Grande Famille, mon cul !
Un billet d’humeur/une réflexion de WvG
Metal et Fumisterie
S’il est de bon ton selon certains de fustiger constamment les fumeurs, de vous à moi(s de novembre sans tabac), on va mettre le doigt cette fois-ci non sur la sucette à cancer, bien moins sur la fumée que la fumisterie aujourd’hui et mettre le paquet, avec des belles images dégueulasses dessus.
À l’instar de Mylène Farmer, je suis désenchanté (même si je ne sais toujours pas qui est cet Amédée pour qui elle cherche une « Hameki »), en bon misanthrope – Hé ! Misanthrope… Désenchantée… t’as la réf’ ? – Je ne vais pas cracher dans la soupe mais démouler un cake, un bon gros gâteau au caca avec plein de couches de caca, et mettre le nez de la « grande famille du Metal » dedans en la faisant passer à table… Ça tombe bien, c’est bientôt les Fêtes, [NdlR : Ok… on est un peu en retard… mais il reste la galette des rois du… ] on va lui faire la sienne : autant prévoir la bonne ambiance familiale et décrasser une vision biaisée par le sirupeux et l’aveuglement optimiste pour mettre les pieds dans le plat et envoyer la sauce…
Je baserai mon propos tant sur des expériences vécues à titre personnel que des témoignages divers reçus tant dans mes relations avec la population Metal, acteurs ou spectateurs ou lointaines connaissances ou inconnus qui devraient le rester, que de faits déjà présents et présentés dans les informations accessibles à tous et toutes – et oui, l’écriture inclusive m’emmerde et je ne vois pas de souci à rédiger « toutes et tous » qui est tout autant inclusif et pas davantage discriminant.
Alors, oui, on ne va pas jeter l’eau du bain avec le bébé ou le remettre dans le congélo (déjà parce qu’un plat décongelé puis recongelé, c’est pas une bonne idée), au risque de jeter un froid car, contrairement au froid, tout n’est pas à jeter dans les interactions du groupe social qui se revendique « grande famille ». La solidarité y existe et prend place, particulièrement du côté des spectateurs.
Mais revenons d’abord sur cette grande famille, unie et soudée contre toute adversité… ou presque… et regardons la photo. Oui, celle que maman a tenu absolument à prendre après que tu lui aies envoyé un sarcasme sur sa dissonance cognitive ponctuée d’un « rhoooo » comme simple réponse, dans toute sa bienveillance à œillères et parce que ça lui fournit une image d’Epinal rassurante qui lui permet de ne pas se départir de ces dites œillères… La photo n’est pas bonne mais l’on peut y voir le bonheur en personne (du tout) et la douceur d’un soir de réveillon… Tout le monde sur son trente-et-un, dans son plus bel apparat et ses oripeaux de fête, tout sourire, mais analysons qui s’y trouve : papy facho – tiens, toujours pas mort celui-là ? – qui te sort ses histoires de guerre d’Algérie et des bienfaits de la France, du « temps béni des colonies » (pas de vacances) et auquel on ne répond même plus parce qu’il « est sénile », aux côtés de mamie rapace, pour qui un sou est un sou et qui tient les cordons de la bourse voire des bourses de la famille plus ou moins encline à lorgner sur l’héritage, qui sait que d’un simple regard elle peut faire taire la moindre velléité de mot plus haut que l’autre à chaque prétendant au magot. Au coin, papa fait semblant de garder un sourire de circonstance qui l’épuise d’hypocrisie. Pas loin, le tonton qui sort des blagues de cul avec un regard lubrique, lourd à souhait mais attachant quand même ; à ses côtés, les frangins qui sont venus pour la bonne bouffe et sortir des blagues vaseuses, qui cherchent à ne pas se prendre la tête. En face, l’autre frangine, sérieuse, trop peut-être, qui tire la tronche parce que ça l’emmerde à un point inimaginable de perdre trois heures (minimum) à table alors qu’elle pourrait faire des choses bien plus intéressantes, comme ranger ses chaussettes par exemple. Il y a aussi la cousine, parano à souhait parce que « vous avez vu » / « j’ai lu sur internet que », et qui reste assez éloignée du tonton relou parce que « c’est dans la famille que les agressions sexuelles blablabla… » et qui va déverser ses phobies et son anxiété perpétuelle vers les autres avec force agressivité, hauteur et haro face à celui qui la contredirait parce qu’elle SAIT que c’est vrai et qu’elle vit dans le risque constant (mais nettement moins dangereux que de ranger ses chaussettes quand même). Dans sa proximité presque directe, on a le petit cousin qui opine du chef au moindre de ses mots, qui boit son discours comme du petit lait comme il tèterait bien le sien à son sein, amoureux silencieux qui sait pertinemment qu’il n’a aucune chance mais prend sa défense sans même prendre de recul, jugeant sa cause noble et donc « über alles » (après tout… ça reste dans la famille). Enfin, il y a le petit dernier qui sait qu’on lui pardonnera toute connerie possible parce que… parce que lassitude, usure, masse de problème déjà posés par le reste de la famille ; lui c’est l’allumette dans la poudrière… Et il y a moi, celui qui observe depuis très longtemps la situation sans trop rien dire à part des petites piques cyniques qui ne dissimulent plus vraiment une vérité qui reste sourde à toute oreille, s’en énerve, s’en use au point de se demander si ça a encore une utilité d’intervenir et expliquer des choses posément mais qui dans quelques secondes va chopper la nappe, tirer dessus sous le regard éberlué de tous les convives ébaubis (Hé ! Bobby !), foutre en l’air tout le décorum bien sage et hypocrite et dire un gros « merde » à chacun, avec une saillie lapidaire du pourquoi à l’adresse de chacun dans la nécessité qu’il ou elle entende le propos.
