Les eaux des cieux ont beau eu continuer à se déverser une bonne partie de la nuit, elles ont échoué à faire fuir les hordes noires venues assister à cette douzième édition du Forest Fest. En cette fin de matinée c’est donc sous un franc soleil que s’ouvre cette seconde journée de concerts.
Ce sont les Suisses de Causam qui entament les hostilités dans un decorum d’ossements et des lights qui lui confèrent un petit côté pagan. Ne connaissant pas le groupe je ne peux juger du rendu scénique par rapport aux albums déjà sortis mais j’ai fortement apprécié le côté mélodique et le riffing de ce groupe. Le set est passé très vite et m’a donné envie de pousser la curiosité un peu plus loin concernant cette formation.
Ce fut un peu moins le cas pour Boötes Void qui m’a laissé un sentiment un peu similaire à celui de Black Altar la veille : l’imagerie est élaboré, le groupe appliqué mais je n’ai pas eu une grosse accroche sur la musique qui m’a semblé un peu générique sans pour autant être mauvaise. J’ai rapidement perdu le fil d’autant que j’étais quelque peu accaparé par des soucis techniques, mon appareil étant en mode “séchage et désembuage” après le déluge de la veille.
Un souci que j’ai traîné lors du set très attendu des Nantais Lunar Tombfields qui a livré une parfaite interprétation de son black metal atmosphérique et épique. J’avais pu dire tout le bien que je pensais de leur dernier opus « An Arrow to the Sky« , le rendu en live a été tout bonnement excellent avec un son aux petits oignons et une interprétation très convaincante. Le seul petit bémol résidait peut-être dans les passages parlés pas très compréhensibles mais cela mis à part ce fut une belle claque. Peu de photos à proposer pour ce set hélas.
La pause déjeuner rapidement expédiée, il était temps de prendre place pour un autre concert très attendu : celui de la formation suisse Malphas. Là encore, rien à redire : un très bon concert servi par un son puissant et parfaitement lisible qui a mis en exergue le riffing assez ravageur de ce groupe suisse qui gagne à être connu. Là encore peu de photos potables à proposer malheureusement.
Tel ne sera pas le cas pour les compatriotes auvergnats de Aorlhac qui investissent la scène du Forest Fest sur une petite intro suivie du premier morceau “La Révolte des Tuchins”. La setlist est la même (me semble-t-il) que celle proposée lors du Ladlo in Paris quelques semaines auparavant. Doté depuis peu d’un nouveau guitariste et d’un nouveau batteur, le groupe m’a semblé plus en place et surtout a bénéficié d’un son de bien meilleure qualité. Spellbound et ses sbires sont en pleine forme et l’osmose avec le public prend rapidement. Aorlhac puise principalement des titres de ses deux derniers albums mais propose aussi un titre plus ancien avec l’excellent “Le Bûcher des Cathares”. Un très bon concert en tout point.
Ce sont des atmosphères plus occultes qui se préparent à la montée sur scène des canadiens de Gevurah. Comme le groupe en a l’habitude, le set débute par un rituel des deux guitaristes, dos tournés au public. L’atmosphère est enfumée d’encens, les musiciens sont couverts d’éclaboussures de sang et prêts à en découdre malgré la lumière du jour qui n’est peut-être la plus appropriée pour la musique sombre du groupe. Peu importe, Gevurah a délivré un set tout bonnement incroyable dégageant une puissance ravageuse. Une fois de plus le son était remarquable d’équilibre et a permis au groupe de développer pleinement sa musique. Personnellement, ce set figurera incontestablement comme l’une des très grosses claques reçues durant ce Forest Fest qui il faut l’avouer a évolué dans une moyenne très élevée.
Quelque peu rincé par deux sets de haute volée, il va pourtant falloir continuer à s’accrocher car sans trêve les groupes de qualité se succèdent. : place cette fois aux français de Necrowretch. Plutôt estampillé death metal, le groupe a accentué sur son dernier album en date “Swords of Dajjal” (chroniqué ici) des éléments black plus marqués qu’auparavant. Le résultat sur scène est impitoyable et c’est avec une impression de facilité déconcertante que le groupe déverse sa violence sur un public attentif mais peut-être un peu attentiste pour le coup. Un concert chirurgical autant que magistral.
