HELLFEST 2025 (Clisson, 44)
Texte : Seb D et Bruno Guézennec
Du 19 au 22 juin 2025
Jour 3 – Samedi
Vidéos : Bruno Guézennec
N’ayant pas sollicité d’accréditation, c’est en qualité de festivaliers que nos deux comparses, Bruno et Sébastien, ont arpenté les scènes du Hellfest édition 2025. Ils vous livrent ici leurs impressions.
Samedi 21 juin 2025
Bruno : De bonne heure et de bonne humeur, c’était un peu le leitmotiv de cette édition 2025 puisque je suis arrivé pour 10h30 sur site les vendredi, samedi et dimanche.
Journée facile pour moi en ce samedi 21 juin : des tentes, des tentes, des tentes… puisque je vais passer ma journée entre l’Altar et la Temple avec une seule petite incursion dans la Valley.
C’est simple pourtant : quand la programmation de la Temple est uniquement composée de groupe de Black Metal, il y a peu de chance que vous me voyez ailleurs ! Et pourtant il y avait du très solide dans la Warzone avec Pest Control, Nasty, Stick To Your Guns, Terror et Turnstile. Mais il faut faire des choix, on ne peut pas être partout, hélas.
VESTIGE
Bruno : 10h30, Vestige, les français investissent l’Altar pour son mélange de Metal Progressif/Shoegaze.
Le groupe ne met pas l’accent sur la vitesse mais plutôt sur les ambiances avec une musique planante mais qui n’oublie pas de devenir bien lourde et puissante. Le set est passé bien vite, ce qui est généralement bon signe.
Encore une formation à redécouvrir dans une petite salle pour les voir dans de meilleures conditions, bien que le son de leur prestation était tout à fait satisfaisant.
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Crédit vidéo : Bruno Guézennec
LUNAR TOMBFIELDS
Bruno : Ayant déjà vu le groupe à Querrien (29) en décembre 2024 avec les Canadiens de Miserere Luminis et Givre, je savais à quoi m’attendre : du Black Metal Atmosphérique. Pour ceux qui ne connaissent pas bien cet univers, le terme Atmosphérique ne signifie pas du tout de la musique douce et planante qui va permettre de vous aérer l’esprit en fumant un joint (enfin ça peut, mais pas là !).
Parce qu’il y a aussi le terme Black Metal qu’il ne faut pas oublier. Les Nantais vous chopent à la gorge d’entrée et ne vous lâchent plus jusqu’à la fin du concert, les mélodies sont bien présentes mais la force de frappe aussi. Ils savent embarquer les auditeurs, et spectateurs dans le cas présent, dans leur monde sombre tout en les brossant dans le sens du poil (ou du cheveu) avec de magnifiques parties de guitares.
Bref, j’ai passé un super moment, bien que trop court, avec un groupe de chez LADLO.
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Crédit vidéo : Bruno Guézennec
SYK
Bruno : Je m’en vais à la fin du concert et après une longue marche de près de… vingt mètres, sans me perdre, j’arrive dans l’Altar, qui, ô bonne surprise, est toujours là ! Des fois qu’ils l’aient démontée pendant le concert des Nantais, on ne sait jamais.
Ne connaissant absolument rien de ce groupe et ayant écouté à peine trente secondes d’une de leurs chansons, mais suffisamment pour me rendre compte que je préfère leur musique à celle de Majestica (MS2) et The Midnight Ghost Train (Valley), je débarque dans l’Altar pour assister à la fin des balances, avec un mec, et une fille, plutôt charmante, en petite jupette argentée, en train de s’époumoner dans un micro.
Ayant un peu peur de la caution « fille qui est là pour faire bien », (si, si, ça arrive, incroyable n’est-ce-pas ?!), j’attends pour voir ce qu’il en sera vraiment quand le concert commencera.
Ayant retrouvé Mémé Migou, nous assisterons ensemble à la prestation des Italiens.
Les musicos reviennent sur scène et nous balancent une sorte de Death Metal que l’on pourra qualifier de progressif, assez syncopé, avec certains moments qui me font un peu penser à Meshuggah (en beaucoup moins compliqué).
Le guitariste a un chant assez torturé qui convient parfaitement au style.
Et la jupette argentée alors ?! C’est joli de teaser, mais il faut donner des réponses !