On est bon jusque-là ? Bien… Je vais expliciter de suite cette longue allégorie…
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« Bon papa, ne t’en fais pas : nous en viendrons à bout de tous ces empêcheurs d’enterrer en rond ». Papy est convaincu de son bien fondé, à insérer dans son fondement et, forcément, par respect ou par opinion corrélée, il aura nécessairement un auditoire. L’image associée à ce membre de la famille n’est pas trop compliquée à comprendre : NSBM and co.
Par décence (et par volonté d’en parler le moins possible pour leur faire de la pub), je ne mettrai aucun exemple ni de nom, de titre ou d’origine géographique, ni de son et encore moins de morceau complet avec analyse nauséabonde, que l’énergumène suscité soit pratiquant, croyant, ou prosélyte. Néanmoins, vous n’êtes pas suffisamment obtus pour ne pas être au courant que, oui, ça existe des groupes de cette idéologie, que ça a, voire trouve, son public, que ça débat assez fréquemment sur l’innocuité de leur présence dans un running order parce que « le Metal, c’est aussi l’ouverture d’esprit », que ça crée du buzz, terme en vogue pour être synonyme de « vent », un de ceux qui sortirait de l’ouverture non de mon esprit mais de mes sphincters : même bruit, même odeur, on supporte le sien mais pas celui des autres, ça fait rigoler sur le coup mais quand on se rend compte qu’on est seul à le faire, on se sent honteux… Ou du moins on devrait, au quelque part mais si on ajoute sur le gâteau au caca évoqué en entrée une bonne petite couche au-dessus appelée « mauvaise foi absolue », on peut s’en sortir en étant né avant la honte. Tout ça pour dire qu’accepter que ce genre d’ineptie existe, c’est être démocrate (comme Hugues, quand Georges est un fasciste de merde), certes, mais en faire le jeu et le mettre en avant en rebondissant sur les propos de personnes en mal d’existence et de visibilité, c’est manquer de bonne intelligence et ouvrir des portes non pas à son esprit mais à ceux qui en manquent, les invitant à adhérer au parti(es) comme des morpions pas encore matures, voire les inviter à table, les inviter « à boire, à manger, à se distraire ; assis à table, ils parleront des cris qu’on fait taire, ils parleront de la mort et de son pouvoir. » (« Les brutes », Trust)
Suis-je vraiment obligé de vous remettre en mémoire le nombre de fois ou des festivals, vivants ou morts depuis, avec plus ou moins de sincérité dans leur propos, on a mis à l’honneur et pas à l’affiche des groupes « tendancieux » dans leur propos ou attitude ? C’est vrai que le Metal regorge de mise en scène, d’ambiguïtés et de « choquant » mais quand il y a doute très raisonnable et fondé, c’est qu’il n’y a plus doute, ou alors que des explications claires se doivent d’être portées à la connaissance des hôtes tout comme des spectateurs. Sinon… bah, tu assumes ton image, ton public, tes choix artistiques, le fait qu’en tant qu’organisateur tu les invites en pleine connaissance de cause, etc.
