Aller au contenu

Live Report – BEYOND THE GATES 2024

  • par

Live Report – Beyond the Gates Chapter XII
31 Juillet – 3 Août 2024
Bergen (Norvège)

Texte et Vidéos : Seb Déniel

  Ah, la Norvège ! L’autre pays du Metal ! Comme disait le regretté Philippe Vecchi en annonçant Dimmu Borgir avant qu’ils ne se produisent en live, le 28 mai 1999, sur le plateau de l’émission culte « Nulle Part Ailleurs » sur Canal+.

  Ce pays fait figure d’Eldorado depuis mon adolescence, époque où, encore jeune metalleux, je découvrais, à la lecture d’un magazine, la sulfureuse scène Black Metal norvégienne et toutes les histoires sordides qui y étaient liées. Il n’en fallait pas plus pour faire tilt dans mon jeune cerveau en me donnant envie d’aller écouter la musique de tous ces groupes pionniers. Coup de foudre instantané !

  L’année dernière, mon ami Lucio et moi décidons de partir à la découverte de ce beau pays en chopant notre pass « early bird » pour assister au Beyond The Gates 2024, festival qui a lieu tous les ans à Bergen et qui a pris la suite du cultissime festival Hole In The Sky. Et quitte à aller à l’étranger, autant y ajouter quelques jours afin d’y faire un peu de tourisme avant.

  En début d’année, notre ami Got’, tenté par cette belle aventure, se greffe à nous. Ce dernier connaît très bien cette ville car il y est allé à quatre reprises ; on a donc un bon guide ! C’est en mode trio (le même qui est parti voir Taake à Calais au mois de juin) que nous irons au pays des fjords au mois de juillet. Nous atterrissons en terre viking le samedi 27 juillet. Étant arrivé la veille au soir, Got’ vient nous chercher à l’aéroport avec un van de location depuis lequel les magnifiques paysages entourant Bergen se révèleront à nous le lendemain.

   Le lundi, Got’ a rendez-vous avec sa tatoueuse, chez Nidhogg Tattoo, pour terminer son avant-bras pendant que Lucio et moi découvrons plus en profondeur cette jolie ville et plus particulièrement le quartier en bois de Bryggen. Une des plus anciennes cités portuaires de l’Europe du Nord datant du XIIème siècle. Nous aurons aussi la chance de croiser Gaahl en passant devant sa galerie (Galleri Fjalar) où il expose ses œuvres, l’occasion de taper la discute avec cet homme très charmant.

  Le mardi, c’est le moment d’échanger nos précieux sésames contre un bracelet couleur or qui nous donnera accès à tous les lieux et concerts du festival. À partir de ce moment-là, nous n’attendons plus qu’une chose : le début du festival le lendemain. Plus qu’un dodo et on verra bien ce qu’il y aura au-delà de ces portes.

Mercredi 31 juillet 2024

            Le Beyond The Gates est un festival qui se déroule sur 3 lieux différents :

–          L’USF Verftet : composé de deux salles séparées par un grand espace dédié à la nourriture : l’USF Rokeriet (salle de concert type SMAC) et l’USF Hallen (grand entrepôt type hangar reconverti en grande salle de concert).

–          Le Kulturhuset : un joli bar à l’arrière duquel se trouve une salle de concert de taille honorable mais tout en longueur. Ce qui nous posera quelques soucis pour y voir certains concerts suivant l’heure à laquelle on arrive sur place. C’est également dans cet endroit que nous nous sommes fait poser les bracelets la veille du démarrage des festivités.

–          Le Grieghallen : grande salle de concert, lieu de résidence de l’Opéra National de Bergen et de l’Orchestre Philharmonique de Bergen.

  Pour ce premier jour, les concerts se dérouleront tous à l’USF Verftet. Les shows ne débutant qu’à partir de 17h30, nous profitons pour aller à l’Apollon (bar à bières artisanales et vente de vinyles) pour assister à la listening session du prochain album du groupe 1349. Le bar est plein à craquer de metalleux et il y a un tel brouhaha que nous n’avons pas entendu grand-chose de l’album en question. Pas grave, nous attendrons sa sortie le 4 octobre.

