Genre : black / death metal
Note : 90/100 (Seblack)
Label : Season of Mist Underground Activists
Sortie : 2 février 2024
Simple impression personnelle ou réalité, mais j’ai toujours eu le sentiment que Necrowretch était une formation injustement sous-estimée au sein de la scène extrême française et internationale. Pourtant quand on regarde la discographie du groupe, il n’y a pas de fausse note. D’autant que Necrowretch a su faire évoluer son univers musical en le noircissant d’influences black de plus en plus marquées. En 2020 enfin, les étoiles semblaient s’aligner avec la sortie de « The Ones from Hell » et l’annonce d’une grande tournée avec Taake et Kampfar. Las, le confinement et le Covid sont passés par là. Adieux vaches et cochons… Loin de sombrer dans le défaitisme, le groupe s’est vite employé à donner un successeur à « The Ones from Hell », sans pour autant se précipiter, et sortir à la hâte un de ces albums post covid un peu bancal ou bâclé.
Ce cinquième opus s’intitule donc « Sword of Dajjal » et sort de nouveau sous les auspices de Season of Mist et de sa branche Underground Activist. L’artwork est à la fois sobre et très évocateur. Ce personnage avenant est une représentation de Dajja, considéré dans l’islam comme le faux prophète, une sorte d’antéchrist. Il est représenté avec un sabre à deux pointes, le Zulfikar, qui est devenu un des symboles de l’islam puisque se rapportant à l’épée du prophète Mahomet trouvée par celui-ci lors de la bataille de Badr. Avec ses deux pointes (une pour le bien, une pour le mal dit-on) Mahomet aurait poursuivi ses conquêtes, et l’aurait donné à son gendre Ali lors d’une bataille, geste qui a pu être interprété comme une forme de transmission du pouvoir par certains penseurs de la branche chiite.
Avant même d’enclencher le bouton « play », on constate que Necrowretch a conçu son album avec le souci de l’ancrer dans une thématique à la fois précise et peu habituelle dans le metal extrême. Voilà qui a de quoi attirer, même si la musique peut aussi largement se suffire à elle-même pour apprécier « Sword of Dajjal ».
Car là aussi, le groupe a accompli un sacré boulot en termes de composition. De « Ksar Al Kufar » à « Total Obliteration », il n’y a pas de temps faible. Chaque titre possède son identité propre tout en formant un tout cohérent. C’est un travail d’orfèvre et on n’éprouve à aucun moment le sentiment que Necrowretch s’est concentré sur deux trois titres phares et a fait du remplissage ailleurs. D’abord ce n’est pas le genre de la maison, mais ici cela saute aux oreilles plus encore que d’accoutumé. Franchement on se prendrait même à souhaiter une interprétation intégrale en live. Les riffs sont terribles, les leads précises et affûtés comme un sabre, la section rythmique est au cordeau. Quant au chant…bordel ! Il vous saute à la gorge comme c’est le cas sur l’introduction de « Dii Mauri ».
Assez clairement le death/black de Necrowretch incline de plus en plus vers le black. Une évolution déjà perceptible sur « The Ones from Hell » et qui s’accentue ici. Cela est patent sur les brûlots incandescents que sont « Sword of Dajjal » ou « Vae Victis ». Mais cela se ressent aussi au travers des variations de rythmes car sur cet album il n’est pas question que de vitesse, les breaks sont nombreux et si certains morceaux ont un rythme plus modéré c’est pour développer des ambiances sinistres et pesantes que n’auraient pas reniés Marduk ou Dissection.
Enfin là ou le fond rejoint la forme c’est quand Necrowretch glisse quelques motifs orientaux à sa musique. Oh il n’y en a pas partout mais suffisamment pour rappeler la thématique de l’opus et emmener un peu plus encore l’auditeur dans l’univers de « Sword of Dajjal ».
On mentionnera enfin le soin apporté à la production qui met totalement en valeur le travail du groupe. Le son n’est pas artificiellement body buildé à grands coups de basses comme c’est trop souvent le cas pour cacher des compositions maigrelettes. Ici au contraire la production est toute en finesse et met un peu plus encore en valeur la qualité de la musique et son côté abrasif.
Dense dans sa forme comme dans son fond, Necrowretch propose avec « Sword of Dajjal » son album le plus ambitieux et le plus abouti. Nerveux et patiemment aiguisé, voilà un album qui devrait faire date et imposer un peu plus encore Necrowretch comme une référence du metal extrême en France comme à l’international. Il serait, en tout cas, foncièrement injuste qu’il en soit autrement.
Tracklist :
Ksar Al-Kufar (4:22)
The Fifth Door (5:30)
Dii Mauri (5:07)
Swords of Dajjal (4:56)
Numidian Knowledge (4:12)
Vae Victis (4:18)
Daeva (2:49)
Total Obliteration (6:13)
Line-up : Vlad – Chant, guitare / W. Cadaver – Guitare (lead), basse / N. Destroyer – Batterie.
Liens :
https://necrowretch.bandcamp.com/album/swords-of-dajjal
https://www.deezer.com/us/artist/4265709
https://www.facebook.com/Necrowretch
https://www.instagram.com/necrowretch
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