Pas le temps de se remettre que l’heure de Merrimack sonne déjà. L’album “Of Grace and Gravity” sorti dernièrement chez Season of Mist ayant constitué une des très bonnes surprises de cette première partie d’année , j’avais hâte de revoir le groupe français. Puissant, mélodique et malsain à la fois, Merrimack a délivré un set black metal comme je les aime : précis, énergique, malsain et mené par un Vestal charismatique et hypnotique en diable.
La mise en place des Suisses de Dark Space prenant un peu plus de temps que prévu va permettre de souffler un peu. N’ayant pas été particulièrement conquis par leur dernier opus sorti en février dernier, Dark Space constituait à la fois une curiosité (je ne les avais jamais vu en concert) et un gros un point d’interrogation. La préparation du groupe quelque peu longuette mais peut-être dû à des soucis techniques aurait pu être interprétée comme le signe qu’il fallait faire l’impasse. C’eut été fort dommage tant la performance fut totalement immersive. Parfaitement alignés, coiffures, painted corpse et costume tirés à quatre épingle, les membres dégageaient déjà une partie de la froideur de leur musique. Un côté glaçant et une certaine grandeur qui se retrouvera dans une position sur scène certes statique mais où chaque geste, chaque regard semble prendre sens avec l’univers musical si particulier de Dark Space. Dans les faits, le set se révèle hypnotique et totalement prenant. Le temps est passé tellement vite… Un excellent black trip.
Pour remettre définitivement les pieds sur terre il fallait bien l’énergie bestiale des Norvégiens de Whoredom Rife. Le dernier album en date “Den Vrede Makt” m’a laissé un sentiment mitigé : très pro, massif mais manquant un peu d’accroche à mon goût. A l’issue de ce concert le constat est un peu similaire. Dans l’absolu Whoredom Rife a littéralement écrasé l’assistance par la puissance de sa musique. Toutefois j’ai eu de la peine à distinguer les morceaux tant le son était peut être trop écrasant justement (il est vrai que je n’étais pas très bien placé non plus). Là où en revanche les Norvégiens ont marqué des points c’est en terme de présence scénique : le groupe n’a ménagé aucun effort, particulièrement le chanteur, véritable colosse dont l’exercice favori a été d’aller au contact du public un pied sur scène et l’autre sur les crash barrières. Ces dernières ont ployé comme jamais durant ce Forest Fest qui s’est donc clos sur un monumentale dérouillée.
Voilà, ce Forest Fest, douzième édition du nom, est fini et pour être franc on en aurait bien repris encore un peu. A l’heure où les festivals metal plus grands ou plus généralistes me cassent de plus en plus les pieds pour ne pas dire autre chose, cet événement m’a totalement conquis par son cadre, son organisation, sa taille et bien sûr par la qualité de son affiche. Je l’ai dit à de multiples reprises mais le très gros point positif fut le son avec ce parti pris sur la qualité. Oui, il y en a marre de ces fest ou de ces salles qui proposent un son démesurément fort et… dégueulasse. L’ingé son du Forest n’est pas de ceux-là et il faut vraiment saluer son travail au service des groupes et des spectateurs. Mille merci pour la musique. La même remarque vaudrait d’ailleurs pour les lights qui étaient, elles aussi, fort réussies.
Rien à redire aussi sur l’organisation avec des bénévoles bienveillants, accueillants et une bonne anticipation des aléas climatiques, le devant de la scène ayant été recouvert de copeaux de bois évitant la transformation de celui-ci en champ de boue. Le mauvais temps du premier jour n’a pas dû être sans son lot de galères pour l’équipe du Forest Fest mais à aucun moment cela ne s’est répercuté sur le bon déroulement de l’événement : bravo à eux!
Une nouvelle fois la Horde Séquane avait concocté une bien belle affiche misant à la fois sur la proximité et l’international. Plus encore, ce fut l’occasion de croiser des groupes qu’il n’est pas toujours facile de voir. Entre la triplette québécoise Ossuaire, Délétère, Gevurah, le doublé islandais Naðra et Misþyrming, les Norvégiens de Whoredom Rife, le nouveau projet de Sorghal et une brochette de groupes moins connus à découvrir…franchement il y avait là une très large palette à même de satisfaire le public de connaisseurs qui est celui du Forest Fest.
Un grand merci donc à l’ensemble de l’équipe de la Horde Séquane qui parvient année après année à créer un événement à taille humaine et d’une rare qualité. Merci à toutes celles et ceux qui ont contribué à cette réussite derrières les stands de merch, le bar, la partie restauration, sur scène ou à côté. Et à l’année prochaine! Voire avant puisqu’un autre événement se prépare d’ici là…