Cette année 2023 marque la vingtième année d’existence du label français Debemur Morti Productions. Vingt années consacrées à mettre en avant des artistes avant-gardistes de la scène extrême, vingt années d’un travail passionné (et passionnant) pour proposer des supports sonores et graphiques de grande qualité.
2023 a d’ores et déjà été une année riche de belles sorties pour Debemur Morti : pensons, entre autres, au troisième volet du triptyque de Aara ou au nouvel album de Blut Aus Nord. En guise de surprise, le label nous propose ici le premier album d’un tout nouveau groupe formé par des artistes emblématiques du label français. Ce groupe c’est Eitrin, nom qui reprend celui de la société mère de Debemur Morti Productions.
Aux manettes, excusez du peu, on retrouve l’incontournable Vindsval, extrêmement créatif ces derniers mois avec l’album de Blut aus Nord, bien sûr, mais aussi le projet Ershetu ou encore sa participation à un titre du dernier opus de Sühnopfer. Au chant on retrouve Marion, chanteuse et âme pensante de Mütterlein. Enfin Dehn Sora (Throane et graphiste phare de Debemur Morti), complète cette dream team ou cette nightmare team si vous préférez.
Comme on pouvait s’y attendre, la rencontre des trois univers de ces musiciens a donné naissance à une nouvelle hydre musicale évoluant dans les confins les plus sombres d’un metal extrême hybride aux atmosphères baignées d’atmosphères empoisonnées.
De poison, il est d’ailleurs beaucoup question dans cette œuvre puisque chaque titre porte le nom d’une substance toxique : ricin, sarin, cyanide, phenol, arsenic, muscarine ou curare. Vous aurez donc l’embarras du choix.
Incontestablement Eitrin laisse le sentiment que ces trois artistes étaient faits pour se rencontrer, il n’y a pas d’autres mots pour le dire. Les lignes sous-accordées et dissonantes de Vindsval associées aux atmosphères mystérieuses et délétères de Dehn Sora confèrent à Eitrin l’allure d’une immense et sombre masse menaçante et malaisante. De ce canevas de noirceur émerge, avec rage, la voix rauque et si expressive de Marion Leclercq qui hante littéralement l’œuvre de ses imprécations.
Avec un côté très cinématique, l’album progresse de manière reptilienne, peu à peu il s’enroule autour de tout ce qui existe comme pour étouffer les derniers cris qui résonnent encore dans ce monde dont il est en train de s’emparer.
Explorant et liant divers horizons musicaux des musiques sombres et extrêmes, Eitrin ne parlera pas forcément à tout le monde, mais incontestablement il s’affirme d’ores et déjà comme une entité digne du plus grand intérêt et une synthèse parfaite de l’univers construit par Debemur Morti depuis cette vingtaine d’années. Un cadeau délicieusement empoisonné.
Tracklist :
1. Ricin – The Bloody King of All Poison
2.Sarin- Consigned to Oblivion
3.Cyanide – A Cracked Dam
4.Phénol – Sinister
5.Arsenic – The Eye of the Whale
6.Muscarine – What Is Sacred
7.Curare – The Silence of the Innocent
Line-up : Vindsval – Guitares, basse / Mütterlein – Chant / Dehn Sora – Chant, atmosphères.
Guest : W.d.F – Batterie.