DALP + Blød
Texte : Fred et Mémé Migou
Au Davarn’Breizh (Landerneau, 29)
Samedi 18 octobre 2025
Photos : Mémé Migou
Vidéos : Bruno Guézennec
Cela faisait un moment déjà que j’avais coché cette date du 18 octobre sur mon agenda ! Ce samedi d’automne qui efface petit à petit les derniers rayons du soleil, ce petit vent frais et cette pénombre qui va s’intensifier jusqu’à noircir cette soirée ! Car il est question de noirceur… [Fred]
– … Une noirceur dans la musique et dans les émotions que celle-ci va aller triturer. Et tu sais quoi, Fred ? Ça fait un bien fou ! Patauger dans les remugles de la peur, du dégoût, de la tristesse, voire du désespoir, même si parfois il se mâtine d’une fine jointure d’or en guise de Kintsugi… Les brisures deviennent beauté… [Mémé]
C’est tout joyeux que je descends à pieds vers l’antre de la musique extrême de Landerneau, à deux pas de l’église dont les vitraux sont éclairés (j’aime imaginer que ce soit pour l’occasion), situé rue des Boucheries : le DAVARN’BREIZH. [Fred]

– … Attends, Fred, Mémé arrive avec les copains de Memento Mori Webzine. On n’allait pas rater une occasion de venir chez Camille et Gaëlle, tout de même ! Au passage, j’en profite pour faire de la pub pour le pub qui organise une date de Black Metal le jour de la fête des enfants (oups, mon côté « madeleine de Proust » belge qui ressort avec la Saint Nicolas) le 6 décembre prochain !) [Mémé]
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Deux pointures du « Sludge/doom » sont programmées, les bordelais de Blød et les franciliens de Demande à la Poussière. Rien que ça !
Affiche et style inédits dans les parages, alors c’est sans surprise que je retrouve Bruno (vidéo, youtube, …), Mémé Migou (photos/ MMW) et Didier (spécialiste du Black Metal), déjà affairés à descendre une bière et échangeant des anecdotes, des rires et la bonne humeur de leurs derniers concerts. Je me joins rapidement au groupe… [Fred]
– … Encore heureux que tu te joignes à nous, Fred, c’est ainsi que j’ai pu te recruter pour ce live report… A force de se côtoyer en concerts, on finit par se connaître, ou du moins se reconnaître, façon « t’étais pas au Destrock Fest, toi ?! Ah oui, il me semblait bien t’avoir déjà vu ! ».[Mémé]

… Et je ne sais pas… D’un coup l’atmosphère jusqu’à présent joviale disparaît en laissant la place à une drôle de sensation. Les lumières se tamisent, une fumée envahit la salle, des samples se font entendre, les guitares d’Ulrich et Astaroth commencent à pleurer leur douleur. Anna se présente devant son micro dressé sur un pied composé d’ossements, de têtes réduites et autres grigris qu’elle seule sait d’où ils viennent…

Je ne sais pas si les 50 âmes venues à cette drôle de messe offerte par Blød s’attendaient à ce qu’elles allaient vivre ce soir-là… Alternant voix claire et criée, Anna se fait rââââle qui sort des tripes et te prend à la gorge sans sommation. Ses deux acolytes ne tarissent pas leurs efforts à grands coups de 6 cordes pour l’accompagner dans cette atmosphère lourde, suintante, oppressante, poisseuse…
Je me surprends à sourire et à bouger sur place tellement j’aime ça. Suis-je normal ? Ah Ah… [Fred]

– Aimer la douleur, la chérir pour la transcender, la rendre presque inaccessible de beauté, et s’en délecter, c’est être a-normal, loin de toutes ces personnes qui vont justement chercher à mettre un couvercle sur les émotions pour ne pas trop se faire mal. Mais qu’est-ce qu’on est vivant, justement, quand on y fait face… Je dirais même plutôt supra-normal. Bien que la normalité soit à l’aune de la majorité et là… clairement, nous étions tous dedans ! Alors, au final, nous n’étions qu’entre normaux, dans une bulle d’a-normalité… Vous avez 2h pour développer le sujet de philo…[Mémé]









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Pause… Reprise des esprits… [Fred]
– Oui, ce n’est pas simple de redescendre les pieds sur terre quand on a plané si fort… Et si vous voulez poursuivre un peu dans l’aventure Blød, n’hésitez pas à relire la chronique de leur album par Gévaudan : https://www.memento-mori-webzine.fr/2024/06/21/blod-mara/ . Et sinon, une p’tite bière ? Faut aussi penser à faire vivre le commerce de Camille, qui nous manque en tant que photographe … Mais ça, c’est une autre histoire.[Mémé]