  Ce sera néanmoins l’occasion de serrer la pince et d’échanger quelques mots avec Archaon (le guitariste du groupe) et de faire connaissance avec d’autres festivaliers, notamment un père et son fils venus du Pays de Galles. En sortant de la boutique, nous tombons sur nos amis normands, Isabelle et Fabrice, que nous croisons régulièrement sur des concerts et festivals Black Metal. La belle surprise !

   Nous nous dirigeons ensuite vers le lieu des concerts. Sur place, nous tombons très vite sur Jannicke Wiese-Hansen du salon de tatouage Nidhogg Tattoo et organisatrice du Beyond The Ink, la convention de tatouage du festival.

   Les Norvégiens de Whoredom Rife sont les premiers à ouvrir les hostilités de ces quatre jours de Metal sombre. Premier groupe et premier gros coup de cœur pour moi : celui-ci joue un Black Metal avec des nappes de synthétiseurs samplées créant une atmosphère lugubre totalement en adéquation avec la thématique du festival. Une entame parfaite qui me donnera envie de m’intéresser de plus près à leur discographie.

            Vient ensuite le tour des Polonais de Manbryne qui pratiquent un Black Metal mélodique et tout en ambiance ; le groupe n’a aucun mal à capter l’attention du public, preuve en est, la salle est pleine à craquer. Pour ma part, j’ai eu du mal à rentrer totalement dans le set après la claque du premier concert. Je pense que ce groupe mérite plusieurs écoutes attentives pour pouvoir se laisser pénétrer par leur musique. J’ai également été très surpris de voir que le chanteur restait assis derrière son autel orné de bougies mais j’ai vite compris qu’il était en fauteuil roulant.

La mise en scène est très réussie pour le coup car le chanteur joue impeccablement bien son rôle de prêcheur entouré de ses musiciens au corpse paint atypique : visage totalement noir flanqué d’une croix rouge inversée.

  Je ne reste pas jusqu’à la fin du set afin d’aller manger un morceau et de me placer au plus près de la scène dans l’autre salle pour le groupe suivant.

L’espace restauration, plutôt grand, se trouve à l’extérieur sur le passage qui fait le lien entre les deux salles. Deux food-trucks nous accompagnent tout le long du festival. L’un d’entre eux propose des burgers et l’autre des sandwichs grecs (carné ou végé). Cet espace est animé par deux DJ Metal dont un de luxe puisqu’il ne s’agit ni plus ni moins que de Hoest, le chanteur du groupe de Black Metal Taake.

            Les Suédois de Watain l’avaient annoncé en placardant un peu partout dans la ville des affiches à tête de loup tachetées de sang flanquées de la phrase : « Beware Watain are coming ». Celles et ceux qui ont déjà vu ce groupe en live savent déjà qu’on va assister à un très bon concert. Ils sont constants dans l’exercice et la prestation de ce soir ne va pas déroger à la règle. 

Le décorum monumental et enflammé y est pour beaucoup tout comme la ferveur avec laquelle le groupe nous sert son Black Metal rageur. Une fois les musiciens arrivés sur scène, c’est au tour du chanteur Erik Danielsson de prendre possession de l’endroit. Il débarque avec deux grandes torches enflammées lui permettant d’embraser les grands tridents (logo du groupe). Une fois le décor en flamme, il les jette dans le public. Et c’est parti pour une heure de violence. Sur les huit titres joués ce soir, la part belle sera faite à l’album Lawless Darkness (sorti en 2010).

Le son durant le show oscillera entre très bon en début de set et moins bon avec un effet de résonance dû à l’entrepôt dans lequel se produit le groupe. Ce désagrément sera corrigé juste à temps afin de pouvoir se délecter du traditionnel « Malfeitor » qui clôture le concert en beauté.

  Changement de style avec les Américains de Black Anvil qui nous balancent un Black / Thrash ultra énergique et sans temps mort. Très efficace mais je ne resterai pas jusqu’à la fin car je veux bien me placer pour le concert suivant : la tête d’affiche du jour !

   Et il s’agit, ni plus ni moins, de Mayhem ! La légende norvégienne fait une halte à Bergen dans le cadre de sa tournée fêtant ses quarante ans. Et à ce titre, le groupe sort le grand jeu en retraçant toute sa carrière de manière antéchronologique.