Et bien cette fille, Dalida Kayros (également le nom de son projet solo), et qui apparaît comme guest sur le dernier album des Italiens, a une présence incroyable sur scène et a, elle aussi, une voix assez impressionnante.
Je reste un peu sur le cul devant leur show car je ne m’attendais pas du tout à un tel niveau.
Une des bonnes surprises, que ce concert de Syk : je n’avais aucune idée d’où je mettais les pieds et cela va rester dans mon top 10 ou 15 du Hellfest 2025.
Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences…
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Crédit vidéo : Bruno Guézennec
WITCH CLUB SATAN
Bruno : Avec Migou nous nous dirigeons vers la Temple pour du Black Metal. Parfait, c’est pour moi ça ! Là encore je n’ai pratiquement rien écouté de ce que produit le groupe. Je sais juste que ce sont trois femmes sur scène.
Elles déboulent avec des espèces de cornes de boucs en laine sur la tête et une sorte de haut de vêtement blanc avec une ouverture qui laisse apparaître leurs poitrines…
Je regarde Migou avec circonspection, mais elle a l’air moins surprise que moi. Ok, on a déjà eu les flamants roses de Trollfest hier, après tout pourquoi pas. Comment je disais déjà ? : “il ne faut pas se fier aux apparences”.
Le problème c’est que cette fois-ci les apparences étaient au niveau de leur musique. Je suis passé complètement à travers, le côté exhibition gratuite n’arrangeant en rien mon impression de groupe qui mise un peu trop sur le look et pas assez sur les compos, un vieux pain de la guitariste à la fin du troisième morceau ne faisant que confirmer mon sentiment. Un regard commun avec Migou me fait rapidement comprendre qu’elle aussi trouve ça pour le moins à chier.
Quand on a fait beaucoup de concerts avec quelqu’un, il n’y a même pas besoin de parler pour se comprendre. Et là, on était d’accord sur le fait que ce n’était vraiment pas terrible.
Si vous avez aimé ce concert, tant mieux pour vous.
Résultat je suis allé me prendre un truc à bouffer au Hellsnack qui se trouve juste devant les tentes et j’ai continué à écouter le concert d’une oreille distraite en me baladant entre l’Altar et la Temple et en mangeant mes grignottes de poulet. C’est pas extra mais ça cale bien, c’est pas cher et on est servi extrêmement rapidement (style dix secondes entre le moment où j’arrive et je repars avec mon pochon de bouffe). Migou quant à elle avait déserté les lieux depuis longtemps, c’est dommage, elle n’a pas pu assister au changement de tenues des musiciennes qui sont revenues avec un pantalon rouge et rien au-dessus !
Moi je m’en fous, j’ai filmé un titre du concert de Witch Club Satan pour mettre, comme tous les autres groupes, un extrait sur ma chaîne YouTube. Et bien vous savez quoi ? Trois semaines plus tard, la vidéo totalise plus de vues que celle de Pentagram, The Damned et Thy Catafalque réunis !
Lien vidéo WITCH CLUB SATAN :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
URNE
Bruno : Après ce qui reste le concert qui m’a le moins accroché du Hellfest 2025 – comme tout ce Report, c’est juste un avis personnel -, je continue mes va-et-viens Altar-Temple pour les Anglais d’Urne et, à l’inverse du show précédent, pas de fioriture, pas de mise en scène, juste des musiciens qui débarquent sur une scène et vous envoie leur Metal, à tendance progressive, dans la face pendant quarante minutes. Le son est bon, lourd et le trio garde la même intensité durant toute leur prestation.
Simple et bougrement efficace, on comprend mieux pourquoi ils sont devenus les protégés de Joe Duplantier (Gojira) qui a produit leur dernier album.
Lien vidéo URNE :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
MARS RED SKY
Seb : En cette troisième journée, l’arrivée sur site se fait durant le concert des Bordelais de Mars Red Sky. Le soleil cogne encore très fort et la musique pratiquée par le groupe s’accorde plutôt bien avec cette chaleur. J’avais déjà eu l’occasion de les voir sur scène lors du Motocultor en 2015 et ils m’avaient fait forte impression. Il faut dire que leur Stoner a tendance psychédélique a tous les atouts pour embarquer l’assistance vers un voyage astral et cosmique. La voix douce et haut perchée de Julien, le chanteur guitariste, peut être déstabilisante au début mais se fait vite envoûtante. Parfait pour débuter la journée.
