Genre : Black Death Sympho
Note : 90/100 (LB D)
Label : L’Ordalie Noire
Sortie : 20 décembre 2024
Trois ans après “Hope All Abandon”, Circles Ov Hell nous présente son deuxième album intitulé “Thus Began The Descent“. Le groupe Nantais, toujours composé de Damned à la basse, Alcinos à la guitare et Kratos au chant, accueille un nouveau membre en la personne d’Antoine Denis, qui rejoint l’équipe en tant que batteur. Formé à en 2018, les musiciens avaient pour idée de base de faire de Circles Ov Hell un groupe concept basé sur La Divine Comédie, l’œuvre de Dante Alighieri. Ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de cette œuvre dans le domaine du Metal, mais la particularité ici, c’est que les paroles conçues par Kratos ne sont ni plus ni moins qu’une adaptation des textes originaux traduits en anglais. Le cantique consacré à l’enfer (les deux autres étant le purgatoire et le paradis) comprend trente-trois versets, autant vous dire que quelques albums supplémentaires seront nécessaires pour explorer en profondeur ce psaume dédié à la résidence principale de Baphomet et de ses acolytes. Alors que le premier album, publié en 2021, se composait des quatre premiers chants du Cantique et de l’arrivée de Dante dans les limbes. Le deuxième sera lui, consacré aux trois chants suivants, invitant à suivre notre héros accompagné de Virgile durant leur périple à travers les cercles de la Luxure, la Gourmandise et l’Avarice. Trois des sept péchés capitaux.
L’album débute par une intro à base de chœurs symphoniques qui nous laisse le temps de nous familiariser avec le son. On rentre dans le vif du sujet dès les premières notes de “Minos”, et ça démarre très fort avec au menu un gros blast beat des familles accompagné d’un hurlement d’outre-tombe. S’ensuit une rythmique ainsi que des sections orchestrales à la fois énergiques et mélodiques, histoire de nous rappeler que Circles Ov Hell demeure avant tout un groupe de Black Death Sympho. La première surprise viendra du break fait d’orchestration et de chant démoniaque au sein du morceau, apportant ainsi une dimension plus progressive à la composition. À ma connaissance, ce type d’exercice est inédit de leur part, en tout cas, il n’est pas présent sur le premier album. Le thème musical du début sera repris pour conclure superbement ce premier titre, rappelant ainsi que l’influence majeure du groupe demeure celle des Norvégiens de Dimmu Borgir. Minos, c’est aussi le personnage de la mythologie grecque qui sera choisi pour orner la pochette de l’album. Cette magnifique œuvre d’art a été élaborée et dessinée par le talentueux Vincent Fouquet (Above Chaos). L’artwork représente le fils de Zeus à l’entrée des Enfers, et selon la mythologie grecque, c’est lui qui détermine dans quel cercle seront envoyées les âmes damnées pour y subir un tourment éternel.
“The Infernal Hurricane”, lui, se distinguera par son riffing thrashisant et l’alternance du chant, oscillant entre le growl et le vociférant caractéristique du Black Metal. Deux invités de marque sont présents sur cette œuvre, apportant chacun à leur manière une petite pierre à l’édifice. Tout d’abord, Adèle alias Adsagsona, chanteuse dans le groupe parisien de Houle, incarnant ici le personnage de Francesca da Rimini. Pour la petite histoire, Francesca da Rimini est l’épouse de Giovanni Malatesta, elle entretient une liaison secrète avec son beau-frère Paolo Malatesta. Lorsque son mari découvre cette infidélité, il poignarde les deux amants. Dans la Divine Comédie, cette tragédie est transformée en un mythe sur l’amour interdit et la damnation éternelle. Adèle surprend son monde dans ce rôle, avec une prestation vocale qu’on ne lui connaissait pas avec sa formation initiale. Le chant clair dont il est question est plutôt théâtral et lui va comme un gant, apportant ainsi une dimension mystique et horrifique au morceau. Par cette performance, elle démontre également l’étendue et la richesse de son registre vocal.
Le deuxième invité n’est autre que Fred, le chanteur du groupe ACOD, dont la renommée n’est plus à faire. Nous avions déjà eu un aperçu de sa performance lors de la diffusion en avant-première du clip de « Ciacco ». Cependant, replacé dans le cadre de l’album, ce titre acquiert une nouvelle dimension, notamment grâce à la complémentarité des growls des deux chanteurs, engendrant de la sorte un supplément d’énergie.
C’est une accélération du tempo qui nous attend sur “The Resurrection of the Damned” et “Plutus“, avec des synthés dépassant aisément les 120 BpM au moins, ils seront accompagnés dans cette effervescence d’une batterie à la cadence effrénée (Bon sang, mais quel batteur ce Antoine Denis !) Il n’hésite pas non plus à ralentir le rythme le temps d’un break, afin de nous permettre de reprendre notre souffle. Ces deux titres sont influencés par Septicflesh, en particulier par ses chœurs masculins, véritable marque de fabrique chez nos Grecs préférés. “Plutus”, c’est peut-être aussi le titre le plus marquant et le plus dynamique de l’album, le refrain “Pape Satan” vociféré à maintes reprises par Kratos finit par vous ravager tellement le cerveau qu’on en arrive même par le chanter sous la douche. On ramène la fréquence cardiaque à une cadence plus soutenable avec “Avarice and Prodigality”, où l’on retrouve l’alternance du chant, avec cette fois-ci l’une des deux voix légèrement plus stridente sur la fin de morceaux, évoquant le Dani Filth de qui vous savez.
En résumé, je dirais que Circles Ov Hell a brillamment réussi à passer le cap du deuxième album, confirmant ainsi tout le bien que je pensais de lui. Les titres se distinguent par leur identité propre et une plus grande diversité dans les tempos. Les dix titres se sont enchaînés à une vitesse folle et à aucun moment je ne me suis ennuyé. Je note également le travail remarquable sur les orchestrations et les parties symphoniques de la part de Nicolas Jeudy de Dark Fantasy Studio. Sans jamais tomber dans l’excès, elles sont parfaitement intégrées aux compositions et établissent un parfait équilibre avec les parties de musique extrême. Il est indéniable que des progrès significatifs ont été réalisés par rapport au premier album.
Malheureusement, son arrivée tardive dans l’année ne me permet pas de le classer dans mon TOP ALBUMS 2024, n’ayant pas eu le recul nécessaire pour l’analyser en profondeur. Mais est-ce réellement important après tout. L’essentiel, c’est d’avoir éprouvé un immense plaisir à l’écouter, à le décortiquer, à faire mes recherches sur la Divine Comédie afin de rédiger cette chronique. À un tel point que ce « Thus Began The Descent » m’a donné envie de redécouvrir l’œuvre de Dante Alighieri. Et si finalement, ce n’était pas ça le plus important ?
Tracklist :
01 – Thus Began The Descent (Intro)
02 – Minos
03 – The Infernal Hurricane
04 – Francesca Da Rimini
05 – Cerberus
06 – Ciacco
07 – The Resurrection Of The Damned
08 – Plutus
09 – Avarice And Prodigality
10 – The Muddy Marsh Of Styx
Line-up :
Kratos : Chant / Acilnos : Guitare / Damned : Basse / Antoine Denis: Batterie
Guests :
Fred (ACOD) – Chant sur « Ciacco » / Adsagsona (Houle) – Chant sur « Francesca Da Rimini »
Liens :
https://lordalienoire.bandcamp.com/album/thus-began-the-descent
https://www.facebook.com/circlesovhellofficial
https://www.instagram.com/circles_ov_hell/#