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Mon beau tapin…

  • par

Un playlist de Noël ?
Oui ! Mais foncièrement Extrême…

Réflexion par WvG

« Voici le temps d’être heureu-eux… Fa la la la laaa » chantonnait Mme Sheila Futterman, ajustant sa décoration de Noël, avant de se faire écrabouiller par un Caterpillar dans son salon, conduit par un Gremlin. Ahhhh… cette douce magie de Noël, nos santons de Provence décrépis dans la crèche, le vieux pervers qui fait sautiller les enfants sur ses genoux dans les supermarchés, un Saint Nicolas obèse et rouge cocaifié, et bien sûr, les cantiques de Noël ! Tino Rossi RPZ ! Enfin… pas vraiment, c’est davantage une tradition anglo-saxonne que bien franchouillarde. Faut dire que pour rester dans les clichés, c’est nettement plus bandant de voir un chœur de lutins entonner des mélodies joyeuses devant des porches de gentilles familles américaines bien sous tous rapports et vivant dans la sérénité apaisante d’un doux foyer chauffé à la cheminée et son feu de bois crépitant que de se balader aux Halles et entendre le vieux René et son accordéon, grelottant devant son bidon en flammes sur lequel crépitent deux-trois marrons, ressemblant davantage à un clodo sur le point de ne pas passer l’hiver (mais tant qu’il y a la baguette et le béret, aux yeux du monde occidental, c’est validé…)

La thématique du jour, mes gâtés de la Nativité, va être – vous vous en doutez – les chansons de Noël dans le Metal. Parce que, forcément, il fallait que les chevelus en soient, soit par atavisme, soit par dérision, soit parce qu’ils ont en leur sein cette culture et tradition qui leur tient à cœur par croyance ou appartenance à un milieu social dont c’est la coutume.

Commençons par les créatifs. Ceux qui prennent la tradition pour écrire leur propre chanson. Ceux qui y croient suffisamment, à cet « esprit de Noël » pour mettre leur créativité à son service… On a les groupes qui veulent aller dans le sens de la tradition, la respectant au premier degré, pour créer un cantique plein de bonnes intentions et de candy canes emballées dans du cuir et du fil barbelé… voire trempées dans de l’acide et du fiel. On va se secouer les boules de Noël et introduire la bûche dans le… sujet avec l’ironie et le cynisme (pseudo)punk d’un Blink 182 qui met déjà l’ambiance.

Phoebe Cates, qui interprète le rôle de Kate, la serveuse du bar de Kingston Falls (voir référence attachée en introduction), elle non plus n’aime pas Noël… Le groupe Fear pas davantage mais l’explique de façon bien plus courte et efficace.

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En effet, il y a d’abord ceux qui chient allègrement sur le concept et le détournent pour revenir à ce qui fait le Metal : Satan Claus. King Diamond, dans son imagerie, sait le faire… Bon, on a évidemment du mal à prendre son concept au sérieux, tout talentueux soit-il, mais quand tu fais ce type de choix esthétiques « trop daaaark », on a un peu du mal à t’imaginer à côté de Rodolphe vivant plutôt qu’en train de tourner sur une broche. Dans ce même level de streetcred, j’aurais aussi pu vous parler de « Christmas with the Devil » mais si je vous dis que c’est de Spinal Tap, vous allez me rétorquer que… « Ah ! »

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« Père Noël, t’es le seul ami des enfants, qu’ait toujours au moins trois grammes dans le sang… » Il y a aussi ceux qui tournent en dérision la tradition, en singeant les « classiques ». Cocorico, on en a chez nous ! Une référence quand il s’agit de parodier puisqu’il s’agi(ssai)t de leur fonds de commerce, Ultra Vomit, qui a justement vomi un court cantique, assez facile à mémoriser pour mieux proposer de l’entonner en famille devant un sapin recouvert de m… de guirlandes.

Et quand il s’agit de détourner des petits êtres de la joie en leur proposant de sucer un objet oblong, un tube de Noël en gros, je ne parle pas de pédophilie mais de l’anti-Papa Noël, le père fouettard en VF ou Krampus dans les autres cultures, sujet auquel s’est attaché Lacuna Coil dans « Naughty Christmas »

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Il y a aussi ceux qui restent dans leur état d’esprit inhérent au groupe, pour qui Noël est un jour de merde, comme tous les autres. Type O Negative, c’est pas franchement la représentation de la joie et l’image du sourire donc assez cohérent qu’ils pondent un cantique lugubre, « Red Water (Christmas Mourning) »

Type O Negative Memes

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Il y a également les enfants pas sages, qui détournent la pureté et l’innocence du moment pour y mettre des allusions salaces. Evidemment, AC/DC ayant déjà montré par le passé que la Rock’ n Roll attitude n’était pas l’apanage des glameux, il fallait bien qu’à un moment ou un autre ils secouent leurs grelots devant le nez du monde en proposant de culbuter la Mère Noël.

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Il y a enfin les chansons de Yule, qu’on chante en bande organisée. Oui, parce que Noël, c’est une fête commerciale et les TRVE ne fêtent pas Noël mais Yule. On ne va évidemment pas entrer dans un loooooong débat sur la récupération par le christianisme des fêtes païennes, usurpation elle-même officialisée dans le Christmas Carol classique « Deck the Hall » par le truchement de ces paroles « troll the ancient Yuletide Carol » … Ça, vous le ferez en famille pour troller (AKA « animer ») le putainement long repas de famille. Toujours est-il que les paganistes se devaient de rétablir la vérité et qui de mieux que les Vikings – donc Amon Amarth – pour replacer le cairn au centre du village et foutre le feu au sapin.