S’ensuit le rendez-vous annuel à ne pas manquer : l’apéro MUSinc. En effet, chaque année, Greg, le créateur de la chaîne YouTube du même nom, profite du Hellfest pour rencontrer sa communauté. C’est toujours un plaisir de pouvoir discuter avec lui et d’autres personnes le suivant sur ses différents réseaux.
TRYGLAV
Bruno : Retour dans la fournaise de la Temple, entre 40° et 45°C minimum, devant la scène… Bon, ce n’est pas qu’il fait moins chaud dans l’Altar mais j’ai l’impression qu’il y a un petit peu plus de courant d’air grâce à une bâche ouverte sur le côté gauche.
Excellente prestation de Tryglav, malgré un son pour le moins brouillon en partie dû à une double grosse caisse réglée à un volume débile et qui couvre les autres instruments. Tous les ans c’est la même chose, tous les ans on se plaint du même problème et l’année suivante ça recommence. Un peu pénible à la longue et ce n’est hélas pas propre au Hellfest : dans les autres fests, c’est régulièrement la même chose.
À part cela les Croates assurent, leur Black Mélodique fait le job et le fait très bien.
À revoir en tête d’affiche d’une soirée pour pouvoir en profiter plus longtemps.
Lien vidéo TRYGLAV :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
WITCHFINDER
Seb : Je pensais aller voir ensuite les Ukrainiens de Stoned Jesus mais un problème logistique ne leur permet pas d’arriver à l’heure pour honorer leur créneau de jeu. Ce sont donc les Français de Witchfinder qui les remplacent au pied levé. Stoned Jesus jouera plus tard dans la cage de la Purple House. Je ne reste pas car un ami vient d’arriver sur le site et il me propose de le rejoindre sous l’Altar.
VULTURE INDUSTRIES
Seb : Et sous l’Altar, ce sont les Norvégiens de Vulture industries qui se produisent. Pas vraiment ma came, j’écoute donc d’une oreille distraite, n’accrochant pas vraiment le son qui vient chatouiller mes conduits auditifs.
Bruno : Quand le chanteur déboule sur scène avec son accoutrement classe (costard noir, cravate rouge, sa canne et son chapeau), mais un peu bizarre pour un concert de Metal, il me fait tout de suite penser (physiquement) à Reuno, le chanteur de Lofofora ; ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça et puis c’est tout.
Le Metal un brin progressif des Norvégiens ne m’a pas emballé, je ne suis jamais rentré dans ce concert. Ce n’est pas que j’ai trouvé cela déplaisant mais un peu plat et la voix du chanteur ne m’a pas vraiment transcendé non plus. Ce dernier souffrait visiblement de la chaleur ; en même temps, on ne l’oblige pas à porter un costard par plus de 40°C.
Je ne m’étendrai pas car je n’ai pas grand-chose à dire de plus, je n’étais ni pour ni contre, bien au contraire (pour paraphraser un humoriste célèbre).
Lien vidéo VULTURE INDUSTRIES :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
D-A-D
Seb : Direction la Mainstage pour aller assister à la prestation des Hard Rockers de D-A-D. Les yeux se tournent naturellement vers son facétieux bassiste Stig Pedersen avec ses étranges basses à deux cordes. Au final un concert sympathique, sans plus, et qui a du mal à capter l’attention sur la longueur. En plus, ils n’ont pas joué mon titre préféré “Reconstructed”. Dommage.
AGRICULTURE
Bruno : Un des groupes incontournables de mon Hellfest 2025. Je suis les Californiens depuis la parution de leur premier EP en 2022 et de cette vidéo un peu étrange (avec un cochon) du magnifique titre « The Circle Chant ».
Le groupe arrive sur scène et niveau look : si on ne connaît pas les ricains, on parierait sur n’importe quel style sauf du Black.
Le guitariste de gauche arbore une très belle chemise à fleurs et le batteur, des rouflaquettes. Ce n’est pas très Black Metal, ça, ma bonne dame !