Chaque album est mis à l’honneur avec un, deux ou trois titres en fonction de la popularité de celui-ci. Autant vous dire que le public devient de plus en plus fou dès qu’on arrive aux années 90. Pour appuyer le propos, derrière le groupe, un écran diffuse des images de chaque époque avec tous les membres du groupe ayant participé à la légende. Même Varg Vikernes apparaîtra à l’écran, applaudi par une partie du public. L’apogée du show arrive lorsque le groupe entame les titres de De Mysteriis Dom Satanas (« Freezing Moon », « De Mysteriis Dom Satanas » et « Funeral Fog ») avec un hommage rendu pour l’occasion à Dead et Euronymous.

Le son est phénoménal tout le long du concert à tel point qu’on a l’impression de se faire broyer le crâne par la violence délivrée par le groupe.

Pour le final, à l’entame des titres de Deathcrush (premier EP du groupe), Messiah et Manheim, respectivement ancien chanteur et ancien batteur, rejoignent le groupe sur scène pour reprendre trois titres de cet EP : « Deathcrush » (précédé par la mythique intro « Silvester Anfang »), « Necrolust » et un « Pure Fucking Armageddon » anthologique.

   Pour clôturer cette soirée, l’iconique Gaahl (Gorgoroth, God Seed, Gaahl’s Wyrd) nous fait l’honneur de donner le tout premier concert de son premier groupe Trelldom

Quelquefois, il est bon de laisser les choses dans le passé. Nous nous attendions à un concert de Black Metal old school mais quelle ne fut pas notre surprise d’assister à une espèce de Free Jazz / Metal Expérimental. J’ai tenu deux titres avant d’abandonner. Peut-être à tort. Mais là, c’était vraiment insupportable.

Jeudi 1er août 2024

   En cette deuxième journée, les concerts commencent à 13h30 au Kulturhuset. En effet, cette salle va proposer durant les deux prochains jours des concerts en before et after de la prog classique.

Lorsque nous arrivons sur place, les groupes Bad Omen et Doombringer enchaîneront leurs concerts en ne me laissant pas un souvenir impérissable. Nous ratons le troisième groupe à se produire en ce début d’après-midi, Ritual Death, préférant boire un verre et débriefer la journée de la veille avec nos amis normands.

  Nous nous dirigeons ensuite vers l’USF Verftet où, comme la veille, les concerts démarrent à 17h30.

  L’ouverture de cette deuxième soirée dans la grande salle revient aux Tchèques de Cult of Fire, énième groupe de Black Metal à capuche et masqué.

Le décor sur scène est magnifique avec deux immenses cobras de chaque côté de celle-ci et un autel avec des bougies et divers objets qui serviront au chanteur (portant un masque orné de deux énormes cornes de vache) durant son office. Malgré une musique de qualité, la prestation statique du groupe (guitaristes assis en tailleur) et le chanteur figé en mode prêcheur passant son temps à transvaser un liquide blanc de récipients en récipients me feront décrocher et lâcher l’affaire avant la fin du concert. Un groupe à écouter sur album car en live, ça en devient presque risible tellement on frôle le ridicule au niveau de la mise en scène.

   Le groupe suivant apporte un vent de fraîcheur bienvenu car il ne s’adonne pas au Black Metal comme la majeure partie des groupes à l’affiche.

            Le groupe Attic ayant dû annuler sa venue car son chanteur étant très malade, ce sont les Suédois de Portrait qui les remplacent. Leur Heavy Metal 80’s, à mi-chemin entre Iron Maiden et Mercyful Fate, n’aura aucun mal à me séduire. La salle n’est pas totalement remplie mais qu’importe : le groupe est heureux de se produire et donne tout pour faire lever le poing du public présent. Certes, ils ne réinventent pas le style mais leurs compos sont excellentes. Ils jouent avec une telle conviction qu’on ne peut qu’adhérer.

  On repasse dans la grande salle pour voir la légende anglaise Venom. Du line-up historique ne reste plus que le chanteur / bassiste Cronos. Entamer le concert par le classique et hymnique « Black Metal » dans la patrie berceau du style est un moment magique. Mais ça peut aussi être un choix à double tranchant. Bien que Venom ait quelques tubes à son actif, ce titre reste pour beaucoup le pinacle. C’est donc un public chaud bouillant qui scande les « Black Metal » du refrain à gorges déployées suivi du « Let down your souls to the gods rock’n’roll ». Le set est axé sur l’âge d’or du groupe, à savoir le début des années 80 (« Welcome to Hell », « Countess Bathory » ou encore « Witching Hour »). Un très bon concert où Metal et esprit Rock ’n’ Roll s’entremêlent mais qui aurait pu être encore mieux s’ils n’avaient pas lâché la bombe dès le premier titre.