« V’la l’temps des fêtes, V’la l’temps des fêtes » entonnait François Pérusse pour les Deux minutes du Peuple. Il y a des traditions (et des baffes) qui se perdent parfois mais celle-ci à la peau dure… le cuir tanné, en somme. Vivent les vents divers, il a été dans l’air du temps de faire des albums de reprises de Christmas Carols, du Metal engagé en profondeur, quoi. Et si on peut attendre mieux de la part de darons du genre, on est quand même content de les entendre parfois dans d’autres registres, même si ça peut paraître hors sujet…

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Débutons cette seconde partie par ceux qui, dans un esprit de « grande famille », se rassemblent autour du sapin, respectant la coutume. On va donc retrouver une grosse dream team autour d’un chef de projet, les X-Men du X-Mas. Le sapin, c’est Bob Kulick, producteur qui a rameuté la « crème de la crème », comme on dit en anglais, de la scène Metal pour un album inégal mais plein de tubes et de noms très connus, intitulé We wish you a Metal X-Mas and a headbanging new Year.

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Et si certains se rassemblent pour diffuser la « magie de Noël », il y a aussi ceux qui la jouent solo comme Rob Halford et Tarja Turunen. Partis respectivement dans une carrière solo (sans pour autant faire oublier leur place dans des groupes mythiques, d’autant en rejouant en live les titres qui ont fait leur renommée), ils profitent de l’occasion des fêtes de fin d’année pour faire trembler leur glotte à vibrato sur des hits sortis des fins fonds des chaussettes sur la cheminée. 

Halford ne cachant pas sa confession, légitime qu’il métalise des « O come, Emmanuel » ou « Come ye all faithfull » sur Winter Songs.

Tarja quant à elle met l’accent sur l’ambiance nivale finlandaise sur From Spirits and Ghosts.

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Si Jésus est descendu parmi nous – mais qui est donc ce foutu chat et, surtout, comment le nourrissent ils ? – certains nous ont rejoints tardivement. Christopher Lee, LE Christopher Lee, celui qui a eu mille vies (contrairement à Bernard Tapie selon la vision de Jack Lang), a réalisé un rêve très lointain ; bien que chanteur lyrique de formation (une vie parmi d’autres), il n’a fini par atterrir dans le Metal que vers la fin de sa vie en prenant part aux opus de Rhapsody (of Fire ou pas) tout en état Sauron après avoir été Dracula (beaucoup de vies là aussi) pour proposer son album solo. 

De la musique heavy métal pour les chansons de Noël - Printf

C’est loin d’être génial mais touchant quoiqu’il en soit, eu égard à sa nonantaine d’années, dans son album solo mais aussi pour son interprétation métallique de classiques de saison dans son A Heavy Metal Christmas, EP dont il renouvellera l’expérience sur un volume 2 (avec « Jingle Hell ») et des Darkest Carols.

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Parmi les « pas sages », à vide, les glameux (dont on parlait plus haut) peuvent se montrer politiquement corrects, au point de te faire une faciale de chansons gentilles. Pour changer d’un « Petite pipe à Noël » que vous attendriez de leur part, Twisted Sisters, le look de pétasse peinturlurée au Ripolin fluo de Dee Snider, vous les imagineriez brailler des chansons de Noël sur tout un album ? Bah… maintenant, si, avec A Twisted Christmas, titre qui garde cependant un sous-entendu sale (comme quoi on ne se refait pas, contrairement au petit Jésus qui, version adulte, peut le faire en trois jours)

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Quand t’es chrétien, croyant et pratiquant et revendiqué – donc pas Metal dans l’imagerie stéréotypée –, il est logique qu’à un moment de ta carrière, par imitation des autres ou par prosélytisme, tu proposes un album de chants de Noël. C’est le cas avec August Burns Red qui growle son amour pour le ch’ti n’enfant entouré d’ânes et de bœufs dans Sleddin’ Hill.

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Pour finir, et parmi ceux qui reprennent des singles de Noël, je sens déjà poindre votre déception de ne pas voir figurer un « Last Christmas » de Wham version Metal dans cette liste… mais sachez que vous venez de le fredonner dans votre tête et avez déjà échoué à votre Whammageddon. Par contre, on va lancer un VRAI débat maintenant ! L’étrange Noël de Monsieur Jack… c’est un film d’Halloween ou de Noël ? Bonne chance à vous ! Toujours est-il que KoRn s’en fout mais propose une reprise d’un des thèmes de ce film avec « Kidnap the Sandy Claws ». Laaaa lala lalalaaaa…

« Viens m’voir à Los Angeles, on passera Noël en famille, on fera la fête ! » On a parlé précédemment d’imagerie et iconographie du Metal, fumisterie et hypocrisie dernièrement (ou bientôt selon la date de parution du prochain blabla) ; si là on est dans le plus pur des exemples du paraître et des paradoxes du Metal, je ne vois pas trop ce que c’est d’autre. Cependant, en prenant du recul, à défaut de kiffer le moment sous la neige dans un marché avec des couples américains qui se roulent des pelles (à neige, également) en décapitant un petit bonhomme pain d’épice, ça vous fera toujours une playlist sympa à vous mettre au coin de l’oreille, en n’oubliant pas que « tout ce que je veux pour Noël, c’est vous ! » MOUHAHAHAHAHA !!!

PS (au bas de ta lettre au Pornoël) : Ho ! Ho ! Hooo ! Un petit cadeau quand même pour occuper vos Airpods tout beaux tout neufs (et avec un fil maintenant pour ne plus les perdre… Airpods sans fils mais filaires, en somme).

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