passages chantés en français nous renvoient à l’album « Chant d’hier, chant de guerre….. ». Même l’artwork dessiné par David Thiérrée nous remémore celui de “In The Raven Shadow”. Certains le trouveront peut-être un peu monotone, moi, je le trouve sombre, radical et très garage dans l’âme. Zahaar crache sa haine, son mépris du monde actuel et de la déchéance de l’humanité, offrant ainsi une véritable ode à la révolte.
Aucun album ne m’a autant dérouté cette année que ce “Fall Of Valhalla”. Je conçois bien qu’il va diviser les fans, mais avant de l’apprécier, il faut d’abord apprendre à le dompter, à l’apprivoiser, cela demande beaucoup de temps et énormément d’écoutes studieuses pour en extraire toutes les subtilités. C’est à ce moment-là que vous allez l’approuver, le savourer, et tout comme moi, vous allez le ranger sur l’étagère avec les meilleurs albums de Himinbjorg.
Tracklist :
01 – Brothers Sequane (06:28)
02 – The Pathetic Men Show (04:23)
03 – Dogma (03:44)
04 – Architecture Of Annihilation (05:34
05 – The Fury Talk (05:36)
06 – The Last Journey (03:42)
07 – The Threshold (04:26)
08 – Tribeless Child (04:26)
09 – The Color Of Truth (07:33)
Line-up : Zahaah – Guitare, Chant / Khaos – Batterie / Avgruun – Basse
Guest : Sven Vinat / Ludovic Tournier / Baptiste Lebenne / Sylvain Ostengo / Louis Nas – Guitares ; Isere LIoyd-Davis / Christophe Pion – Chant
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