Quelle mouche a donc piqué Paradise Lost au point de réenregistrer intégralement son quatrième album sorti initialement en 1993 ? Quelle idée que d’aller retoucher, au risque de le profaner, un album passé depuis longtemps à la postérité ?
Alors certes 2023 marque le trentième anniversaire de la sortie de Icon mais un bon vieux remaster de derrière les fagots aurait bien pu faire l’affaire non ? Ben non.
Bref sur le papier cet Icon 30 s’annonçait comme une filouterie de premier ordre : une sortie facile, surfant, qui plus est, sur l’engouement du format vinyle.
Dans les faits les choses sont toutefois à nuancer et à circonstancier un peu plus. Tout d’abord, selon le groupe, une sombre histoire de droits serait à l’origine de ce réenregistrement et du nouvel artwork. Oui le groupe se serait fait rouler dans la farine par Music For Nations qui aurait cadenassé le contrat du groupe sur Icon au point de lui retirer tout accès à sa musique ainsi qu’à son iconique artwork.
Curieuse et embarrassante situation donc, d’autant plus que Music For Nations n’existe plus vraiment, une partie de son catalogue se trouvant désormais dans le giron de Sony Music. Icon a d’ailleurs fait l’objet d’une réédition en vinyle en 2020 sur le label néerlandais Music On Vinyl sous licence de Sony. Un beau bordel en somme.
Toujours est-il qu’à l’heure de célébrer la trentième bougie de Icon, Paradise Lost n’aurait donc eu d’autre choix que de le réenregistrer en le dotant d’un nouvel artwork.
Le résultat final est, disons le, bien moins pire que ce que laissait entrevoir le projet sur le papier. Bon je ne trouve pas l’artwork de Scott Robinson extraordinaire, il n’arrive en tout cas, pas à la cheville de l’original. Il n’est pas horrible non plus.
Musicalement par contre, il faut reconnaître que le groupe a mené un travail intéressant et se sort avec les honneurs d’un exercice ô combien périlleux et casse-gueule.
L’expérience faisant et le matériel évoluant, cette nouvelle version sonne résolument plus moderne, plus aérée, plus dynamique. Le chant de Nick Holmes est beaucoup plus assuré dans l’exercice de l’alternance chant saturé / chant clair. Les leads de Gregor Mackintosh ont également gagné en clarté et en finesse et s’articulent beaucoup mieux avec les parties rythmiques d’Aaron Aedy. La partie guitares est, au final, beaucoup plus lisible sans pour autant dénaturer de quelque manière que ce soit l’œuvre originale. A cela il faut ajouter une basse bien mieux mise en valeur et des parties de batterie bien plus dynamiques que celles enregistrées à l’époque par un Matthew Archer à bout de souffle (il fut d’ailleurs remercié peu après). Finalement les changements les plus notables interviennent du côté des orchestrations (sur “Dying Freedom” par exemple) et sur la chanson “Christendom” où la compagne de Greg Mackintosh supplée Denise Bernard.
En bref Paradise Lost est donc parvenu à conserver l’esprit de Icon tout en lui donnant une nouvelle jeunesse et un nouvel intérêt. Avouons-le, ce n’était pas une partie gagnée d’avance. Reste que si l’exercice n’est pas déplaisant, il n’est pas indispensable non plus. De quoi patienter en attendant un nouvel album qui, lui,se laisse quelque peu attendre.
Tracklist :
- Embers Fire
- Remembrance
- Forging Sympathy
- Joys Of The Emptiness
- Dying Freedom
- Widow
- Colossal Rains
- Weeping Words
- Poison
- True Belief
- Shallow Seasons
- Christendom
- Deus Misereatur
Line-up :
Nick Holmes – Chant
Gregor Mackintosh – Guitares
Aaron Aedy – Guitares
Steve Edmondson
Guido Zima – Batterie.
Guest : Heather Thompson Mackintosh – chant / Milton Evans – Piano.