Je ne vais pas cacher mon désintérêt croissant pour la scène metal “généraliste”. Pour autant, et parce qu’il ne faudrait pas mourir idiot, je garde quand même une petite oreille sur quelques groupes, qu’il s’agisse des classiques ou d’autres.. Bon la plupart du temps je la retire assez vite… mais quelques exceptions existent et le groupe Lucifer pourrait en faire partie.
Voilà déjà dix ans que cette formation heavy doom mène son petit bout de chemin et la moindre des choses que l’on puisse dire est que le groupe ne traîne pas en route avec, déjà, un cinquième album au compteur. On mesurera aussi que cette route est de celle qui semble gentiment conduire le groupe, mené par Johanna Platow Andersson, vers les sommets du genre.
Le parcours et une partie de l’univers musical de Lucifer m’ont toujours fait penser à celui de Ghost. Les deux groupes ont d’ailleurs tourné il n’y a pas si longtemps ensembles. Alors bien sûr, pas question d’enfermer l’un ou l’autre dans une comparaison trop exagérée mais tout de même quelques petits points communs me viennent en tête…Tout d’abord ce goût prononcé pour un heavy sabbathien allié à de jolies mélodies et des sonorités très seventies.
On ajoutera à cela un penchant assez caustique pour une imagerie mêlant l’occulte, le macabre et bien sûr le malin. En poursuivant encore un peu, on notera que les deux groupes ont aussi vu leur premier album signé sur le label de Lee Dorian, Rise Above Records.
Sacré Lee ! Non content d’avoir imprimé sa marque comme peu de musiciens dans la scène metal, ce diable a toujours eu le nez creux pour découvrir des groupes prometteurs et capables de renouveler un paysage musical un tant soit peu redondant.
Dans le cas des deux formations ce fut ensuite l’envol vers de plus grosses maisons de disques. Pour Lucifer cela se passa chez Century Media dans un premier temps et pour ce cinquième opus on monte encore d’un cran avec une signature chez Nuclear Blast.
Bon, c’est dans un cercueil que nous retrouvons Johanna Andersson, mais plus que vivante que jamais. L’artwork s’inscrit donc dans une certaine lignée avec le corbillard de l’album III, et la crucifixion de l’album IV. Ce n’est pourtant pas sur un accent funéraire que va s’ouvrir ce cinquième chapitre mais au contraire sur le très vif « Fallen Angel » avec ses guitares à la fois lourdes et sautillantes qui ne peuvent qu’évoquer le maître Tony Iommi. Vous ajoutez à cela le chant toujours aussi plaisant de Miss Andersson, une basse bien veloutée et une pointe de chœurs et vous obtenez une entrée en matière assez irrésistible. Ce morceau d’ouverture est aussi l’occasion de mesurer le travail d’orfèvre mené sur le son qui est la fois moderne mais avec cette chaleur et cette patine propres aux seventies.
« At the Mortuary » nous emmène dans des chemins plus tortueux mais tout aussi langoureux, les sonorités d’orgue amènent une atmosphère plus occulte à un morceau qui prend le temps de se développer sans jamais devenir ennuyeux. A la manière de Blues Pills, « Riding Reaper » montre, lui, un visage rock presque sautillant, en tout cas vivifiant. Voilà donc une entame d’album à la fois variée et maîtrisée.
Comme son nom pourrait l’indiquer « Slow Dance in a Crypt » sonne l’heure de la ballade ou en tout cas d’un morceau beaucoup plus calme. Hmmm voilà un moment redouté autant que redoutable que celui où le piano pointe son nez sur ce type de composition… Mais Lucifer s’en sort avec les honneurs, bien aidé par le chant de Johanna Andersson, un solo impeccable et une basse décidément très langoureuse.
Pour le reste de l’album, Lucifer déroule comme un corbillard sur l’autoroute du cimetière. Au passage il nous lance les pêchus « Maculate Heart » et « Strange Sister » ou nous assène un refrain irrésistible sur « A Coffin Has No Silver Lining ». Assez clairement, il y a là des morceaux qui pourraient faire mouche sur scène, sans oublier « The Dead don’t Speak ». Le dernier morceau arrive déjà et il fallait bien un peu de lourdeur pour refermer la grande boîte en bois. Le temps à Lucifer d’explorer des contrées plus doom et feutrées avant de s’échapper à tombeau ouvert.
A la fois très travaillé tout en restant parfaitement accessible, ce cinquième album de Lucifer marque un nouveau pas en avant pour une formation qui ne fait que confirmer sa capacité à composer de vraies bonnes chansons. Conservant son ancrage dans les seventies, la bande à Johanna Anderson parvient toujours à proposer quelque chose de rafraîchissant tout en cultivant ce côté vintage. Ce numéro d’équilibriste le groupe le tient depuis ses débuts et continue de le faire évoluer, à un niveau plus abouti d’album en album. Mais où diable s’arrêteront ils ?
Tracklist :
- Fallen Angel 03:09
- At The Mortuary 06:07
- Riding Reaper 04:11
- Slow Dance In A Crypt 04:28
- A Coffin Has No Silver Lining 04:25
- Maculate Heart 04:09
- The Dead Don’t Speak 03:58
- Strange Sister 04:20
- Nothing Left To Lose But My Life 04:50
Line-up : Johanna Platow Andersson – Chant / Nicke Andersson Platow – Batterie / Linus Björklund – Guitare / Martin Nordin – Guitare / Harald Göthblad – Batterie
Liens :
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