Avec cette pochette inspirée d’un film de série Z et digne d’un album de doom occulte d’obédience wizardienne, on pourrait bien se demander ce qui nous attend.
Dans les faits Devil Moon nous vient de Finlande et pratique un black metal très rock, habité par toutes sortes de déviances musicales ou extra musicales (tueur en série suçant le sang de ses victimes, colporteurs de membres humains, un peu de sexe et bien sur le diable à tous les coins de rue).
En bref, amis du bon goût et d’un black metal cérébral, passez vite votre chemin : Devil Moon s’annonce juste comme un petit bonheur de black finlandais hissant l’étrange, le kitch et le mauvais goût au rang d’art.
Mais poursuivons les présentations. Devil Moon est un duo. A la batterie on trouve un certain Lord Ishii (Un lien avec Shiro Ishii, général japonais, membre de l’unité 731 et responsable du programme sur les armes bactériologiques pendant la guerre sino – japonaise ?), l’ensemble des cordes et du chant est assuré par Mutant Sex Demon dont le pseudonyme est suffisamment éloquent pour se passer de tout commentaire supplémentaire.
Le groupe n’en est pas à son premier méfait avec un split en 2021 et un EP éponyme en 2022. Par ailleurs les musiciens ont trempé dans d’autres projets, particulièrement Mutant Sex Demon dont on retrouve la présence dans moult projets underground black ou death.
En guise d’introduction, le groupe ressuscite Peter Kürten, tueur en série surnommé le vampire de Düsseldorf. Mais c’est avec « Graverobber’s Hymn » que Devil Moon entame plus franchement les hostilités avec un morceau furieusement black, rock et mélodique. Une inclinaison qui se confirme sur « Spike the Dyke » avec des leads psychédéliques renforcés par quelques lignes de clavier et une batterie bien speed. Un morceau de fou furieux dont l’ambiance n’est pas sans évoquer quelques-uns des méfaits de Förgjord, autre formation finlandaise des plus recommandables.
Un peu plus loin sur « S.D.Y.G », le duo confirme son inclinaison pour les sonorités psychés en allant piocher dans un registre musical évoquant les seventies. Rassurez-vous la voix vient vite nous rappeler à quoi on a affaire.
Pied au plancher, Devil Moon enchaîne ses brûlots black’n roll comme on enquillerait des verres de tord boyaux dans un coupe-gorge où s’ébrouerait une call girl d’un autre âge. Les morceaux éponymes (entendez de l’album et du groupe) brillent par leurs mélodies accrocheuses, avec un petit côté NWOBHM pas désagréable. Le rythme est ravageur, sans parler des refrains sans chichi.
Devil Moon ayant plus d’une corde à son arc et à sa guitare, il s’essaie aussi au mid tempo avec le plus heavy « Wig-Splitter », bien lui en prend car cela fonctionne également. Bon c’est sur une sorte d’outro presque frustrante que se conclut l’album au bout d’une grosse vingtaine de minutes. Dommage, on en aurait bien pris deux trois autres de plus pour la route.
Sans mauvais jeu de mots, « Fucked by the Devil », est un album bien troussé et qui a l’heureux avantage de sortir de l’ordinaire. Le son déplaira probablement aux plus mélomanes (ça leur fera le cul) mais correspond très bien aux ambiances recherchées : un peu crado tout en mettant l’accent sur la mélodie et le côté cinglé du chant. Sorti en indépendant sur Bandcamp, il semblerait que Signal Rex se penche sur l’édition de ce brûlot, ce ne serait que justice pour cet opus qui a su attirer toute ma sympathie (for the Devil bien entendu).
Tracklist :
1. Resurrection of Peter Kürten
2. Graverobber’s Hymn
3. Spike the Dyke
4. Black Tomb Necrofungus
5. Fucked by the Devil
6. S.D.Y.G
7. Wig-splitter
8. Devil Moon
9. Death Spirit
Line-up : Lord Ishii – Batterie / Mutant Sex Demon – Chant, basse, guitares.
Lien : https://devilmoon.bandcamp.com/album/fucked-by-the-devil