Musicalement par contre, fini la rigolade : ça envoie du lourd, malgré la structure et le style des morceaux qui sont assez atypiques. C’est sûrement ce qui fait le charme de ce groupe, ils ne sont pas comme les autres.
Les morceaux oscillent entre des passages un peu tordus/déstructurés où le public ne sait pas trop comment réagir à des moments planants de beautés intenses suivies par les solos inspirés de Richard Chowenhill (dit « chemise à fleurs »).
La chanteuse/bassiste met la touche finale à ce tableau avec son style agressif et une voix à l’avenant.
J’attendais beaucoup de cette prestation et j’ai eu exactement ce que j’espérais.
Ce groupe est un peu à part dans l’univers Metal.
Lien vidéo AGRICULTURE :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
PERSEFONE
Bruno : Série de pas-chassés sur la gauche pour retourner une fois de plus sous l’Altar (oui, j’aime bien me déplacer en pas-chassés, ça me rappelle les cours de gym quand j’étais en primaire et les entraînements de mon club de basket plus tard).
Un groupe de la principauté d’Andorre au Hellfest, je ne crois pas me tromper beaucoup en disant que ça n’arrive pas tous les ans. Persefone propose un Death Progressif plutôt technique (c’est souvent le cas quand il y a « progressif » dans le descriptif d’un groupe).
Malgré cela, n’allez pas croire que les titres sont de longues œuvres interminables. S’ils en ont qui dépassent les dix minutes, la majeure partie sont des morceaux qui oscillent entre trois et six ou sept minutes. Assez standard donc.
Et si vous rentrez dans leur « trip » vous allez passer un très bon concert ; c’est ce qui m’est arrivé : gros son, bonne présence du chanteur, bonnes mélodies, c’est amplement suffisant pour moi.
Lien vidéo PERSEFONE :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
CONAN
Seb : Tiens ! Et si on se prenait un gros coup de massue dans la tronche avec un bon Doom des familles ?! C’est exactement ce que je suis allé faire en rejoignant la Valley pour assister au set des Anglais de Conan.
Tels des coups de masse, chaque riff du trio vient nous écraser pour nous enfoncer un peu plus dans le sol avec leur musique douce comme le pas lourd d’un pachyderme. Je serais bien resté tout le long mais je préfère abréger. Non pas que la qualité ne soit pas au rendez-vous (bien au contraire) mais le groupe que j’attends le plus ne va pas tarder à se produire et j’aimerais, si possible, me placer tout devant.
SPECTRAL WOUND
Seb : Dire que j’attendais le set des Canadiens de Spectral Wound relève du doux euphémisme. Leur dernier album Songs Of Blood And Mire m’avait plu à tel point qu’il avait fini en tête de mon top album 2024. Des amis les avaient vus à l’Inferno Festival à Oslo au mois d’avril et m’en avaient dit le plus grand bien. Je suis à l’avant-poste, prêt à me prendre cette débauche de violence en pleine face.
Et le programme est respecté. Leur Black Metal sauvage et sans retenue est d’une beauté rare. On y retrouve l’héritage des pionniers du genre. Mais, ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas de bourrinage bête et méchant : les mélodies en tremolo-picking viennent vous chatouiller l’oreille et amènent la petite touche qui rend leur musique irrésistible. Tous les regards convergent naturellement vers Jonah, le chanteur, bête de scène charismatique au possible. Quelle mandale !
Bruno : Suite de cette formidable journée passée sous le signe du Black Metal dans la Temple, avec Spectral Wound.
Je retrouve Sébastien – ou lui me retrouve, je ne sais plus – et nous nous installons devant la scène pour assister à la prestation des Canadiens.
On ne dira jamais assez de bien de la scène Black canadienne… Le livret du Hellfest présentait ainsi le groupe : « Aussi glacial que le grand froid québécois… » Bon, je dois avouer qu’avec environ 45°C devant les barrières, je n’ai pas vraiment senti le « grand froid québécois » !
Qu’importe, le quintette a livré un show de grande qualité. Une voix bien black d’écorché vif, des titres qui ne retombent jamais en intensité. Les Canadiens bénéficient d’une plage horaire de cinquante minutes, la première de la journée, les plage horaires du samedi se répartissant comme suit sous les tentes et sur Warzone/Valley :
- quatre de trente minutes
- deux de quarante minutes
- trois de quarante-cinq minutes
- trois de cinquante minutes
- six d’une heure
(en dehors des MS ou les têtes d’affiche jouent jusqu’à une heure trente).