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« Laissez les mamies faire, les mémés, les mamas » … Mamie écrase les prouts comme Mammouth écrase les prix ; autant dire qu’on va faire du lourd et du sale dans cette longue partie. Et si l’adage veut qu’on ne doive pas pousser mémé dans les orties… Bah, dans notre cas, il faudrait… vraiment… pour qu’elle se pique le derche et revienne à la réalité que son état d’esprit pingre de gros rat manipulateur qu’elle pense utiliser comme une forme de pouvoir n’en est un que si les vautours qui tournent autour lui accordent une once de crédibilité. On va donc parler de l’envers, non pas l’excellent album de Wormfood mais celui du décor car, en effet, il y a pas mal à envoyer. Si papy et mamie s’entendent plutôt bien, c’est par intérêt mutuel. Mais surtout mamie sait que si elle a une cour qui gravite autour d’elle, elle peut en faire ce qu’elle veut, l’influencer, l’inciter à agir contre tout bon sens, etc. Comme vous le savez sûrement déjà, je considère qu’on ne devrait jamais donner le pouvoir à ceux/celles qui le recherchent : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. » (L’esprit des Lois, Montesquieu). Dans cette partie, on va donc parler de coups bas – mais pas de Cuba – et de bras longs – dommage d’ailleurs : cul bas et bras longs, on aurait pu s’étendre sur le singe-araignée et faire une pause zoologique plus que sociologique.
Il va de soi que si j’évoque et vais évoquer de nombreux points sur le sujet, c’est que je me suis trouvé un peu de tous côtés de la Scène : au-devant, comme beaucoup d’entre vous, auditeurs et spectateurs qui avez lâché vos deniers pour assister à un concert, acheter un skeud ou un DVD live, vous parer du T-shirt de votre/vos groupe/s préféré/s, mais aussi pas mal derrière, dans divers spots, surfant avec les individualités plus ou moins égocentriques et égoïstes. Après tout, qu’est-ce qu’un égoïste et égocentrique à part quelqu’un qui ne pense pas à moi ?… De manière à être le plus transparent, tout ce que j’écris depuis quelques temps et qui est publié sur ce webzine est gracieux, sur du temps libre, et c’est très bien ainsi : je propose, on dispose, ou pas, selon que ça apporte une plus-value. Dans le cas contraire… bah, rien à carrer, de toute façon, c’est fait, et c’est ma façon de fonctionner. On me laisse une carte blanche, si ce n’est pas pertinent ou opportun, ça reste fait quoiqu’il en soit et prend qui veut : je ne travaille pas « pour » mais « avec » des personnes et si ce contrat tacite venait à changer, je partirais, tout comme je ne recherche pas fortune et gloire, pour citer Indiana Jones et le Temple maudit. Vous vous doutez également que je ne suis pas nouveau dans le game mais que c’est une philosophie que j’applique depuis bien longtemps et qui est (théoriquement) entendue à défaut d’être contractualisée. Ça n’a pas toujours été le cas, sensiblement, ce qui fait que je suis sorti de pas mal de postes « dans l’ombre », dans les coulisses, parce qu’on n’était plus d’accord sur cet accord justement : intervieweur, co-organisateur, interprète, chroniqueur et j’en passe. Ce qui fait que j’ai vu, vécu et recueilli de nombreuses choses et témoignages qui, certes, ne sont pas une généralité mais se mentir en se cachant que ces problématiques existent et sont réelles, c’est juste s’aveugler.
