Forest Fest Open Air XII – 12 et 13 juillet 2024
Texte : Seblack
Chevenez (Suisse).
Première journée : 12 juillet 2024.
Photographies : Seblack & Emi
En ce mois de juillet, difficile d’éviter les discussions sur la météo, les élections, les jeux olympiques, sans compter les interminables péroraisons sur les évolutions du Hellfest…Afin d’essayer d’échapper et de déconnecter de tout cela direction, le Jura Suisse, téléphone en mode avion histoire que la coupure soit nette (moins coûteuse aussi) et arrivée sur le site de la cabane forestière à Chevenez où va se tenir la douzième édition du Forest Forest.
Ce festival on ne le présente plus aux amateurs et amatrices de black metal qui d’ailleurs ne s’y sont pas trompés, l’événement étant sold out. Il faut dire que l’affiche était particulièrement irrésistible, comme très souvent.
Bon à la vue des sombres nuages qui pointent leur nez, il semblerait quand même que le sujet de la météo risque de se rappeler à notre bon souvenir. Mais pas le reste.
Niché sur une hauteur au milieu des pâtures et des bois, le cadre est idyllique et idéal, les aménagements sont suffisants et tout est à portée de main. Certains trouveront peut-être cela un peu roots mais pour deux journées c’est largement assez.
14h, place au trio français Old Black qui ouvre donc les hostilités de cette première journée. Résolument old school, le groupe propose un black qui carbure au thrash et au rock. Les premières nuques se secouent. L’assistance est encore un peu clairsemée au début mais se masse rapidement devant la scène et apprécie le concert à sa juste valeur malgré la pluie qui commence à forcir. Au milieu de ses compositions nerveuses, Old Black se fend aussi de la reprise du classique Orgasmatron de Motörhead. Une entame des plus black’n’ roll avec un son de qualité qui sera la marque de fabrique du festival durant les deux jours.

Place à Sépulcre, formation rennaise, qui constituera une des rares incursions de l’affiche dans le death metal. Ni vu ni écouté jusque là, le set du quatuor s’avère être une bonne surprise. Alternant des passages hyper lourds et des accélérations ravageuses, Sépulcre a franchement livré un set à l’énergie communicative. Beaucoup ne s’y sont pas trompés à grands renforts de headbanging et en saluant chaleureusement le groupe.

L’heure de la doublette black québécoise sonne enfin. Oui Ossuaire et Délétère sont deux formations que j’attendais impatiemment, ne les ayant jamais croisées en concert jusque là (comme beaucoup de groupes à l’affiche d’ailleurs). Leur prestation constitue la dernière date d’une tournée commune, et que dire si ce n’est que c’était excellent. Là encore le son était puissant et très bon, permettant de bien distinguer les instruments et de reconnaître les morceaux. Ossuaire a donné un concert tout en contraste mené par son chanteur Hérésiarque qui n’en fait ni trop ni pas assez, mais juste ce qu’il faut pour emmener le public dans les sombres univers du groupe, ce malgré ce qui constituera une des rares éclaircies de cette première journée. Les titres joués piochent un peu dans tous les disques du groupe, à l’exception du dernier EP datant de 2021. Très bon.
Setlist : Premiers Chants / Hostis Antiquus / La Flamme Noire de Ge'henom / À l'ombre du Très-Haut / Céphalophores/ Satan Triomphe Sur Les Idoles De Rome.

Le constat est tout aussi positif pour Délétère. Plus encore, le chanteur est impressionnant autant physiquement que par l’énergie déployée sur scène. Hyper agressif quand le groupe joue, il sait se montrer affable avec le public. Cela ne doit bien évidemment pas cacher la performance des autres musiciens qui ont délivré une prestation impeccable de justesse. Pas mal de titres tirés du dernier album en date (quatre me semble t-il) ce qui fait encore un peu plus rager sur le fait que celui-ci soit en rupture, le groupe ayant déjà tout vendu sur les dates précédentes. Pour autant, Délétère a aussi pioché dans une bonne partie de sa discographie. Un excellent concert en tout cas !
Setlist : Chasse obscène / Sacre de la perversion / Seule affamée / Milites Pestilentiae III Babylonia Magnessima / Portepeste / Le labour des chairs / Foutredieu / Cantus III - Ichthus Os Tremoris / La nuit souillée.