Cinquante minutes étant largement suffisantes pour présenter son œuvre, même si j’aurais été partant pour dix ou vingt minutes de plus tant le concert de Spectral Wound m’a plu.
Sébastien et moi nous sommes reculés d’une quinzaine de mètres vers la fin du concert pour profiter d’une température un peu plus clémente et d’un petit filet d’air qui passait par là. Quand je dis plus clémente, c’était quand même largement au-dessus des 36/38°C.
Lien vidéo SPECTRAL WOUND :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
GRIMA
Bruno : La triplette suivante Peyton Parrish, My Sleeping Karma et Wheel ne m’emballant pas plus que cela et parce qu’avec ces températures il faut savoir un peu s’économiser, je décide de prendre ma seule pause de la journé, pour m’asseoir contre une barrière dans le fond de la tente. Parce que, mine de rien, même si j’ai déjà vu dix concerts non-stop, il en reste encore sept à venir avant la fin de la journée et pas des moindres, à commencer par une des grosses attentes du week-end : Grima.
Même si les conditions d’une énorme tente comme la Temple, en plein jour, sous plus de 40°C, n’étaient pas optimales, le show des Russes fut en tout point sublime en dépit d’une double grosse caisse là encore réglée beaucoup trop fort (il me semble que j’ai déjà évoqué le problème !)
Sombre, inquiétant avec ses tenues et ses masques, le groupe des frangins Sysoev sait poser les ambiances comme avec la chute de flocons de neige pendant « Enisey » et sa mélodie envoûtante. Effet simple mais tellement efficace. Que dire de l’arrivée sur scène du chanteur avec son sceptre, ses avant-bras en branches et toujours son masque en bois sur « Siberian Sorrow ».
Grima enfoncera le clou avec « The Shrouded in Darkness » dont les quatre dernières minutes sont juste exceptionnelles.
Un grand concert des Sibériens, un grand moment du festival.
Petit message aux mecs qui ont trouvé le moyen de slammer pendant un concert de Grima : « Allez bien vous faire cuire le cul !!! »
Seb : Sur le chemin qui me mène de nouveau à la Valley, je décide de me désaltérer avec une bière. Une fois le breuvage en main, j’hésite : que fais-je ? Je suis mon programme et je vais voir My Sleeping Karma avec le risque de subir sous un cagnard abominable, quitte à passer à côté de la prestation ou est-ce que je me pose à l’ombre ? À contre-cœur je choisis la seconde option ; il est parfois important d’écouter son corps.
Après ce moment régénérant, retour sous la Temple où les Russes de Grima vont tenter de souffler un vent de fraîcheur avec leur Black Metal Atmosphérique tout droit venu du fin fond des forêts sibériennes. Ayant déjà vu la formation l’année dernière en salle (au Ferrailleur à Nantes), je sais d’avance que je vais passer un très bon moment et que le groupe va gagner le cœur de nouveaux fans.
L’affluence est importante, signe que les Russes gagnent en notoriété à chaque nouvel album. Cela n’est pas le fruit du hasard, la troupe tournant sans relâche. Les jumeaux Sysoev, à la tête du projet, ont créé un univers très marquant avec leur cape et leur masque en bois.
L’effet est absolument réussi, à tel point qu’on croirait voir des arbres prendre vie, lesquels se seraient saisis d’instruments pour nous compter la rudesse du climat glacial. Durant le show, la projection de mousse pour faire un effet de neige fonctionne du tonnerre et finit par embarquer les derniers sceptiques dans leur univers. Je dois avouer que Nightside, leur dernier album en date, m’avait moins plu mais, en live, ce groupe reste d’une efficacité redoutable.
Lien vidéo GRIMA :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
THE OCEAN
Bruno : Du Black sous la Temple et une belle série de pointures du Metal Progressif sous l’Altar avec Persefone / The Ocean / VOLA et Leprous. Pas mal, non ?
Ce sont les Allemands qui nous intéressent pour le moment avec une prestation plutôt attendue si l’on en juge par le monde qui a investi la tente. Au chant, Loïc Rossetti, toujours aussi à l’aise et qui n’a pas perdu de temps puisque, dès le premier morceau, il slamme, pour finir debout, porté par le public, tout en continuant à chanter et même à prendre le téléphone d’un spectateur pour faire un petit film souvenir.
