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NATTVERD – Tidloes Naadesloes (2025)

  • par

 Genre : Black Metal
    Label : Soulseller Records
      Date :  21 mars 2025  

Note :  92/100 (LB D)

Comme le bon vin, Nattverd s’est bonifié avec le temps : bien des choses ont changé chez eux depuis leurs débuts en 2017. Tout d’abord, leur musique a grandement évolué, le groupe est passé d’un Black Metal simpliste, brutal et sans compromis lors du premier album à un Black Metal plus sophistiqué, affinant ainsi son style pour le rendre plus accessible tout en restant fidèle à leurs racines norvégiennes. L’intégration de samples dans les albums suivants ainsi que la maîtrise des arrangements ont largement contribué à cette évolution. Bien que ces éléments demeurent présents en quantité modérée, leur efficacité demeure redoutable.

La production a également connu une progression constante, notamment grâce aux signatures successives avec différents labels en passant d’une réalisation “fait maison” à un contrat initial avec le label allemand Darker Than Black Records, puis avec le label français Osmose Productions, pour finalement signer chez les Néerlandais de Soulseller Records pour son dernier album en date, ce qui a par conséquent permis une augmentation des budgets alloués à la conception des albums successifs.

Enfin, l’effectif du groupe a lui aussi considérablement évolué au fil des années, d’un duo au début de leur carrière en 2017 à un quatuor en 2020, il est devenu un quintette dès 2021 avec l’arrivée d’abord d’un batteur de session, Anti-Christian, ancien matraqueur de fûts chez Tsjuder, puis de Renton en tant que membre permanent depuis 2023.

Tous ces petits ajustements et autres améliorations profitent indéniablement aux Norvégiens. Progressivement, Nattverd s’impose et voit sa popularité croître ; depuis deux ou trois albums, il est en passe de rejoindre le premier cercle des meilleures formations de ce qu’on appelle singulièrement le “True Norwegian Black Metal”.

*

L’exercice d’un nouvel album s’avère toujours délicat pour un groupe, Le succès (au moins d’estime) peut-être à portée de main ; toutefois, il peut également détourner vos fans de longue date, sans espoir de les remplacer, selon que l’album soit accueilli favorablement ou non. La majorité des groupes s’en foutent et je pense que Nattverd en fait partie, car ils poursuivent leur chemin avec détermination et ce n’est pas ce cinquième album qui va me contredire.

C’est la formation ayant enregistré I helvetes forakt qui s’est rendue en studio pour Tidloes Naadesloes. Cependant, à la surprise générale et au moment où j’écris cette chronique, le groupe s’est quelque peu désagrégé, seuls restent à la barre les membres fondateurs, les incontournables Ormr et Atyr. Mais que s’est-il donc passé ?

Pourtant, il n’y a rien à redire à ce nouvel opus : on y retrouve dès les premiers accords le Nattverd que l’on apprécie, avec ce parfait équilibre entre froideur, puissance et mélodie.

Mais avant d’attaquer le vif du sujet, je voudrais toucher deux mots de ce surprenant artwork. Cette main qui apparaît ou qui s’enfonce (à vous de vous faire votre propre avis), comme si elle voulait demander de l’aide. Non pas que cette pochette ne soit pas belle, mais elle n’est pas très en phase avec le style musical des Norvégiens. Elle pourrait davantage convenir à un groupe de DSBM qu’à une formation telle que Nattverd. Cela dit, ceci n’est que mon humble avis.

Sur ce cinquième album, les Norvégiens s’efforcent d’apporter une plus grande diversité dans leurs compositions, et nous avons un parfait exemple avec ce titre d’ouverture “Iskalde Horn”. Ce titre oscille habilement entre des passages brutaux allant jusqu’aux riffs Thrash en milieu de morceau, pour se conclure sur une tonalité nettement plus douce – enfin façon de parler hein ! De mémoire, une telle variation n’avait jamais été aussi marquée par le passé. 

On remarquera aussi la présence de nombreux titres mid-tempo, denses et froids, souvent ponctués par des accélérations fulgurantes. Le très entraînant “Doedsfugel”, avec son groove merveilleusement mélodique après un petit interlude en fond sonore. “Raatte Og Raatt” se distingue par sa densité et sa froideur, tout comme “Ens Egen Grav”, qui, en plus de ça, a la particularité de présenter de multiples changements de rythme. Ce titre clôture parfaitement cet album. 

Pour le reste, c’est du Nattverd pur souche, avec des compositions assez classiques mais toujours aussi redoutables. Les samples, devenus au fil du temps incontournables à la musique des Norvégiens, sont judicieusement sélectionnés et parfaitement intégrés.

On notera tout de même quelques titres bien sauvages sans aucun temps mort tels que “Med knieven I Oeyet” ou “Udyr”, où un travail conséquent sur les riffs de guitare vient littéralement nettoyer en profondeur les conduits auditifs, et ceux-ci vous détruisent les derniers neurones encore en activité. 

Nous avons également deux invités de marque bien connus de la scène norvégiennes qui viennent pousser la chansonnette : tout d’abord Hoest (Taake, Gorgoroth) sur “Iskalde Horn”, “Raatte Og Raatt” et sur la reprise de Dødheimsgard “Naar Vi Dolker Guds Hjerte”, puis Von Hellreich de Slagmaur sur “Doedsfugel”. Ces deux invités s’intègrent parfaitement dans le paysage sonore proposé : toutefois, il faut bien reconnaître qu’ils n’apportent pas grand-chose de plus aux compositions.

Alors, oui, cette œuvre m’a pleinement convaincu : la régularité est une fois de plus au rendez-vous. Elle se révèle à la fois brutale, implacable et mélodique, sans pour autant tomber dans l’excès de démonstration ou d’un trop plein de technique. Avec beaucoup de recul et un maximum d’écoute au compteur, je confirme que ce cinquième album constitue le digne successeur de I helvetes forakt.

À l’heure où nos glorieux anciens marquent le pas, B*rz*m n’existant plus, Mayhem, Emperor et Satyricon vivant sur leurs acquis en concerts uniquement, alors que Darkthrone et Dødheimsgard ne sont plus vraiment intéressés par le metal noir, Nattverd, en digne héritier, pourrait à l’avenir s’imposer comme le nouveau porte-drapeau du célèbre “True Norwegian Black Metal”. En tous cas, Tidloes Naadesloes incarne parfaitement l’essence même de ce Black Metal old school norvégien et contribue activement à la préservation de cette tradition.

Tracklist : 

01 – Iskalde Horn

02 – Doedsfugl

03 – For Aa Kunne Bli Doedt

04 – Hvisk Deg Vekk

05 – Raate Og Raatt

06 – De Sviande Ord Vaagar Ikje For Sitt Liv

07 – Udyr

08 – Med Kniven I Oeyet

09 – Naar Vi Har Dolket Guds Hjerte (Dødheimsgard cover)

10 – Ens Egen Grav

Line-up : 

Ormr – Chant

Atyr – Guitare

Aven – Guitare

Sveinr – Basse

Renton – Batterie

Guests : 

Hoest (Taake).

Von Hellreich (Slagmaur)

Liens : 

https://www.facebook.com/nattverdofficial

https://nattverdofficial.bandcamp.com

https://www.instagram.com/nattverdofficial

https://soulsellerrecords.bandcamp.com/album/i-helvetes-forakt

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