Avec Black Altar l’ambiance se fait résolument plus occulte : autel disposé sur le devant de la scène, masques, capuches et paint corpse sont de mise pour ce concert aux allures de messe noire. Cela fait son petit effet au début, mais assez vite je me suis lassé. Je dois avouer ne pas être un très bon client pour ce type de prestation, ce qui n’enlève rien aux qualités évidentes du groupe.

Alors que le temps commence, cette fois, a véritablement se gâter, les membres de Naðra prennent place sur la scène. Le groupe islandais est une des curiosités de l’affiche avec son unique album “Allir Vegir Til Glötunar” remontant à 2016 ! Mais le combo partage une grosse partie de son line up avec Misþyrming, une des têtes d’affiche de la journée. L’occasion a donc fait le larron et on ne va pas s’en plaindre : d’une part, car il n’est pas courant de croiser ce groupe et d’autre part parce que le concert délivré fut des plus intenses. Là encore le chanteur, torse nu et peinturluré de noir a assuré plus souvent qu’à son tour (voire un peu trop ?) son rôle de figure de proue. Mais derrière, quelle intensité aussi entre les lignes complexes de guitares et poutrage rythmique. Petite mention spéciale au bassiste Gústaf Evensen dont le jeu est éblouissant tout comme sa présence scénique. Naðra a acquis une bonne partie de la foule de ce Forest Fest, ce alors que les éléments commençaient à se déchaîner.

Cette fois, le ciel s’est véritablement déchiré, déversant un véritable déluge sur la cabane forestière de Chevenez. Pourtant un autre moment très attendu arrive avec le concert de Omegaeternum qui est le nouveau projet musical de Sorghal de feu Nehëmah. Pour ce faire il est entouré de Öberkommander666 à la basse (Les Chants de Nihil entre autres), de Arawn à la guitare et Sistre à la batterie. Malgré les conditions dantesques, le groupe et une bonne partie du public ont tenu bon. Disons le, ça fait quand même un petit quelque chose de revoir Sorghal sur scène, ce paint corpse immédiatement identifiable et bien sûr d’écouter la nouvelle musique de ce projet. Dans Un juste équilibre entre passé et présent, les futurs titres de l’album de Omegaeternum s’annoncent excellents. Malgré la météo exécrable, le son est resté de nouveau parfait. La prestation du groupe l’a été aussi et restera comme un de ces moments inoubliables et espérons le fondateur d’une nouvelle légende. Il n’y a plus qu’à patienter en attendant que l’album sorte dans quelques semaines chez Van Records.

La pluie torrentielle n’a hélas pas faibli quand les vétérans du black belge Ancient Rites prennent place. Je dois avouer n’avoir suivi le concert que de loin, mon appareil photo commençant à subir les affres de l’humidité ambiante (moi aussi ceci dit…). Remplaçant au pied levé le Ofermod, initialement prévu à l’affiche, le groupe a assuré le show plus d’une heure durant dans des conditions climatiques toujours aussi difficiles. Là encore, le son est resté globalement très bon pour un set qui ne l’était pas moins. Seul petit bémol, l’intégration des samples qui faisait un peu étrange, de loin. Mais c’est aussi un des charmes de ce black metal estampillé du sceau des années 90. Chapeau bas aux membres de Ancient Rites en particulier au chanteur Gunther Theys inusable et jamais avare en remerciements à un public de fidèles qui le lui a chaleureusement bien rendu.

Dernier groupe de cette première journée, les Islandais de Misþyrming. Là encore, il y avait beaucoup d’attente à enfin voir ce groupe qu’on a pas forcément l’occasion de croiser souvent dans nos contrées. Bon, au risque de me répéter, le concert a été énorme en termes d’intensité. Piochant dans l’ensemble de ses trois albums, le groupe de l’île de glace a livré un concert volcanique. Entre dissonances et harmoniques ravageuses, Misþyrming ne m’a absolument pas déçu et a retourné une bonne partie du public du Forest Fest, concluant ainsi cette première journée sur une note très haute. Outre un son réussi, on relèvera aussi un light show adapté aux ambiances musicales du groupe. En bref musicalement et visuellement parfait.

Voilà clap de fin sur cette première journée qui s’est déroulée à la perfection malgré des conditions climatiques parfois très compliquées. Un grand moment tant en termes de programmation musicale que d’organisation. Cette journée promettait beaucoup, elle a donné encore plus qu’attendu.
Galerie Old Black






Galerie Sépulcre











Galerie Ossuaire














Galerie Deletere


















Galerie Black Altar









Galerie Naðra

















Galerie Omegaeternum









Galerie Ancient Rites




Galerie Misþyrming