Pas trop de surprise pour moi : lors de leur prestation de 2019 dans la Valley, c’est vers moi qu’il s’était précipité (j’étais à la barrière) pour se jeter dans le public.
Le Post Metal Progressif de The Ocean recueille une belle ovation. C’est mérité, le talent du groupe n’est plus à démontrer que ce soit sur disque ou en live. Une valeur sûre de la scène Metal.
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Crédit vidéo : Bruno Guézennec
SAVATAGE
Seb : Attention, légende ! Savatage reprend du service pour une tournée mettant fin à dix ans de silence scénique. Les musiciens ne sont pas restés inactifs durant tout ce temps car ils tournent non-stop outre Atlantique avec le Trans Siberian Orchestra, grosse locomotive au succès colossal. Zack Stevens au chant, Al Pitrelli et Chris Caffery aux guitares, Johnny Lee Middleton à la basse et Jeff Plate derrière les fûts. Le line-up a de quoi faire rêver. Un grand absent tout de même, et non des moindres : Jon Oliva, le boss et membre fondateur qui n’a pas pu se joindre à cette tournée pour raisons de santé.
Qu’importe, les membres présents vont faire honneur au répertoire du groupe avec des titres de la trempe de “Gutter Ballet” et “Hall Of The Mountain King” sur une scène dépouillée de décor, si ce n’est le logo du groupe en arrière-plan sur écran géant. Mais l’essentiel est là : la musique. Dommage tout de même que le titre “Dead Winter Dead” n’ait pas été joué. Il est navrant de remarquer qu’une telle prestation n’ait ramené qu’un si maigre public devant une Mainstage à cette heure-là (entre 19h35 et 20h30). Les absents ont toujours tort.
DEAFHEAVEN
Seb : La suite se passe sous la Temple afin d’assister, pour ma toute première fois (tou-toute première fois ! #referencedevieux), à la prestation des Américains de Deafheaven. C’est aussi l’occasion de voir si la réputation du groupe n’est pas usurpée. J’ai plutôt tendance à me méfier des formations “tendance” (justement). Je ne vais pas être déçu : quelle mandale ! C’est sans aucun artifices que la formation se présente devant nous en nous servant son Blackgaze d’une qualité phénoménale. Jouant sur la rapidité et la violence du (Post) Black Metal tout en alliant des mélodies à la beauté enchanteresse, les Californiens vont me transporter pendant l’heure de jeu qui leur est allouée. George Clarke, le chanteur, est une vraie pile sur scène. Plus proche du chanteur de Hardcore dans l’attitude que du blackeux standard, il nous sert des vocaux criards à s’en arracher la gorge. Un set tout en intensité pendant lequel on ne s’ennuie pas une minute. Le groupe mérite son statut de référence absolue dans le genre, c’est incontestable.
Bruno : Encore une grosse attente de ma part. La programmation de ce samedi était vraiment faite pour moi.
Les ricains ayant sorti un album pour le moins convaincant, l’attente là encore était grande.
Une nouvelle fois je n’ai pas été déçu ; mieux, je place même ce concert parmi les grosses réussites de l’édition 2025.
Les titres sont longs, souvent plus de sept minutes, et ne retombent que très rarement en intensité, et le plus souvent c’est pour repartir encore plus fort.
Le groupe vous embarque dans son Blackgaze : par moment, il suffit juste de fermer les yeux et, si vous vous laissez transporter, cela peut vous mener très loin.
C’est ce qui m’est arrivé au fur et à mesure du show. Chaque nouveau titre ajoutant l’impression que j’étais en train d’assister à un super concert.
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Crédit vidéo : Bruno Guézennec
VOLA
Bruno : Toujours eu un petit faible pour ce groupe danois, notamment grâce à leurs deux premiers albums, Inmazes (2015) et Applause of a Distant Crowd (2018). Il y a un je-ne-sais-quoi de classieux chez cette formation et la voix du chanteur Asger Mygind y est sans doute pour quelque chose.
