Genre : Pagan Black Metal
Note : 80/100 (LB D)
Label : Svart Records
Sortie : 28 Février 2025
Après la sortie de quatre démos, trois EP et trois albums complets en cinq ans, il a donc fallu patienter un quinquennat supplémentaire avant que Havukruunu, dont le nom se traduit par « couronne de fer », ne dévoile son nouvel opus.
Jusqu’à ce jour, les Finlandais nous ont offert sur un plateau trois albums de grande qualité. Au fil des années, ils ont su rester fidèles à leur vision musicale initiale du Pagan Black Metal, avec cette particularité d’intégrer dans leurs compositions des riffs et des solos de guitares inspirés par le Heavy Metal des années 80.
Certes, ils ne sont pas les premiers à avoir eu cette idée, puisque les Suédois de Dissection ou les Norvégiens de Immortal, entre autres, l’avaient déjà réalisée par le passé.
Autre particularité, c’est l’incorporation systématique des chœurs vikings ou païens, selon vos préférences, au sein de leur musique. Cela confère à leur œuvre une identité unique et aisément reconnaissable, permettant ainsi à Havukruunu de se forger une véritable personnalité au cours de ces dernières années.
Pour commencer, parlons un peu de cette étrange petite intro qui me rappelle l’atmosphère d’un documentaire diffusé sur une chaîne de télévision finlandaise. Je suppose qu’elle fait allusion à la région du Tavastland, cette province historique située au sud-ouest de la Finlande et actuellement connue sous le nom de Häme. J’avoue, c’est un peu facile, mais étant donné ma méconnaissance totale du finnois, j’ai décidé d’y voir un lien direct avec le titre du nouvel album de Havukruunu, intitulé Tavastland.
Alors qu’en est-il de cette nouvelle offrande ?
La première écoute, et je dois bien l’admettre, m’avait laissé un peu dubitatif et j’éprouvais à ce moment-là l’envie de déclarer : « À l’ouest, rien de nouveau ». Ce n’est qu’après quelques jours de réflexion et plusieurs écoutes supplémentaires que mon premier jugement a commencé à évoluer. Peut-être que cela ne se remarque pas immédiatement, car on retrouve assurément dans ce premier titre, “Kuolematon laulunhenki”, tous les ingrédients qui ont contribué à la renommée des Finlandais. Les riffs saccadés et galopants, les chœurs masculins épiques à souhait et surtout des soli de guitares toujours très heavy. Une bonne rentrée en la matière quand même, somme toute assez classique, pour ceux et celles qui connaissent et apprécient les précédents albums ainsi que le son typiquement Havukruunien.
C’est très certainement sur ce “Yönsynty” que la différence se fait le plus sentir, l’atmosphère y est inhabituelle. Le titre est joué sur un mid tempo, relativement rare par le passé, et l’influence de Bathory se fait bigrement sentir, notamment celle de la trilogie Blood Fire Death, Hammerheart et Twilight of the gods. On notera également que les chœurs guerriers sont particulièrement marqués ici et se rapprochent de plus en plus de ceux de leurs compatriotes de Moonsorrow, ce qui constitue sans doute l’une des plus grandes surprises de l’album.
“Havukruunu ja talvenvarjo” démarre tambour battant grâce aux riffs tranchants et mélodiques de Henkka et Stefan. Les cavalcades guitaristiques de ce morceau témoignent de l’influence majeure que Iron Maiden a exercée sur toute une génération de musiciens. Il ne fait aucun doute que c’est le titre le plus mélodieux de l’album, mais en gardant toujours à l’esprit cette vision si particulière du Pagan Black Metal. À l’image des groupes comme les Allemands de Finsterforst, ils incorporent également des mélodies folkloriques tout en mettant principalement à profit des instruments aux sonorités métalliques.
C’est un cri de chouette qui inaugure “Tavastland”, cette chanson nous parle de l’imposition du christianisme dans cette région au XIIe siècle. Mais les Tavastiens qui, étant l’une des plus anciennes tribus de Finlande, et selon la légende, se sont rebellés en poussant les papes nus dans le froid glacial jusqu’à leur mort. Un titre captivant et audacieux, associé à des chœurs mémorables dont les mélodies nous inciteraient même à les chanter sous la douche.
“Kuoleman oma” se présente à nous avec une intro acoustique qui nous fait penser immédiatement au Néo Folk de Wardruna. Stefan, lui, se distingue par l’alternance de son chant, oscillant entre le rocailleux habituel et un chant plus ou moins clair. Cela est suivi de chants lyriques traditionnels qui annoncent une montée musicale à la fois puissante et intense, très largement soutenue par un déluge de notes digne de nos plus grands et glorieux guitaristes.
Havukruunu n’oublie pas de nous botter les fesses à nouveau en ce début de “Unissakävijä”, accentué par une batterie explosive de Kostiainen suscitant en nous l’envie d’affûter nos épées et nos haches avant de partir au combat. Ce titre pourrait être considéré comme le plus compatible avec l’esprit de Bathory, notamment grâce à l’introduction d’un synthé aux sonorités épiques. Ce morceau se termine une fois de plus, ce qui devient une habitude, par une chevauchée fantastique, où les parties heavy se sont intensifiées pour clore ce chapitre.
Pas grand chose à dire sur les deux derniers titres, à part qu’ils sont dans la parfaite lignée de ce que le groupe a produit jusqu’à ce jour. On notera tout de même que le titre de clôture représente la composition la plus longue jamais réalisée par les Finlandais depuis le début de leur carrière en 2007. La partie centrale de ces 10:52 min ne fait que confirmer mes premières observations. Havukruunu ressemble de plus en plus à Moonsorrow.
À l’instar des Russes de Grima, les Finlandais ont également quitté le cocon familial que représentait le label Naturmacht Productions pour intégrer une structure beaucoup plus grande : Svart Records. Nous aurions pu craindre le pire, étant donné que ce label n’est pas particulièrement reconnu dans le domaine du Black Metal. Évitons cependant de voir le mal partout, n’est-ce pas ? Les Finlandais n’apportent pas de changements majeurs dans leur musique, ils conservent une ligne directrice qui leur est propre. Cet album demeure cohérent et constant jusqu’à son terme, sans toutefois atteindre la qualité d’un « Kelle surut soi », que je considère comme le summum de leur discographie.
Havukruunu est resté fidèle à lui-même et poursuit sereinement son chemin, néanmoins, j’ai le sentiment qu’à un moment donné, il sera nécessaire de réfléchir à un renouvellement du style afin d’éviter la stagnation et de ne pas lasser le public.
Tracklist :
01 – Kuolematon Laulunhenki
02 – Yönsynty
03 – Havukruunu ja Talvenvarjo
04 – Tavastland
05 – Kuoleman Oma
06 – Unissakävijä
07 – Kun veri sekoittuu lumeen
08 – De Miseriis Fennorum
Line-up :
- Humö – Basse
- Stefan – Chant, guitare
- Kostajainen – Batterie
- Henkka – Guitare
Liens
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