  Changement radical de style avec le Black Metal planant et tout en ambiance des Suisses de Darkspace. Ayant raté le début du concert, je me faufile non sans mal afin de me placer convenablement pour profiter pleinement de l’expérience. Dommage que le son ne soit pas optimal car il ne me permet pas de me laisser porter dans ce Black Metal de l’espace. Un bon concert malgré tout. À revoir dans de meilleures conditions sonores.

   Place à la tête d’affiche du soir, les Polonais de Behemoth. C’est loin d’être la première fois que je vois Nergal et ses acolytes en live mais malgré ça, je veux me placer au plus près de la scène car je sais qu’on va assister à du grand spectacle. Et encore une fois, le groupe a prévu de nous en mettre plein les yeux avec de la pyrotechnie, des confettis et des décors de scène démesurés. Et ça fonctionne ! Le show est ultra rodé, ce sont de vraies bêtes de scène. Une heure quinze de concert en forme de best of de leur carrière s’achevant sur le superbe « O Father O satan O Sun ». Sans conteste le concert de la journée et l’un des meilleurs du festival.

     Nous ferons l’impasse sur le concert de Death SS, préférant nous poser à la terrasse du bar de la salle, face à la mer, pour profiter de la nuit norvégienne et de ses éclairages, une bière à la main.

    On repart en direction du Kulturhuset pour assister au concert de Akhlys. Ne m’ayant pas totalement convaincu sur album, je veux voir ce que les Américains donnent en live. Le problème, c’est qu’ils sont très attendus et que la salle est déjà bien remplie lorsqu’on arrive sur place. Et vu sa configuration tout en longueur, il est difficile de voir ce qu’il se passe sur scène. Pas grave, il nous reste nos oreilles pour nous faire une idée. Bilan : comme sur album, je n’en ressors pas vraiment séduit, trouvant leur Metal froid et sans réel relief.

      Sur place, on croise Hoest (Taake) et Doedsadmiral (chanteur de Nordjevel). On ne restera pas pour Old Tower le dernier concert de la soirée, la fatigue commençant à se faire sentir.

Vendredi 2 août 2024

En cette troisième journée et avant-dernier jour en Norvège, nous décidons d’occulter volontairement les trois concerts qui se joueront au Kulturhuset en début d’après-midi (Fir, Syn et Owl Woods Graves). En effet, nous préférons continuer à découvrir Bergen et, comme tout bon touriste, à faire les boutiques pour ramener quelques souvenirs.

  

Vers 15h, nous rejoignons le Grieghallen, salle qui accueille les concerts pour ces deux derniers jours de festival qui ne commencent qu’à 17h30. Mais aujourd’hui, les portes ouvrent plus tôt car de 15h à 16h a lieu une exposition consacrée à la grosse tête d’affiche de cette édition : Satyricon. Celle-ci se nomme : « Horns and Diadems Exhibition ».

  Des poteaux de guidage avec cordelettes de part et d’autre d’un tapis rouge nous accueillent à l’entrée de la salle, en mode gala des grands soirs. Une fois dans le hall gigantesque, nous flânons et admirons les immenses toiles reprenant des photos des deux membres historiques de Satyricon à différentes époques de la vie du groupe ainsi que des pièces de collection sous verre (vinyles, divers objets etc…). Coupe de Prosecco servie sur plateau et offerte à qui le veut durant la visite. De notre côté, nous préférons attendre l’ouverture du bar afin de choper la canette de bière à l’effigie du festival. Et hop, un souvenir de plus à ramener dans la valise.

Une fois l’expo admirée, nous faisons le tour des stands de merchandising et allons à l’étage où se trouve la convention de tatouage Beyond The Ink. C’est aussi là que nous verrons arriver les stars de la journée : Satyr et Frost pour une signing session.