VOLA a fait ce qu’ils font le mieux, un Metal Progressif très mélodique – j’ai dit mélodique pas mou – et malgré le fait que les albums que je préfère se soient retrouvés être les parents pauvres (très pauvres même) de leur setlist, le résultat final était amplement satisfaisant à mes yeux (enfin oreilles surtout).
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Crédit vidéo : Bruno Guézennec
JUDAS PRIEST
Seb : Encore Judas Priest ? On pourrait en dire de même pour Scorpions qui jouera juste après, non ? Mais, que voulez-vous : quand c’est bon, c’est bon ! The Priest is back in Clisson et il est dans une forme olympique ce soir. Rob Halford et ses compères vont mettre à l’honneur l’album Painkiller sorti il y a trente-cinq ans, avec pas moins de sept titres sur les quatorze joués durant ce set. Les classiques dudit album sont là : “A Touch Of Evil”, “Hell Patrol”, “Night Crawler” et bien entendu, le classique parmi les classiques “Painkiller”, durant lequel le Metal God, en se pliant sur lui-même pour atteindre les notes plus aiguës, fera honneur sans avoir à rougir. C’est pourtant un morceau exigeant vocalement parlant (et musicalement aussi d’ailleurs) : sortir de telles notes à soixante-treize ans, chapeau bas ! Les musiciens ne sont pas en reste : la section rythmique (Ian Hill à la basse et Scott Travis à la batterie) assure une base solide pour que les gratteux nous régalent de leurs riffs légendaires et de leur battle de solos mythiques. Andy Sneap est de plus en plus à l’aise mais c’est le génial Richie Faulkner qui fait le show. C’est en grande partie grâce à lui que la légende du Heavy Metal vit une seconde jeunesse.
Le son est puissant et excellent, et les projections sur écran habillent merveilleusement bien l’ensemble. Les flammes sur le site du Hellfest magnifient le tout pour une immersion totale dans le show. Les tubes ne sont pas oubliés : “You’ve Got Another Thing Comin’”, “Breaking The Law”, “Hell Bent For Leather” ou encore “Living After Midnight”. Même les titres du dernier album (trois extraits) se fondent parfaitement dans la setlist tel un “Giant In The Sky” tubesque.
À la sortie de cette prestation, il n’y a rien à dire sinon que Judas Priest vient clairement de rafler la mise. Ce soir, la tête d’affiche, c’était eux, c’est indéniable. Des patrons !
ABBATH
Bruno : C’est donc le cœur léger, youpi youplala, mais les jambes lourdes que je me dirige vers l’antépénultième concert de la journée.
Troisième participation au Hellfest pour le fantasque Abbath, mais cette fois çi pour une prestation qui repose entièrement sur des titres de son ancien groupe : Immortal.
D’abord les lights : c’est tout rouge, après c’est tout bleu, après c’est tout blanc, c’est redevenu tout rouge avant de redevenir tout bleu… le tout avec beaucoup de fumigènes et les spots étant bien sûr dirigés vers la gueule des spectateurs, des fois que l’on ait réussi à apercevoir autre chose que des ombres chinoises. J’avoue que ça me saoule de plus en plus cette manière de procéder.
Pas assez toutefois pour me gâcher le plaisir du concert, parce qu’Abbath qui reprend du Immortal, ça envoie du bois. Le set est violent, sans temps mort ni blabla inutiles et le final « The Sun No Longer Rises » + « Stand The Fall Of Time » achève tout le monde.
Respect.
Seb : Petite incursion sous la Temple pour prendre le set d’Abbath en cours. Le Norvégien est présent à Clisson dans le cadre de sa tournée “Doom Occulta” où il reprend uniquement des titres de son ancien groupe Immortal. Une véritable aubaine de pouvoir réentendre tous ses tubes en live qui, pour une partie d’entre eux, sont inscrits à jamais au panthéon du Black Metal. Le son plutôt fort n’est pas optimal, la faute à une reverb un peu trop présente à mon goût, mais cela n’entame pas le plaisir de se délecter d’hymnes tels que “Mountains Of Might” ou “Blashyrkh (Mighty Ravendark)”.
Lien vidéo ABBATH :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
RUSSIAN CIRCLES
Bruno : Ma première et seule incartade de la journée hors des tentes pour assister au show de Russian Circles dans la Valley. J’aurais pu rester et voir Leprous, mais j’avais déjà vu les Norvégiens en 2022 et jamais les Américains. Ah, oui, ils ne sont pas vraiment Russes, contrairement à Grima. Je choisis donc la nouveauté (pour moi).