Pour commencer – « enfin ! » diront certains, et je vous comprends, des fois je m’auto-saoule dans mes laïus, c’est même con que je ne touche pas de droits SACEM parce que je viens de rajouter du baratin pas utile qui me permettrait d’accumuler encore sur mon petit pécule – parlons des « gros », ceux qui savent qu’ils ont un poids et donc ont des exigences, qu’il faudrait peut-être faire redescendre de leur piédestal. Il y a bien évidemment (et heureusement) des managers, boss ou acteurs de grosses structures qui ont conscience de peser, mais aussi que leur poids n’est dû qu’à leurs « petites mains », très/trop souvent bénévoles, et qui rétribuent d’une manière ou d’une autre cette implication : une gratuité à un festival sur un certain temps pour assister au passage d’un groupe favori pour un bénévole (je ne connais pas forcément bien les contrats de ce type dans des gros fests mais si vous avez des éléments à apporter, je suis preneur), des distributeurs qui publient des chroniques d’albums de leurs poulains sur leur propre page web ou RS, des éditeurs qui envoient encore des CDs et pas un bundle de mp3 au son compressé et dégueulasse, des managers qui te laissent un temps suffisamment conséquent pour pouvoir faire une interview de fond et non de forme (promotionnelle). Mais ceux-ci ne sont qu’une minorité…
Saviez-vous par exemple – et c’est là toute l’ironie – que seuls les petits labels, voire les indépendants, sont les derniers à envoyer encore du format matériel et non du dématérialisé ? Et quand ces « indés » te présentent leurs excuses parce que c’est un coût pour eux de le faire et/ou ne peuvent que t’envoyer un bundle (excuses tout à fait légitimes), ils font l’effort de t’envoyer des formats *.flac, de bien meilleure qualité sonore… Des gros labels, dont le plus puissant en Europe, ne le font plus depuis belle lurette pour atténuer leur coût de fonctionnement, quand toi, chroniqueur, on te demande d’être déjà bien content de recevoir le « son » (j’utilise sciemment le terme, en m’appuyant sur une récente étude de l’évolution du spectre sonore et de la perte de dynamique depuis les années 90 afin de coller aux formats les plus rentables) gratuitement… et bosser gratuitement à faire la promotion d’un album… sans retour ni positif ni négatif – l’équivalent d’un « on vous paye en vues » que nombre de petits groupes pour lesquels le proprio du bar ou de la salle te refuse un cachet minimal voire un défraiement connaissent bien. Ah, au fait, il faut évidemment que vous en parliez positivement parce que si vous ne le faites pas, ouuuuuuh la la… vous vous attirez les foudres d’au-dessus, allant du simple blacklistage à la réprimande type « je veux parler à votre responsable », responsable qui sait qu’il risque aussi de perdre une source de visibilité en likes, vu que ledit distributeur au-dessus ne partage toujours pas ton travail gratuit… Ah non, pas gratuit, c’est vrai : il t’a envoyé du « son » gratuitement, lui… des fois sous la forme d’un… lien vers Youtube… mais si tu veux l’album en CD, achète-le, il est disponible pour la modique somme de…
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Passons aux interviews. En général, une interview, c’est formaté. Je suis bien conscient que ça repose sur un planning, promotionnel, que le temps t’est compté légitimement, que le groupe est ou peut être fatigué de sa campagne de com’ (va enchainer des interviews à longueur de temps avec les mêmes questions plus ou moins chiantes, redondantes, brossant dans le sens du poil, sans réel fond, « j’aime beaucoup ce que vous faites… bah, ça tombe bien, moi aussi… est-ce vraiment une information ou une question ? » !) Et tu as des managers qui font pas mal de zèle : des fois, tu en souris, avec éventuellement la complicité (bienvenue) du groupe qui vient se faire cuisiner, et des fois, tu as juste envie que le minimum de respect qu’on te doit comme questionneur gracieux et pas malveillant te soit accordé de manière naturelle, et tu te sens tenté, après ce type d’agression tacite, de transposer ledit énergumène en poster de ton groupe préféré – ou invité à répondre à tes questions – c’est-à-dire placardé et punaisé au mur… J’imagine ne pas être le seul intervieweur a avoir vécu ce genre d’expérience, allant jusqu’à l’annulation in extremis d’une interview (que tu as briquée pendant un long moment pour la rendre intéressante et pertinente) par ledit manager qui ne te fournit aucune explication, mais, si on omet les managers menaçants, par exemple « si je vois une goutte de picole, c’est annulé » allant jusqu’à inclure les petites mains (régisseurs, équipe technique, ouvreuse) dans leur équation anti-alcool, on a ceux bien intrusifs – et j’en ai eu quelques-uns, de groupes renommés – qui assistent de bout en bout à l’interview, interviennent comme un avocat, sont au qui-vive concernant une question qui sortirait du cadre ou pourrait avoir un effet potentiellement néfaste… Waaaaah… Infernal ! Frère, je connais mon boulot, j’ai aucun contrat signé avec toi, alors ferme bien ta gueule et retourne prendre une camomille au bar, ça te détendra le rectum… pète un coup, mon gars ! Heureusement, ce ne sont que quelques anecdotes et non une généralité mais ce qui m’a fait arrêter les rencontres avec les groupes dans ce type de cadre, c’est clairement l’évolution et la progression de ce type de mentalités (quand je n’ai que très, très peu de souvenirs négatifs – et probablement réciproquement – de groupes, y compris ceux que je ne connaissais que peu ou connaissais sans pour autant apprécier plus que ça leur musique – déçus ou mécontents ; en général, on regrettait mutuellement de ne pas avoir plus de temps à s’accorder pour papoter en longueur).
