LVME est de ces formations dont les membres nous sont inconnus. Quelques noms ressortent bien ici et là mais cela reste à l’état de supputations. Le groupe pratique un black metal d’obédience occulte, tout du moins fortement marqué par cette veine ésotérique et ritualiste.
L’anonymat dans ce style de black metal n’est pas rare, on rappellera le cas récent de l’entité Aset, par exemple. La démarche est somme toute cohérente même si leur label n’est peut-être pas toujours du même avis quand il s’agit de promouvoir le dit album.
Parlons un peu du label qui a jeté son dévolu sur LVME : il s’agit de No Evangelium Diaboli (ou NoEvDia pour les intimes). Une maison bien connue pour abriter Deathspell Omega et d’autres groupes très qualitatifs (Funeral Mist, Misþyrming…). Un label qui n’a, par ailleurs, pas l’habitude de signer des groupes à tour de bras, privilégiant la qualité à la quantité. Donc forcément, le fait que NoEvDia se penche sur LVME n’a pu qu’attiser un peu plus encore ma curiosité pour cette formation.
Bon ceci étant, le black occulte ou orthodoxe, appelez cela comme vous voulez, c’est de moins en moins ma tasse de thé. Trop de groupes, trop d’albums semblables les uns aux autres. Attention, ce n’est pas un genre que je n’aime pas, j’ai simplement tendance à me montrer un peu plus difficile et à ne pas m’emballer outre mesure.. Pourtant qualité et technicité sont souvent de mise dans ce genre exigeant, mais l’adhésion sans réserve est de moins en moins présente et ces productions ont une forte tendance à finir dans les limbes de mon esprit.
Pourtant, tel ne sera pas le verdict pour ce deuxième album de LVME qui réussit là où beaucoup d’autres ont échoué ces dernières années. Pourquoi? Parce que d’emblée le groupe parvient à proposer une musique qui accroche l’oreille. Non qu’elle soit facile ou racoleuse, loin de là ; mais dès les premières notes de « The Venomous Fire », on ressent ce petit déclic qui fait que la porte s’ouvre et que l’on s’y engouffre volontiers. Cela tient à la puissance de l’instrumentation à la fois massive et toute en clarté . Cela tient aussi au chant tout à fait prenant par la conviction que son auteur parvient à transmettre. La qualité de la production est également à souligner, laissant respirer chacun des instruments tout en donnant à l’ensemble une cohérence et une efficacité redoutable.
On a ainsi la possibilité de déguster les cinq compositions dans leur globalité autant que de porter son attention sur les mélodies, les légères dissonances, les circonvolutions de la basse, le chant glacial ou sur cette batterie qui donne bien plus que la cadence et s’avère être un instrument à part entière.
Outre la sonorité générale de l’album, le groupe sait par ailleurs amener ces mêmes respirations dans ses compositions avec de courtes transitions entre chacun des morceaux, quelques chœurs masculins par ci, quelques voix féminines par là, mais jamais dans l’excès, tout en finesse. Les breaks ou les parties plus atmosphériques que l’on va trouver sur un morceau comme « Without Light nor Guide » ne dérogent pas à la qualité de l’ensemble. Là encore LVME se distingue par cette capacité à proposer quelque chose qui est à la fois très travaillé tout en sonnant de manière naturelle.
L’un dans l’autre, les trois quarts d’heure de « Of Sinful Nature » passent comme d’un rien et sans cette désagréable impression de s’ennuyer. Est-ce le timbre du chanteur ou certaines ambiances musicales ? Toujours est-il que cet album est parvenu à captiver mon attention autant qu’avait pu le faire les Islandais Sinmara par exemple. LVME nous offre ici un album de haute volée et donc hautement recommandable.
Tracklist :
1. The Venomous Fire (09:36)
2. Strix rêverie (05:44)
3. Without Light nor Guide (09:13)
4. Into Ashen Stone (10:43)
5. Obenaus und Nirgends an! (09:28)
Line-up : anonyme
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