Le temps de faire le trajet, il y avait déjà énormément de monde dans la Valley qui, avec sa scène sur la gauche quand on arrive, est toujours aussi mal foutue. Ça fait trois ans que ça dure, il va réellement falloir la positionner face à la Warzone, ou au fond quand on arrive pour ceux qui ne situent pas bien le truc.
J’arrive à m’approcher suffisamment pour avoir une vue acceptable, mais pas assez pour prendre une vidéo dans de bonnes conditions et, comme je ne lève jamais mon téléphone au-dessus de ma tête pour filmer, et bien tant pis : on fera sans le petit souvenir.
Le groupe de Chicago est un trio instrumental, ce qui peut vite devenir casse-gueule comme exercice, certains s’ennuyant assez rapidement quand il n’y a pas de frontman.
Ce n’est pas vraiment mon cas si toutefois le groupe occupe l’espace sonore pour ne pas que l’on sente le vide occasionné par l’absence de chanteur, ce que fait très bien Russian Circles. Même si je ne ferais pas 200 km pour les revoir en concert.
La setlist est suffisamment étoffée et variée pour que l’on ne trouve pas le temps trop long.
TURNSTILE
Seb : Je décide de rejoindre la Valley dans l’optique d’assister au show des Américains de Russian Circles mais je déchante vite face à une foule énorme. Tant pis, j’en profite pour bien me placer pour le concert suivant, celui de leurs compatriotes de Turnstile, groupe dont la hype est au plus haut. Je déchante vite face à un son faiblard qui m’empêche de rentrer dans le concert. Ça manque clairement de patate. Je décroche au bout de trois titres et quitte la Warzone qui continue à faire le plein, car je m’ennuie sévère. Alors ? Turnstile ? Groupe surcoté ou c’est tout simplement moi qui passe à côté d’un truc ? Sûrement un peu des deux.
Ayant déjà vu le show de Blood Fire Death l’année dernière au Beyond The Gates, je décide de quitter le site pour regagner le campement. Ce n’est qu’une fois à l’extérieur, lorsque je passe derrière les Mainstages, que je me rends compte que Dream Theater est actuellement sur scène. J’avais complètement zappé ça et regrette instantanément de ne pas avoir jeté un dernier coup d’œil sur mon running order avant de partir. Dommage.
BLOOD FIRE DEATH
Bruno : Un hommage à Quorthon/Bathory par des anciens membres et des pointures de la scène Black Metal : Gaahl (Gaalh’s Wyrd), Erik Danielson (Watain), Apollyon (Aura Noir) et Grutle (Enslaved) qui se succèdent au chant, on a fait pire comme line-up !
Et le résultat est à la hauteur des espérances, un son satisfaisant, une setlist solide et un public qui semble être plutôt de connaisseurs (du moins dans les premiers rangs, plus loin je ne sais pas).
À noter au quinzième/vingtième rang (environ), une personne qui a tenu pendant tout le concert, au bout d’une tige de trois mètres de haut, un drapeau représentant l’arc-en-ciel du mouvement LGBT+.
Je ne sais pas si c’était pour embêter Faust, le batteur du groupe, emprisonné pour le meurtre d’un gay en 1992 et qui a purgé sa peine de prison, ou pour saluer Gaahl, ouvertement homosexuel, et qui a reçu le soutien de Faust quand il a fait son coming out. Les choses ne sont pas toutes blanches ou toutes noires (même s’il s’agit de Black Metal).
Situation étrange, mais pas sympa pour ceux qui se trouvaient derrière et qui ont eu une partie de la scène cachée à cause du drapeau. Quel que soit le drapeau, c’est toujours une mauvaise idée d’en brandir un pendant un concert, il ne faut pas être égoïste et penser à ceux à qui vous bouchez la vue (il m’est arrivé la même chose durant le concert de VOLA avec une fille qui brandissait un drapeau ukrainien – je crois – juste dans l’axe de la scène).
Parfait comme concert de la fin d’une journée placée sous le signe du Black Metal.
Lien vidéo BLOOD FIRE DEATH :
Crédit vidéo : Bruno Guézennec