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Hep, toi ! Tu aimes assister à des concerts ? Tu as un smartphone plus ou moins dernier cri – ou plutôt « râle », si on s’en réfère au prix à casquer – et tu prends des photos ? Tu es donc photographe, non ?! Allez, j’ai besoin de toi pour un live report… Par contre, je vais décider quelles photos… et puis ce serait bien que tu investisses dans un vrai appareil photo… et je choisirai lesquelles je veux…
Si éventuellement, vous vous reconnaissez dans ce cas de figure… vous êtes une buse ! Une bonne grosse buse… D’une part parce qu’être photographe, ce n’est pas prendre des photos et, quand bien même, ce n’est pas un « talent » mais du « travail » (comme tout talent, d’ailleurs, cessons avec ce mythe). Donc ton travail mérite de la reconnaissance, à défaut de rétribution pécuniaire… Parlons un peu d’esbroufe, de poudre aux yeux, voire de perlimpinpin, expression désuète remise au goût du jour. « Oui, c’est sur internet/un RS, donc c’est gratuit, donc on peut l’utiliser comme on veut » … Ah ben non, en fait… Et cette mentalité de la gratuité du travail bénévole, qui plus est à fins commerciales, se fait grandissante, malheureusement : si un ou une photographe ne fait pas payer le fruit de son travail, il ou elle n’en démérite pas moins pour ce résultat partagé, pour lequel il ou elle aura passé du temps à le perfectionner et le rendre a minima potable, voire viser le plus intéressant et expressif… Donc qui que tu sois et quoi que tu fasses, tu lui dois respect et estime, pas utilisation frauduleuse ou abus de faiblesse/naïveté. Et le nombre de cas va croissant, de photographes soit professionnels soit amateurs mais qui bossent dur, qui se font spolier leur travail par des magazines, payants, sans véritable scrupule, qui soit « oublient » de te mentionner comme auteur de ladite photo, soit rognent carrément ta signature. J’ai entendu dernièrement ces mots : « tu m’étonnes que des photographes mettent désormais leur filigrane de signature partout sur la photo » … Oui… ça la salit et la rend bien moins intéressante du point de vue photogénique mais on en est là… Et celui qui argue que « c’est un milieu concurrentiel », oui, j’en suis conscient, et c’est bien pour ça qu’il reste très peu de magazines Metal au format papier, pour ne pas dire une poignée, parce qu’ils sont payants (contrairement aux fanzines, webzines, podcasts, vlogs ou autres) mais ceci n’interdit ni n’empêche d’avoir une éthique et une honnêteté, à défaut d’être journalistique, et ne pas jouer sur le tableau « pot de terre contre pot de fer », ni en « on vous revaudra ça », du flan pas si éloigné en bouche du gâteau au caca – on y revient toujours.
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Après les « gros », parlons maintenant des « petits »… comme ça on ne pourra pas me taxer de grossophobie métallique. Ce n’est pas un terme péjoratif mais un classement hiérarchique simple et factuel : il y a les petits qui en ont conscience, et ceux qui voudraient être des grands et agissent en conséquence, avec des dents plus ou moins longues à défaut de bras (et donc de chocolat). Qui/quel groupe ne rêverait pas d’être à l’affiche d’un Hellfest, de suivre un mood « et partout dans la rue, j’veux qu’on parle de moi, que les filles soient nues, qu’elles se jettent sur moi », que son album soit en top liste des charts, du billboard, en voie de disque de platine, de visibilité, de starification, de… de… de… ? Fortune et gloire, en somme… Sonnante et trébuchante… Vous avez alors deux possibilités assez simples, dans un milieu forcément très concurrentiel : qu’on reconnaisse – enfin – votre talent ou que vous ayez fric et contacts. La troisième, c’est l’option sale : les plus ou moins pires crasses pour arriver au sommet, AKA « coups de pute ». Je passerai les deux premiers cas, tombant le plus sous le sens pour, comme Ariel, soulever la crasse sans la re-déposer : on avait dit en début de partie « du lourd, du sale ».
