En 2018 et 2019, le groupe finlandais Vargrav déboulait avec pertes et fracas en proposant deux opus ( “Netherstorm” et “Reign in Supreme Darkness”) prompts à ravir les fans des premiers albums d’Emperor. Du clavier, en veux-tu, en voilà, un son très typé, limite low-fi, un chant vénéneux à souhait et des compositions assez étirées, non dénuées d’une certaine grandiloquence. En quelques mois le groupe avait réussi à attirer l’attention de beaucoup avec son lot de louanges mais aussi de détracteurs.
S’en est suivi un assez long silence discographique, jusqu’à ce qu’au printemps 2023 Vargrav se rappelle au souvenir de tous avec un EP plutôt bien troussé doté de deux titres inédits, d’une reprise d’Emperor et d’un titre live. La bête n’était donc pas morte.
Mieux, en décembre 2023, revoilà Vargrav avec son troisième album intitulé “The Nighthold”. Comme depuis ses débuts, la sortie est assurée par le label finlandais Werewolf Records dont la réputation n’est plus à faire chez les amateurs de black sale et méchant.
Dans l’absolu Vargrav n’a pas changé son fusil d’épaule évoluant toujours dans un black metal symphonique vieille école. C’est d’ailleurs un des principaux attraits du groupe que de proposer une musique qui, aux oreilles de certains, sonnera probablement comme un peu datée. Beaucoup avaient d’ailleurs reproché au deuxième album “Reign in Supreme Darkness” une production trop artisanale. Sur ce nouvel album cet aspect brouillon est moins marqué, le groupe semble avoir trouvé un assez juste équilibre entre qualité sonore et patine old school. Bien évidemment, comme il se doit pour du black symphonique, les claviers occupent une place de choix et ce dès l’inaugural “Moonless Abyss of the Nighthold” qui débute l’album avec une allure assez grandiloquente limite cinématographique.
Car c’est un des traits saillants de “The Nighthold” que de se développer de manière très cinématographique, chaque titre pouvant être la séquence du scénario d’un film noir et morbide. L’enrobage de claviers joue bien sûr un rôle important dans cette impression mais il ne faudrait pas résumer cet album à cela. Les guitares sont copieusement acérées également et le chant, très agressif parfois, fait son petit effet aussi.
“The Nightfhold” recèle par ailleurs une certaine diversité dans ses ambiances, contribuant un peu plus encore à ce rendu B.O black metal. Que ce soit en mode haletant ( sur la première partie de “Through the Woods of Breathing Shadows” ou “Thy Imperial Malice”) ou sur des ambiances plus mid tempo (“Chalice of Silver and Blood”), Vargrav apporte de nombreuses nuances à sa noirceur. Le groupe se permet même quelques plages purement atmosphériques avec “Curse of the Plaguewood Lake” ou “Into the Shadow Crypts” et “Ghostlands”. D’autres titres, en revanche, débordent d’une haine féroce, c’est notamment le cas sur la fin de l’opus avec le triptyque : “The One Who Lurks Beyond the Starscape”, “A Dark Consecration” et “Creator of the True Realm”.
Avec “The Nighthold”, Vargrav propose donc un disque mature sans pour autant diluer ou adoucir son identité ancrée dans le black metal symphonique des années 1990s. Autant prévenir les adeptes du fast food black, ce nouvel opus est relativement long avec près d’une heure pour douze compositions. C’est un album qui, je pense, nécessite des écoutes répétées et prolongées pour commencer à en saisir la richesse et les qualités.
Tracklist
1. Moonless Abyss of the Nighthold
2. Through the Woods of Breathing Shadows
3. Chalice of Silver and Blood
4. Thy Imperial Malice
5. Curse of the Plaguewood Lake
6. Encircle the Spectral Dimension
7. Triumph of the Nightbringer
8. Into the Shadow Crypts
9. The One Who Lurks Beyond the Starscape
10. A Dark Consecration
11. Creator of the True Realm
12. Ghostlands
Line-up : V-Khaoz Stormrage – Claviers / Graf Werwolf von Armageddon – Chant / Trollhorn of the Black Harvest – Guitares, basse / Baron M. Tarwonen – Batterie.
Liens :
https://open.spotify.com/intl-fr/artist/22zsDWxM8e5bDZqD9J4Vw1