Genre : Tribal Groove Metal
Note : 85/100 (WvG)
Label : Season of Mist
Sortie : 18 Juillet 2025
Je dois l’avouer : je n’ai pas choisi initialement de traiter de cet album pour raisons musicales ; uniquement parce qu’il y avait matière à caler des jeux de mots laids et, comme chacun le sait, la matière fait cale. J’ai déjà disserté sur pas mal de skeuds mais celui-là manquait sur mon CV. Et quelle meilleure occasion de vous dire qu’il manque Ül quelque part !
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Le titre énigmatique – « mystérieux » comme dirait le CM d’Allociné à tour de posts – de ce troisième album du groupe Mawiza ne l’est pas tant que ça quand on jette son oreille au texte, ou du moins son œil parce qu’à part si vous parlez les dialectes sud-américains (en l’occurrence le Mapunzungun, celui de la nation ancestrale – entendre par-là « bien, bien précolombienne » – Mapuche), peu de chances que vous en compreniez la teneur.
Musicalement métissé, mais pas d’Ibiza, Mawiza propose une interaction entre la binarité d’un Rammstein sur le morceau d’ouverture, le Progressif d’un Devin Townsend, le tout se fondant sur des syncopes et un son brut, mais en plus tribal, à la Gojira, ce qui n’est pas trop étonnant au vu des relations qui les lient que ce soit scéniquement (participation à diverses premières parties introduisant le groupe français) ou avec le featuring de Joe Duplantier sur le finale « Ti Inan Paw-Pawkan ». Certains me répondront que « c’est pas le Pérou » et, effectivement c’est le Chili d’où provient ce quatuor qui s’est inspiré de la mythologie et de l’animisme des tribus et civilisations d’Amérique du Sud pour cet album.
On retrouvera donc des allusions aux arbres, ceux de la forêt d’Araucanie, sur « Mamüll Reke », ainsi qu’aux animaux totems comme le cougar sur « Nawelkünuwnge » et le colibri sur « Pinhza Ñi Pewma » mais aussi au postcolombien car le Colomb a amené les colons et ces irritables en ont bien profité et le font encore, phénomène dénoncé du morceau d’ouverture « Wingkawnoam » (décoloniser) à « Ngulutu » (tempête venue de l’Ouest), la globalité des morceaux portant un regard très prononcé sur l’aspect écologique et spirituel puisque l’album s’achève sur un chant funéraire, le « dernier appel de la harpe » avec sa guimbarde lancinante, transcendante et omniprésente, s’évanouissant sur un delay suspendu comme un dernier souffle de l’âme [concept que l’on trouve dans une multitude de civilisations qui n’ont a priori aucun lien de connaissances géographiques voire aucun contact entre elles, comme la notion de « wakani » chez les Shuars d’Amazonie].
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Et comme tout ce qui émane du Chili, ça pète bien et fort ! Leur deuxième album, Kollong, de 2019 ayant déjà entamé son évolution textuelle vers ce langage des Mapuche, il leur a valu un Pulsar Award (soit un Grammy du Chili) et tout amateur de Gojira consentira à dire que ce Ül est en bonne voie pour obtenir une récompense similaire, grâce à un album équilibré tant dans la brutalité que les passages atmosphériques et planant. C’est bien écrit, bien réfléchi, bien produit, bien interprété et ça mérite d’être connu bien davantage.
Tracklist :
- Wingkawnoam
- Pinhza Ñi Pewma
- Ngulutu
- Nawelkünuwnge
- Mamüll Reke
- Wenu Weychan
- Lhan Antü
- Kalli Lhayay
- Ti Inan Paw-Pawkan
Lineup :
Awka – Lead Vocals & Rhythm Guitar
Karü – Lead Guitar & Backing Vocals
Zewü – Bass & Backing Vocals
Txalkan – Drums & Percussion
Guest(s) :
Fabiola Hidalgo (Liquen) – Vocals (« Wingkawnoam »)
Joe Duplantier (Gojira) – Vocals (« Ti Inan Paw-Pawkan »)
Liens :
https://www.youtube.com/channel/UChq-O6hnvAj9CJVAGvEcyDg
https://mawizakvlt.bandcamp.com/album/l