C’est donc par un mythe que je vais ouvrir ce point de suture, « é qué s’appelorio » date-retour. Allez… je vous vois déjà esquisser un sourire, ceux des membres de petits groupes qui ont organisé un concert dans leur rade local (payés en vues sur Facebook, hein, bien sûr), essayant de monter un plateau cohérent en invitant des groupes plus ou moins de même niveau (si c’est plus, c’est mieux pour la visibilité de la date et des noms sur l’affiche), distribuant flyers et bossant sur la com (affiche and co.) avec l’once d’espoir que tout ceci sera bénéfique à leur propre groupe, tant pour le concert organisé de leur petites mains que… le match retour chez ceux qui ont été conviés… Alors cassons directement ces mythes qui abusent : la grande famille ne s’entend bien que si elle trouve un intérêt bilatéral à le faire. La famosa date-retour n’aura lieu que si vous êtes dignes, donc en odeur de sainteté ou de notoriété, bref que vous apportez une plus-value… sinon, zobi ! J’ai également côtoyé au fil des années, et dans un cadre soit de co-organisateur soit de groupe qui invite, des « on vous rappellera » qui sonnent occupés quand tu le leur rappelles, justement… Ahhhh cette naïveté… de parfois même faire revenir lesdits groupes dans un espoir toujours plus vain que leur notoriété va aller croissant en une « date-retour » … Je me demande bien pourquoi on contractualise tout désormais, y compris le cachet/frais de défraiement… Je déconne, hein : je sais.
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Tiens, on évoquait ci-dessus des organisateurs… Parlons-en, mais pas en bien ; même si « y eeeeen a des bieeeens ». Je ne saurais vous remettre en (douloureuse, pour certains et certaines) mémoire le #rendslesrunes qui a servi de blason au Ragnar Rock Festival, qui s’est barré avec la caisse pour la rouvrir en Espagne… une belle ouverture non d’esprit mais d’anus, comme celui qui avale une noix de coco fait confiance au sien. Attardons-nous plutôt sur ceux qui, comme la Clio première génération, veulent « avoir tout d’une grande » avec des niveaux de filsdeputerie parfois indécents et savoureux par la même occasion. Bon, je ne fais pas trop l’étalage sur les « petites » dates sur des « petits » plateaux qui te demandent de jouer gratos (on a déjà soulevé la crasse de la « visibilité sur internet/page Facebook » plus haut, pas la peine de pérorer), mais d’autres qui, par diverses magouilles stratégiques MAIS légales, finissent par évincer le crew fondateur pour s’approprier la création. « On n’est pas bien, là, à la fraîche, décontractés du gland ? » Et on niquera quand on aura envie de niquer… Parce que, oui, le cynisme peut aller jusque-là, même pour ceux qui s’en battent les valseuses : une orga consciencieuse est un cadre légal, généralement asso de type loi 1901 (but non lucratif), avec un CA soumis au vote, etc. Et comme dans tout vote, on aide à faire voter les membres, qu’on intègre petit à petit… et bam, ça fait des Chocapic, au caca(o) ! Si ce n’était pas si pathétique, ça en deviendrait presque magnifique, poétique comme un coucher de soleil sur un mitard… Vous doutez, je le vois… Si, si, ça existe un tel niveau d’enculerie… Allez, on soutient les petits groupes et la scène locale, siouplé ?!
« Où t’es, papa, où t’es ? » Avec tonton en train de picoler pour oublier… donc dans le public, à siroter des bières plus ou moins quali selon l’endroit où prend place le concert auquel vous assistez, et donc la qualité va decrescendo inversement à la taille… J’ai un vague souvenir de pisse appelé « mousse », même pas « roteuse » tellement elle était coupée à la flotte, dans un très grand festival, le Sonisphere en l’occurrence… Heureusement que les blagues pipi-caca bien beauf servent d’opium du peuple metalleux pour oublier ou ne pas faire penser qu’on fait partie d’une masse non pensante parfois, parce que l’ambiance est bonne et que « le Metal, c’est pas sérieux ». Certes, mais ce n’est pas pour autant débilitant que d’être bon enfant. Tiens, parlons des enfants en amenant à la table, et la conversation, les frangins qui viennent pour la bonne bouffe et l’amusement : à défaut d’amusement, quelques pains et/ou coups de latte dans la gueule, c’est le rituel Metal, quand il n’y a pas un cul à montrer à Yann Barthès, qui rend le metalleux imbécile et diffuse son image de crétin utile pour égayer le diner de con médiatique et confirme cette représentation véhiculée, telle celle d’un Gérard de Suresnes qui fait marrer le tout-venant avec un sentiment de supériorité, réjouit par l’humiliation sous couvert de bienveillance et d’inclusivité. « Et dire qu’il suffirait qu’on n’en achète pas pour que ça ne se vende plus… » Le problème attenant à