Côté concerts, les choses démarrent très fort avec les Norvégiens de DØDHEIMSGARD et leur Black Metal (très) avant-gardiste et plutôt velu à assimiler si l’oreille n’est pas un peu habituée à la musique du groupe. Je ne saurais trop vous conseiller le dernier album du groupe, Black Medium Current, qui est un petit bijou. Côté concert, c’est pareil : il faut pouvoir avaler la musique du groupe mais pour moi aucun problème, j’adore ! Le chanteur est totalement habité et incontrôlable, n’hésitant pas à se rouler par terre et à arpenter la scène de long en large, contrastant avec les musiciens du groupe qui eux restent plutôt concentrés sur leur jeu. Un moment vraiment plaisant et jouissif. Et dire que je vais les revoir au Motocultor, deux semaines plus tard…

On continue dans la qualité avec les Norvégiens de Djevel. Là, on revient à un Black Metal beaucoup plus traditionnel qu’avec le groupe précédent. La scène est noyée dans la fumée et les lumières bleues, ce qui aura pour effet de ne voir les musiciens qu’au travers des silhouettes. Cela renforce le côté immersif et lancinant de la musique proposée par le groupe. Et en plus, quand ils nous décochent dès le premier morceau « Englene Som Falt Ned I Min Seng, Skal Jeg Sette Fri Med Brukne Vinger Og Torneglorier », titre dont la mélodie nous accompagne depuis notre arrivée dans ce pays, on ne peut que plonger dans la musique abyssale et mélancolique proposée par le groupe. La clôture du set sur le titre « Natt Till Ende » et son final répétitif qui semble ne vouloir jamais s’arrêter finissent par totalement me séduire. Un énorme coup de cœur !

N’étant pas un grand fan de Enslaved en live, je sais que ce soir, ce ne sera pas la même chose car aujourd’hui, le groupe va reprendre en intégralité l’album Frost (et dans l’ordre s’il vous plaît), pierre angulaire de sa riche discographie. La scène est décorée de grosses stalagmites blanches et un écran géant en arrière-scène affiche une masse glacée qui évoluera tout le long du show pour y faire apparaître au final le logo du groupe. Le public sera ultra chaud durant tout le set, déclenchant plusieurs pogos – ce qui a tendance à m’agacer au plus haut point dans les concerts de Black Metal mais, là, étrangement, je trouve que ça collait bien au moment. Ice Dale, guitariste du groupe, véritable rock star, torse nu et tous tatouages dehors, fera le show. Quelle bête de scène ! Il a une classe et une attitude qui dénoterait dans n’importe quel groupe de Black Metal mais pas dans Enslaved. C’est aussi un des musiciens que l’on croisera le plus durant toute la durée du festival. Signe d’un mec ultra cool et qui ne se prend pas la tête. La prestation ce soir-là m’aura réconcilié avec le groupe. Tout simplement excellent !

  Arrive le moment de la tête d’affiche : Satyricon. Le groupe donnera en cette soirée son premier concert ; l’autre aura lieu le lendemain. Afin de profiter de ce bel endroit qu’est l’Opéra de Bergen, on va se caler dans les fauteuils, une bière à la main, pour assister à la prestation du groupe qui se déroulera en contrebas. Le groupe entre en scène avec un Satyr affublé d’une veste blanche à patchs. Le son est tout simplement impeccable mais je trouve que ça ne décolle pas : il manque un je-ne-sais-quoi pour rentrer dans le show. Je commence à rentrer dans le concert au bout du cinquième titre, « The Wolfpack », mais ça retombe aussi sec au titre suivant. Je comprends à ce moment-là que le problème ne vient pas du groupe mais du fait d’être assis et de ne pas ressentir les vibrations du sol. Je décide donc de laisser mes amis pour aller dans la fosse. Et grand bien m’en a pris car à partir de là tout change : le son est beaucoup plus puissant et je me prends un « Nemesis Divina » à pleine balle dans la tronche. Ah, ça fait du bien ! Le moment fort du concert est l’interprétation du titre « Phoenix » par l’actrice norvégienne Heidi Rudd Ellingsen. Sa superbe voix émerveille l’auditoire éclipsant totalement les mouvements lascifs de la danseuse en arrière-scène. Elle recevra une véritable ovation à l’issue de sa prestation qui m’aura donné des frissons. Ce premier concert se terminera sur le classique « Mother North » dont la mélodie est reprise par la salle toute entière et qui me restera en tête jusqu’à mon retour en France. Un bon concert qui aurait pu être meilleur si j’avais bougé mes fesses de mon fauteuil un peu plus tôt. Il y aura une séance de rattrapage le lendemain.