Reprise des esprits pour tout le monde ? L’exorciste se faisant toujours attendre, c’est une autre possédée qui s’empare de la scène et à son regard, tu sais que le second pied-bouche arrive. Sommes-nous prêts ? [Fred]
– Oui.. oui… oui… Mémé est prête ! Elle l’attendait, cette date. Revoir DALP en concert, c’est un kif… Mais voilà, entre temps, y a eu un peu de changements et j’appréhende un tantinet. Le hurleur en chef n’est plus Simon et c’est une voix féminine qui vient prendre le relais le temps de la tournée… Je ne cache pas que c’est un gros virage et j’attends de voir, l’esprit peut-être un peu critique… Wait and see, Mémé ! [Mémé]

Demande à la Poussière présente leur nouvelle Front-Woman et nous balance directement un gros son. Kali n’attend pas et vomit sa rage et son désespoir en pleine tête, accompagnée de lumières stroboscopiques et toujours cette fumée envahissante, nourrie de décibels acérés et mordants. Une transmission d’émotions tordues et pleines de douleurs, le fil du micro enroulé autour du cou, on agonise avec notre écorchée vive ! Ses yeux sont habités, elle est en transe… Et ce moment hallucinant où elle a chanté avec le micro sur la gorge !

40 minutes de rage plus loin, un moment de béatitude et son regard reprend vie… Et un léger sourire illumine son visage en sueur, les cheveux en bataille – qu’elle a gagnée, d’ailleurs – on sent qu’elle a pris un gros shoot d’adrénaline et nous, un ultime uppercut. Des frissons ! [Fred]

– Tu as très bien résumé, Fred. Pour les connaisseurs du groupe, c’était la nouveauté du jour, que ce changement de line up. Pour les autres, peu importe, au final, c’est la musique qui prime. Et les 4 du line up que j’avais précédemment vus en concert nous ont offert un set qui alliait à la fois le plaisir d’être sur scène – qui se voyait dans la lourdeur qu’ils se sont appliqués à nous balancer – et la brutalité massive d’un mur de son compact, étouffant, englobant comme un fog qui envahit la Tamise. On se noie dans cette vague sonore, mais on s’y noie avec délectation. Vous savez, la jouissance du choking… Merci messieurs, Merci messieurs-dame, Merci le groupe… Car, bon, il me faut aussi revenir sur la prestation de Kali. Peu de répets, un poste de session, c’est pas simple… Et pourtant, j’y ai vu un groupe en osmose totale. On sent que le CDD va vite se transformer en CDI… Même si j’aurais aimé un peu plus de variations dans la voix, nul doute qu’avec le temps et en prenant ses marques plus intensément, on aura un groupe qui avancera dans une même direction en creusant encore un peu plus leur sillon dans la route poussiéreuse – et boueuse – du Doom/Sludge. D’ailleurs, quelques échanges avec Edgard Chevallier me mettent l’eau à la bouche. Moins de post (j’ai peut-être mal compris… désolée si ce n’est pas la teneur des propos), plus de sludge et de violence brute. Ça me va très bien, ça ! En fin de compte, c’est un groupe uni que j’ai pu voir, ce soir-là. Il s’est vraiment passé quelque chose…Et si tu veux relire la chro que j’ai pu écrire sur leur dernier album, c’est par ici : https://www.memento-mori-webzine.fr/2024/04/28/demande-a-la-poussiere-kintsugi/ [Mémé]











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Ces 2 sets étaient d’une très grande qualité, malgré quelques « problèmes » de son parfois… [Fred]
– C’est vrai que la voix était plus audible sur le baffle à l’opposé de là où nous nous tenions… Il fallait parfois tendre l’oreille pour entendre le chant… Ou se bouger… [Mémé]
Les émotions étaient partagées, entre le public et les groupes. Ces dames avaient un compte à régler avec qui ? Sûrement pas avec Camille, qui portait son t-shirt « More Women on stage »… Le malin ! Avait-il peur de finir sur le pied de micro ?
Après cette tornade de fureur, pas sûr qu’il reste de la poussière sur le sol du Davarn’Breizh… demande à Camille ! [Fred]
– Camille a très bien fait de booker cette date. Comme tu as pu le dire en début de report, Fred, ce genre d’affiche est assez rare dans le coin. On ne peut que le remercier d’avoir osé. Et remercier Blød comme DALP d’avoir fait le déplacement jusqu’au fin fond des Terres Bretonnes, le Finistère. On en ressort avec un cœur gros d’avoir malaxé des sensations, des sentiments, des ressentis. On en ressort avec le cœur gros que ce soit déjà fini. On a passé une soirée hors du commun… Qui a pu se terminer sur les bougies du gâteau d’anniversaire amené par Gaëlle et soufflées par Kali. [Mémé]