cette démocratisation, le fameux paradoxe metalleux déjà évoqué du « on veut être visibles et reconnus mais pas mainstream et commerciaux », c’est la diversification du public. Sur certains aspects, ça me satisfait : qui a déjà regardé son voisin de salle ou fest en se disant « merde, il me ressemble carrément, c’est cool » en transposant sa réflexion en « merde, il ne me ressemble pas du tout… mais c’est cool qu’il soit là, je pourrai moi aussi faire de même et découvrir sa culture » ? Sauf que, qui dit intégration d’une culture ou dans une culture, dit acculturation et connaissance des codes (merci Bourdieu). Et c’est là que le bât (du front) peut blesser, surtout s’il chausse du 45 fillette… Si le bon sens et le respect immanent à la scène Metal veut qu’on pratique moshpits, circle pits, walls of death et autres joyeusetés confrontant la chaleur humaine à l’œdème, il est de coutume d’éviter d’éclater la tronche de son prochain qui ne pourra plus tendre l’autre joue, voire de le ou la ramasser s’il ou elle choit en plein centre d’une harde rugissante… ce qui n’est pas acquis par tous (là, je n’userai que du masculin), qui se diraient avec la simplicité de l’irrespect : « hé, les concerts de Metal, c’est cool, on peut montrer son cul à la télé et, comme Jésus, multiplier les pains ! » Anecdote : j’ai vu un mec faire du pogo et un mosh sur… du Maiden ! Pauvre de lui, heureux les simples d’esprits car le royaume des cieux (aussi appelé « tu sors de la salle, pépère ») leur appartient…
Heureusement que la frangine qui s’emmerde est à la table pour faire étinceler de sérieux par sa présence : elle va donc critiquer tout ce qui passe et ne trouver rien à son goût. Et donc se faire soit ignorer soit détester cordialement, et ce dans le respect des majeurs levés à l’encontre de sa personne humaine. Elle, c’est le snob de la famille… Parce que son goût est sûr, qualitatif, unique, et que, le reste, « c’est de la merde », ce qui va l’amener à dénigrer plus ou moins ouvertement, avec un mépris plus ou moins prononcé, tout ce qui n’est pas digne de ses attentes, de sa culture, la seule… Ça vous rappelle quelque chose ? Des affiches dans lesquelles seuls un ou deux sous-genres très apparentés sont présents, au détriment total de nombreux autres mais « on est ouverts à toute possibilité », le même propos seriné chaque année, la même promesse unilatérale de diversification… Pourquoi de moins en moins de plateau avec du Heavy, du Power, au profit de toujours plus extrême au point d’en devenir aberrant et incompréhensible (autant dire imbitable et proche du foutage de gueule) ? Ah, oui : parce que « c’est de la merde » … La famille…. Ou le clan dans toute son expression sectaire, finalement ?
« Bonjour ma cousi-i-neuh… Bonjour mon cousin germain… On m’a dit que vous m’aimiez : est-ce bien la vérité ? » Faisons de ce couple (probable) une section à part entière, la crème fouetteuse de ce propos. Car ils méritent leur place…
La cousine, c’est celle qui va voir un agresseur à chaque pilier de la tente, qui va scruter la foule en se disant que tout mâle présent est un potentiel agresseur, qui va donc passer un moment tellement enrichissant qu’elle te donne envie de revenir en sachant que si tu entres malgré toi dans son périmètre de sécurité, tu deviendras un frotteur/harceleur et plus si affinités. Je vais tempérer mon propos par du factuel : oui, ça existe et oui, il faut lutter contre (et ensemble, en « famille ») ce fléau ; n’importe quel lieu de spectacle, indoor ou open air, massif ou à jauge restreinte, devrait être naturellement un safe space pour quiconque y assiste, quels que soient les sexe, genre, attirance sexuelle, couleur de peau, religion, forme physique et autre. Ce n’est malheureusement pas le cas et il est intéressant et intelligent d’en faire état, comme dans n’importe quel autre type de rassemblement d’occasion, genre ou situation différente. Mais de là à en faire une généralité anxiogène pour toute personne qui pourrait potentiellement se sentir stigmatisée pour telle ou telle revendication d’appartenance sur un regard interprété sous un biais inapproprié, c’est non seulement contre-productif et ouvre la porte à toute forme de censure qui défierait la notion même de liberté d’expression qui sert de frontispice à la chapelle Metal, parce que « on sait jamais ». Par ce paragraphe, et même si je soutiens Médiapart dans leurs articles de fond, celui sur les agressions dans le milieu Metal est biaisé et survole totalement la question pour faire de quelques cas (indéniables) une généralisation et jeter l’opprobre sur toute une population culturelle parce que quelques-uns, plus véhéments et criant au loup, veulent appliquer leur diktat.