  Nous zappons volontairement le concert de Aura Noir au Kulturhuset, n’étant pas de grands fans de la musique du groupe.

Samedi 3 août 2024

Dernière journée de festival. Comme les concerts ne débutent qu’à partir de 17h20, nous décidons de profiter de la matinée pour prendre le funiculaire afin d’admirer cette belle ville de Bergen depuis le Mont Fløyen. Nous en profitons pour faire une randonnée dans les bois où l’on peut croiser des chèvres en liberté.

Une fois redescendus, on se fait un dernier petit resto avant de rejoindre le Grieghallen.

C’est le groupe Vemod qui ouvre les hostilités avec un Black Metal pas désagréable mais pas transcendant non plus, une musique sans relief qui m’a laissé de marbre. J’ai eu la sensation de faire face à un groupe de Black de hipsters pour hipsters. Un moment vite oublié.

  Le concert suivant remet vite les pendules à l’heure car les Norvégiens de Vreid vont donner un superbe show retraçant une carrière riche de trente années dédiées au “sognametal”, nom donné par le groupe à leur Black Metal.

Trois décennies pour trois incarnations du groupe : Ulcus, Windir et Vreid. Le concert débute par un petit film où l’on voit plusieurs personnes porter un cercueil dans des paysages enneigés. Certainement un hommage à Valfar, chanteur de Windir, mort d’hypothermie dans la neige en 2004. En huit titres dont deux reprises de Windir (« Saknet » et « Journey to the End »), la messe est dite. Le groupe délivre une fantastique prestation éclairée de flammes et de projections sur écran. Totalement immersif et limite trop court. J’aurais bien pris trois, quatre titres supplémentaires.

  Après ce concert, il est temps de remettre le prix du meilleur tatouage réalisé sur place durant la durée du festival. Pour cela, un jury composé de quatre personnes dont Hoest et Ivar Bjørnson (Enslaved) va voir défiler les différents modèles et donner le verdict final.

  Retour dans la salle pour assister au deuxième concert de Satyricon. Cette fois-ci, je ne fais pas la même bêtise que la veille et me place directement dans la fosse. Satyr porte une veste noire qui colle parfaitement à la prestation de ce soir, plus nerveuse. La formation va nous servir une pluie de tubes (« Now, Diabolical », « Die By My Hand », The Pentagram Burns ») et un final sur l’indéboulonnable des setlists du groupe : « K.I.N.G ». Chose amusante, il est très drôle de voir Frank Bello (bassiste de Anthrax) sur scène avec une formation black metal, ce genre n’étant pas celui qu’il pratique habituellement avec son groupe régulier. Il est venu filer un coup de main à ses potes durant la tournée et il s’en sort plutôt bien.

  22h15, c’est l’heure d’un des moments, si ce n’est LE moment le plus attendu du festival : le concert tribute à Bathory. C’est un véritable défilé de guests venus ce soir pour rendre hommage à l’œuvre de Quorthon. Voici une liste non exhaustive des participants : Gaahl, Satyr, Erik Danielsson, Grutle Kjellson, Ivar Bjørnson, Faust, Blasphemer, Apollyon, Wraath, etc.

Un set uniquement axé sur la période black metal de Bathory à savoir, les albums Bathory (1984), The Return… (1985), Under The Sign Of The Black Mark (1987), Blood Fire Death (1988) et Hammerheart (1990), c’est-à-dire la substantifique moelle et ce qui aura influencé une majeure partie des ténors de la scène black metal actuelle.

Nous assistons donc à un concert rageur, fabuleusement exécuté par des musiciens totalement impliqués, et voulant rendre le meilleur des hommages à cet artiste iconique. La mise en son est juste impeccable et puissante. Il n’y a aucun temps mort et l’heure allouée à cette Dream Team du Black Metal défile à une vitesse folle. Une pluie d’étincelles tombe sur le devant de la scène dès la dernière note jouée. Il n’y aurait pas eu de meilleures manières de clôturer cette édition 2024 du Beyond The Gates. On ressort de là avec la sensation d’avoir assisté à un moment unique.

Il est temps de rentrer à l’appartement sous une pluie battante car demain matin, nous reprenons l’avion direction la Bretagne.

Clap de fin d’une magnifique semaine sur les terres scandinaves.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *