L’Ukraine a toujours été une scène très fertile pour le black metal et des groupes faisant de l’histoire et de la nature de leur terre une source d’inspiration pour une musique à la fois belle et sinistre.
Il y a bien sûr la « vieille » garde avec les incontournables Drudkh et consorts, mais depuis quelques années de jeunes pousses sortent de terre pour donner vie à des albums particulièrement inspirés. On pensera à Severoth dont le nouvel album va bientôt paraître mais aussi à They Came from Visions.
Après un « Cloak of Darkness, Dagger of Night » sorti en 2020, et totalement autoproduit par le groupe, le mystérieux trio ukrainien est de retour avec un second album qui sort, cette fois, chez Eisenwald.
Les membres ont choisi de totalement s’effacer derrière leur musique et leurs costumes (pour le moins intrigants d’ailleurs). Originaires de Kiev, le contexte de guerre a assez fortement marqué les musiciens lors de la composition et de l’enregistrement de ce nouvel album, les poussant à exprimer plus encore leur frustration, leur colère ou leurs craintes. Très peu de recours au studio pour cet opus, si ce n’est pour l’enregistrement du chant. Pour tout le reste c’est du fait maison, le guitariste, Voice of Gloom, s’occupant du mixage, le bassiste, Voice of the Deep, ayant assuré le mastering. L’artwork aux résonnances médiévales est l’œuvre de l’artiste ukrainien Mykhailo Skop alias Neivanmade. Ses couleurs vives sont déjà une petite porte d’entrée sur la musique du groupe.
C’est sur des sonorités traditionnelles que s’ouvre « The Twilight Robes » dans une ambiance à la fois folk et sombre. Place ensuite à un black metal qui fait la part belle aux mélodies ainsi qu’aux atmosphères envoûtantes et inquiétantes. Incontestablement la musique de They Came from Visions possède cet ensemble de petites choses qui vous attrapent et vous emmènent dans un univers à la fois chatoyant et horrifique. Les mélodies distillées par la guitare sont lumineuses autant qu’hypnotiques, leurs ritournelles s’impriment sans coup férir, constituant un véritable fil conducteur tout au long de compositions qui se succèdent comme d’un rien. La basse n’est pas en reste, se montrant présente et parfaitement audible. Le contraste avec le chant glaçant et un riffing brut n’en est que plus saisissant. Quelques chœurs apportent aux morceaux « Equinox Ablaze » ou « Twilight Robes. » une dimension plus mystérieuse encore.
Sans trop en dire, le groupe parvient à distiller des passages plus étonnants aux accents heavy /rock. On songera notamment à la toute fin de l’album. Un des grands intérêts de cet album est qu’il possède finalement un son bien à lui : à la fois travaillé mais suffisamment brut et aéré pour apprécier l’ensemble de l’instrumentation.
A l’égal d’autres illustres groupes ukrainiens avant eux, They Came from Visions place son propos et sa réflexion dans l’évocation d’un monde ancien, à la fois révolu mais aux échos si contemporains. L’actualité tragique ne saurait que trop le rappeler et le groupe abonde dans ce sens affirmant sans détour : « que le monde n’est pas moins horrible et violent qu’il ne l’était à l’époque médiévale ». Ces ténèbres implacables qui planent sur tout l’album, l’auditeur ne pourra que les ressentir. Pour autant il ne prendra pas forcément ses jambes à son cou car il sera tout aussi frappé par la beauté vénéneuse qui se dégage de cet opus.
Si le premier album du groupe avait laissé entrevoir un potentiel certain chez cette formation ukrainienne, ce deuxième opus achève de convaincre que They Came from Visions est définitivement une formation à suivre de près.
Tracklist :
1. Lughnasadh (02:05)
2. Equinox Ablaze (07:49)
3. Burning Eyes, Blackened Claws (07:24 )
4. The Blissful Defeat (05:29)
5. Petrified Immortality (07:13)
6. The Sign of Damnation (07:55)
7. Twilight Robes (06:12)
Line-up : Voice of the Deep – Basse / Voice of Gloom – Guitares, batterie / Voice of Misery – Chant.
Liens :
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