J’ajoute donc le cousin germain à l’équation, le SJW (Social Justice Warrior) qui se sent plus victime que la vraie victime. Est-ce que sa cause est noble ? Oui. Est-ce que la méthode l’est ? Non. Est-ce que la damoiselle en détresse a besoin d’un chevalier servant ? Non. Est-ce que faire de la pédagogie et non de l’agression sera plus constructif ?… Assurément… J’ai été associé malgré moi récemment à ce genre de situation, et je vous explique : ce type de conglomérat radical utilise très (trop) souvent des appellations franglaises en suffixe « ing », dans un langage abscons limite technocratique pour les initiés, et je ne sais même plus quel terme était employé sur le mur d’une connaissance de la Scène. N’étant pas dans le cénacle, je demande en commentaire la signification (simple) de ce terme. Je reçois la réponse, passive agressive d’un autre commentateur avec force de texte juridique, ce à quoi je réponds que la signification m’intéresse, pas la leçon de morale (je suis assez grand pour ne pas être teubé au point d’ignorer que tout type d’agression sexuelle est à la fois immoral et répréhensible… et n’est même pas envisageable de ma part mais bon, l’interlocuteur peut aussi ignorer ce fait, admettons). Damned, l’erreur que je n’avais pas commise : s’en est suivi un flot de commentaires malsains à base d’accusations de complicité et autre sous-entendu dégueulasse pour avoir simplement posé la question… Autant vous dire que je ne suis plus en contact avec cette personne… Mais autant je peux comprendre la raison qui peut pousser ce genre d’individus à être offusqué par ces problèmes qui, selon mon optimisme légendaire, ne trouveront jamais de fin malgré toute la bonne volonté et les actions mises en branle pour y parvenir, autant je peux refuser de me trouver moi-même agressé et calomnié. Vous vous ferez votre avis, je n’ai ni la Parole ni la science infuse (CQFD avec cette anecdote) mais peut-être qu’un peu de réflexion généralisée serait bien plus profitable que la meute aux abois prête à fondre sur la première proie facile, non ?
Et si finalement, le petit frère n’était pas dans le coup, à faire ses conneries et s’échapper en douce ? Après tout, foutre le bordel, c’est son truc… Le détonateur, celui qui ne prendra pas de pincettes mais ira à la pelle, ne servira certes pas de joint d’étanchéité pour joint de climatiseur de morgue – les VRAIS ont la réf’ – mais laissera fuiter les odeurs de putréfaction par amusement face au chaos, tel un Ulysse face à Polyphème qui lui dirait qu’il n’est « Personne » et donc peut se permettre de disparaître sans être vu, indicible, après avoir décimé tout le troupeau de brebis.
« Si, maman, si… Maman si tu voyais ma vie : je pleure comme je ris mais mon avenir reste gris… » Autant vous dire qu’arrivé au bout de ce bukkake familial, il est grand temps de parler à maman de sa famille dysfonctionnelle, qui fait bonne figure mais est incapable de se dire ses quatre vérités en face, préférant supporter des poids d’âne mort dans un silence assourdissant plutôt que de s’en libérer en posant sur cette même table maintenant débarrassée de ses accessoires futiles et décoratifs d’ambiance les cadavres, les squelettes dans le placard, finalement la vraie discussion, celle qui se doit d’avoir lieu pour se retrouver peut-être de nouveau dans un esprit plus sain et moins vicié par les arrières pensées. Oui, ça ne fait pas plaisir, oui, ça peut faire pleurer comme rire, mais ça permet de remettre la pendule familiale à l’heure. Nul n’est parfait, nul n’est irréprochable, c’est un fait : même les béatifiés ne sont pas épargnés. Mais si on faisait un vrai bon gâteau ensemble, enfin, et pas un truc peu ragoûtant avec une odeur et un arrière-goût de merde parce qu’on n’a pas su s’entendre sur la recette la plus cohérente pour faire de ce dessert une réussite ? Allez : à taaaaaable !
Ce long post est sponsorisé et vous a été proposé par l’Association des Protecteurs de la Cène de Léonard de Vinci. Et comme je suis sympa – ne vous déplaise – et que je fais plein de références au Metal dans sa globalité sans mettre ni son ni image, en voici quelques-uns et unes pour vous, ceux qui avez tenu jusqu’au bout sans couper jusqu’ici, offusqués par tant de gêne face au miroir. Que reste-t-il de nos amours, ces amours mortes qui n’en finissent pas de mourir ? La musique, fort heureusement…

« Si vous connaissez cette photo, c’est que vous lisez encore la presse papier… » – WvG